« Les origines païennes de l'Islam » : différence entre les versions
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[[File:Pre-Islamic Basmala in South Arabian Script.jpg|thumb|Une basmala préislamique découverte au Yémen en 2018 et écrite en alphabet sud-arabique. De droite à gauche, la ligne supérieure se lit "bsmlh rḥmn rḥmn rb smwt", interprétée par Ahmad al-Jallad comme "Au nom d’Allāh, le Raḥmān, aie pitié de nous, ô seigneur des cieux" (le second rḥmn étant interprété comme rḥm-n)<ref>Ahmad al-Jallad [https://www.academia.edu/43388891 (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance], pp. 3, 6</ref>|alt=|296x296px]]Cet article traite de la religion [[monothéisme|monothéiste]] de l’[[Islam]] et de son héritage arabe préislamique. Alors que le Coran a été composé dans un dialogue étendu avec la théologie et les [[Parallels Between the Qur'an and Late Antique Judeo-Christian Literature|légendes judéo-chrétiennes de l’Antiquité tardive]], l’héritage de son environnement plus immédiat perdure aujourd’hui à travers les noms, les rituels et certaines croyances spécifiques. | |||
==Histoire du nom Allah et de la Basmala== | |||
*Le Livre des Idoles* de Hisham ibn al-Kalbi (mort en 819 EC) est une série de récits populaires lointains décrivant l’idolâtrie manifeste des Arabes préislamiques, avec un récit global affirmant que cela prit fin avec l’avènement de l’Islam. La recherche académique contemporaine reconnaît qu’il s’agit là d’un récit erroné, visant à créer un contraste plus net entre la période juste avant l’Islam et l’Islam lui-même.<ref>Voir l’introduction du chapitre en accès libre : Ahmad Al-Jallad (2022), [https://www.academia.edu/45498003/Al_Jallad_Pre_Print_Draft_The_Religion_and_Rituals_of_the_Nomads_of_Pre_Islamic_Arabia_A_Reconstruction_based_on_the_Safaitic_Inscriptions The Religion and Rituals of the Nomads of Pre-Islamic Arabia: A Reconstruction based on the Safaitic Inscriptions] in (ed. Zhi Chen et al.), Ancient Languages and Civilizations, Volume: 1, Leiden: Brill</ref><ref>Patricia Crone' [https://www.ias.edu/sites/default/files/hs/Crone_Articles/Crone_Quranic_Deities.pdf The Religion of the Quranic Pagans: God and the Lesser Deities], Arabica 57 (2010) p. 171 ff.</ref> Notre compréhension du paysage religieux dans l’Arabie préislamique est transformée au XXIe siècle par l’étude des preuves épigraphiques (inscriptions sur pierres, art rupestre et leur contexte archéologique), complétée par une étude attentive des preuves internes du Coran et des premières sources islamiques, indépendamment des œuvres historiographiques ultérieures. | |||
À partir du IVe siècle EC, lorsque Himyar commence à adopter le judaïsme, les divinités païennes disparaissent presque complètement du registre épigraphique des écritures sud-arabiques, inaugurant ce que l’on appelle la période monothéiste dans cette région méridionale de l’Arabie. À leur place, un dieu unique, ''Rḥmnn'' (littéralement, Le Miséricordieux), commence à apparaître, devenant finalement l’épithète coranique al-Rahman (voir ci-dessous).<ref>Voir p. 122 dans Ahmad al-Jallad (2020) [https://www.academia.edu/43141064 Chapter 7: The Linguistic Landscape of pre-Islamic Arabia - Context for the Qur’an] in Mustafa Shah (ed.), Muhammad Abdel Haleem (ed.), "The Oxford Handbook of Qur'anic Studies", Oxford: Oxford University Press</ref> Le professeur Ahmad al-Jallad, reconnu pour ses travaux sur les langues et systèmes d’écriture de l’Arabie préislamique, note que le nom raḥmān apparaît dans plusieurs inscriptions sud-arabiques préislamiques et dérive de l’araméen juif *raḥmānā*.<ref>Il écrit également : "En Arabie du Sud, le nom divin rḥmnn/raḥmān-ān/ ‘le Raḥmān’ se réfère à la divinité de la période monothéiste, qui a été fortement influencée par le judaïsme, voire même en est dérivée, et est donc probablement une traduction calquée de *rḥmnʾ*.<BR />Ahmad al-Jallad [https://www.academia.edu/43388891 (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance], pp. 7-8</ref> Sigrid Kjær observe que l’usage de Rahman (ou Rahman-an avec le suffixe défini) ne devient véritablement monothéiste qu’au VIe siècle EC, étant auparavant utilisé dans un contexte monolâtre (objet unique de culte, bien que d'autres divinités soient reconnues). Le Coran présente une progression chronologique dans l’usage des théonymes : *Rabb* (seigneur) dans la première phase, puis *al-Rahman*, et finalement une utilisation presque exclusive du nom *Allah*.<ref>Kjær, Sigrid (2022). [https://www.cambridge.org/core/journals/modern-asian-studies/article/rahman-before-muhammad-a-prehistory-of-the-first-peace-sulh-in-islam/280B60BFF68749648057202B29C7C8F0 ‘Rahman’ before Muhammad: A pre-history of the First Peace (Sulh) in Islam], Modern Asian Studies, 56(3), 776-795. doi:10.1017/S0026749X21000305<BR /> | |||
"Il est important de souligner que, sur la base d’une datation approximative des sourates coraniques, les théonymes dans l’écriture islamique semblent avoir évolué en trois phases. Dans la phase la plus ancienne, le Coran utilise *rabb*, passe ensuite à *al-Rahman*, pour finalement aboutir à une utilisation presque exclusive de *Allah* dans les sourates plus tardives. *Rabb* signifiait simplement « Seigneur » et était utilisé pour des divinités immanentes liées à des sanctuaires. Son usage dans les premières parties du Coran correspond également à un usage monolâtre et immanentiste. En revanche, *al-Rahman* était clairement associé à Moïse dans le Coran et au rejet du culte des images, ce qui apparaît dans les versets mecquois ultérieurs. Finalement, *Allah* devient le théonyme universel, englobant à la fois *Rabb* et *al-Rahman*, au service d’un monothéisme abrahamique pleinement biblique qui prit forme à Médine."<BR /> | |||
Dans une note de bas de page, Kjær ajoute : "La réticence initiale à utiliser le théonyme Allah pourrait avoir été due à ses origines polythéistes.", citant Böwering, Gerhard, ‘Chronology and the Qur’ān’, dans *Encyclopaedia of the Qur’ān* (Leiden : Brill, 2001), p. 329</ref> | |||
Le mot Allāh apparaît pour la première fois dans les archives épigraphiques comme le nom d’une des nombreuses divinités nabatéennes dans le nord de l’Arabie au Ier siècle av. J.-C. ou au Ier siècle apr. J.-C.<ref name="alJallad2022">See the start of Appendix 1 (p. 93) in the open access chapter: Ahmad Al-Jallad (2022), [https://www.academia.edu/45498003/Al_Jallad_Pre_Print_Draft_The_Religion_and_Rituals_of_the_Nomads_of_Pre_Islamic_Arabia_A_Reconstruction_based_on_the_Safaitic_Inscriptions The Religion and Rituals of the Nomads of Pre-Islamic Arabia: A Reconstruction based on the Safaitic Inscriptions] in (ed. Zhi Chen et al.), Ancient Languages and Civilizations, Volume: 1, Leiden: Brill</ref> Le mot pourrait provenir d’une contraction de al-ʾilāh (le dieu), bien qu’il existe certaines difficultés linguistiques avec cette hypothèse. Quoi qu’il en soit, il s’agissait du nom d’une divinité à cette époque et rien n’indique qu’il était associé au dieu monothéiste judéo-chrétien. Le nom Abd Allah (comme le père de Muhammad) apparaît pour la première fois dans un contexte païen nabatéen. Dans ce contexte, ils utilisaient la même construction pour d'autres dieux, par exemple ʿAbdu Manōti, « serviteur de Manāt ». Dans les inscriptions safaitiques (un script utilisé dans le désert d’Arabie du Nord), le nom Allāh est parfois invoqué, mais bien moins fréquemment que d’autres divinités. Au VIe siècle apr. J.-C., le nom Allāh est appliqué dans un contexte monothéiste autour du Ḥijāz et finit par fusionner avec le terme chrétien al-ʾilāh (le dieu). Allah apparaît associé à al-Rahman (qui, dans le sud, était associé au dieu judéo-chrétien) dans une inscription basmala préislamique découverte au Yémen, comme discuté dans la section suivante.<ref>See this [https://twitter.com/PhDniX/status/1450418538418745355 twitter thread] by leading linguist in the history of Arabic, Dr Marijn van Putten - 19 October 2021 ([https://web.archive.org/web/20211027185522/https://twitter.com/PhDniX/status/1450418538418745355 archive])</ref> Al-Jallad écrit : « Contrairement à l’Arabie du Sud, les traditions monothéistes d’Arabie du Nord aux Ve et VIe siècles invoquaient al-ʾilāh/allāh. Tandis que al-ʾilāh est attesté dans des contextes chrétiens évidents, allāh est plus rare et trouvé dans des contextes confessionnels ambigus. Il est impossible pour le moment de dire si la distinction entre les deux était simplement régionale ou si elle reflétait une scission confessionnelle. Ce qui est clair, cependant, c’est que “Raḥmān” n’était pas utilisé dans les temps préislamiques en Arabie du Nord."<ref>Ahmad al-Jallad [https://www.academia.edu/43388891 (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance], page 14</ref> | |||
===La Basmala=== | |||
La basmala islamique, « Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux » (Bismillah Ar-Rahman Ar-Raheem), est récitée avant le début de chaque sourate et ouvre la prière de la Fātiḥa. À l’intérieur même des sourates, elle n’apparaît qu’une seule fois, dans {{Quran|27|30}}. | |||
En 2018, la première inscription connue de la basmala préislamique a été trouvée sur une falaise au Yémen, rédigée en écriture sud-arabique : « Au nom d’Allah, Rahman ; Rahman seigneur des cieux » (bsmlh rḥmn rḥmn rb smwt). Le reste de l’inscription dit : « satisfais-nous par ta faveur, et accorde-nous son essence (c’est-à-dire la sagesse) pour compter nos jours ». En écrivant sur cette découverte, Ahmad al-Jallad date l’inscription de la fin du VIe ou du début du VIIe siècle apr. J.-C. et observe que l’ensemble de l’inscription a une qualité psalmique, probablement influencée par la liturgie juive ou chrétienne. Il interprète le second rḥmn comme rḥm-n (« aie pitié de nous »)<ref name="alJalladBasmalah6-7">Ahmad al-Jallad [https://www.academia.edu/43388891 (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance], pp. 6-7</ref> Il note également que al-Rahman était à l’origine une divinité distincte d’Allah, et non un simple qualificatif comme dans la basmala islamique. Maslamah, un prophète yéménite rival de Muhammad, adorait al-Rahman, la divinité de l’ancien royaume de Himyar. Al-Jallad propose que la basmala ait été utilisée pour synchroniser les deux pôles monothéistes de l’Arabie : Allah au nord (où les autres divinités disparaissent complètement des archives épigraphiques au VIe siècle apr. J.-C.) et al-Rahman au sud. Cette équivalence aurait probablement été introduite lors des incursions himyarites vers le nord au VIe siècle. Cette différence régionale est reflétée dans {{Quran|17|110}}. Ar-Raheem (le miséricordieux) serait alors une innovation islamique ajoutée à al-Rahman de la basmala préislamique qui, à ce moment-là, en était venu à représenter un adjectif qualifiant Allah. | |||
<ref>Ahmad al-Jallad [https://www.academia.edu/43388891 (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance], page 13 ff </ref> Cette basmala préislamique, ainsi que de nombreuses autres inscriptions préislamiques, présentent des similitudes avec des expressions et une terminologie que l’on retrouve dans le Coran.<ref>Ahmad al-Jallad (2020) [https://www.academia.edu/43141064 Chapter 7: The Linguistic Landscape of pre-Islamic Arabia - Context for the Qur’an] in Mustafa Shah (ed.), Muhammad Abdel Haleem (ed.), "The Oxford Handbook of Qur'anic Studies", Oxford: Oxford University Press, pp. 121 ff</ref> Rb smwt dans l’inscription (« Seigneur des cieux ») est semblable à des inscriptions sud-arabiques en langue sabéenne (mrʾ smyn w-ʾrḍn), une expression qui apparaît aussi dans des versets tels que {{Quran|19|65}} (« Seigneur des cieux et de la terre » ; rabbu l-samāwāti wal-arḍi).<ref>Ahmad al-Jallad [https://www.academia.edu/43388891 (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance], page 8</ref> | |||
===Orthographe=== | |||
Allāh est écrit lh dans cette inscription de basmala préislamique trouvée au Yémen, une orthographe également présente dans le nord de l’Arabie où des inscriptions bilingues safaitique-grec confirment qu’il était vocalisé allāh.<ref name="alJalladBasmalah6-7" /><ref name="alJallad2022" /> En 2022, une expédition menée par al-Jallad avec Hythem Sidky a découvert que dans les inscriptions préislamiques du VIe au début du VIIe siècle, l’orthographe des inscriptions entre Médine et Tabuk est ʾlh (qui était aussi l’orthographe nabatéenne), ou lh, ou lorsqu’il est utilisé en état de annexion (iḍāfah), lhy. Cependant, l’orthographe avec double lām ʾllh apparaît sur les inscriptions de la région entre La Mecque et Taif, ce qui est significatif en termes d’orthographe retrouvée dans le Coran. En termes d’orthographe, l’écriture avec double lām de allāh telle qu’elle apparaît dans le Coran est une pratique orthographique inhabituelle, car dans les écritures sémitiques une consonne doublée n’est généralement pas écrite deux fois.<ref>Voir de 18 à 27 minutes dans [https://www.youtube.com/watch?v=8fkfYOdubc8 Ahmad Al-Jallad II: The History of Pre-Islamic Arabia based on Epigraphic Evidence] - youtube.com - 20 mars 2023</ref><ref name="alJallad2022" /> | |||
===Croyances des mushrikīn coraniques=== | |||
L’historienne Patricia Crone, dans un article détaillé sur les mushrikīn coraniques, a souligné que beaucoup croyaient en Allāh comme le dieu créateur judéo-chrétien, mais lui associaient un ou plusieurs partenaires inférieurs, généralement décrits comme des dieux mais parfois comme ses enfants, et qu’il avait pris des anges féminins pour lui-même. Parfois, ces dieux sont nommés, et la plupart ont également été retrouvés dans des inscriptions rupestres. Les mushrikīn croyaient aussi aux djinns et aux démons, et certains adoraient les corps célestes. Ahab Bdaiwi ajoute que le paganisme pur est rarement attesté tel que décrit dans les sources postérieures (comme Ibn al-Kalbī).<ref>Patricia Crone' [https://www.ias.edu/sites/default/files/hs/Crone_Articles/Crone_Quranic_Deities.pdf The Religion of the Quranic Pagans: God and the Lesser Deities], Arabica 57 (2010) 151-200</ref><ref>Voir l’article de blog du Dr Ahab Bdaiwi résumant ses conclusions [https://drahabbdaiwi.com/2021/10/26/arabian-monotheism-before-islam-some-notes-on-the-mushrikun-of-the-qur%ca%bean/ Arabian Monotheism before Islam: Some Notes on the Mushrikūn of the Qurʾan] - 26 octobre 2021</ref><ref>Voir aussi ce fil plus ancien [https://twitter.com/abhistoria/status/1293641557531414528 Twitter.com thread] par le Dr Ahab Bdaiwi - 12 août 2020 ([https://web.archive.org/web/20220816120902/https://twitter.com/abhistoria/status/1293641557531414528 archive]) [https://twitter.com/abhistoria/status/1397609517052006404 et celui-ci] - 26 mai 2021 ([https://web.archive.org/web/20220814092519/https://twitter.com/abhistoria/status/1397609517052006404 archive])</ref> | |||
===Allāh dans la poésie préislamique=== | |||
Nicolai Sinai note dans son article de 2019 ''Rain-Giver, Bone-Breaker, Score-Settler: Allāh in Pre-Quranic Poetry'', que Allāh apparaît également dans la poésie préislamique authentique comme le nom d’un dieu extrêmement puissant, qu’on peut peut-être mieux décrire comme un « dieu suprême » des païens, et non seulement comme le Dieu judéo-chrétien reconnu par Crone. Comme d’autres chercheurs l’avaient déjà reconnu, pour les païens du Coran, Allāh était un dieu créateur avec un large éventail de pouvoirs. Dans la poésie arabe préislamique, on voit qu’ils considéraient Allāh comme le créateur des cieux et de la Terre, le maître des destinées humaines, le pourvoyeur de pluie, et un dieu qui venge les serments non tenus. Des prières et des sacrifices étaient adressés à Allāh, qui détermine l’issue des événements présents, ce qui recoupe la proclamation coranique des opposants païens. De même, les païens du Coran, comme la majorité des poètes païens préislamiques, ne considèrent pas qu’Allāh joue un rôle eschatologique (c’est-à-dire – l’idée d’un jugement universel des ressuscités).<ref>''[https://ora.ox.ac.uk/objects/uuid:977914cb-d783-4949-aed4-f0b6c2eaa562/files/m34f1a166246ec073a79d42ea09d9cc1a Rain-Giver, Bone-Breaker, Score-Settler: Allāh in Pre-Quranic Poetry,]'' New Haven, Connecticut: American Oriental Society, 2019. Essay 15. Nicolai Sinai.</ref> | |||
=== Monothéisme judéo-chrétien général en Arabie === | |||
À l’époque de Muhammad, les deux plus grands empires du Proche-Orient étaient l’Empire byzantin (romain), dont le christianisme était la religion d’État,<ref>[https://www.britannica.com/question/Did-the-Byzantine-Empire-practice-Christianity ''Did the Byzantine Empire practice Christianity?''] Byzantine Empire Article. Home. Geography & Travel Historical Places. Britannica Questions.</ref> et le judaïsme y était encore pratiqué.<ref>[https://www.metmuseum.org/exhibitions/listings/2012/byzantium-and-islam/blog/topical-essays/posts/judaism#:~:text=During%20the%20Byzantine%20period%2C%20Jewish,gathering%2C%20study%2C%20and%20prayer. ''Judaism During the Byzantine Period.''] Yitzchak Schwartz. 2012. .Department of Medieval Art and The Cloisters. The Met Museum.</ref> Et l’empire sassanide (perse), où l’Église nestorienne (ou Église de l’Orient), bien que n’étant pas religion d’État, était pratiquée,<ref>[https://www.britannica.com/topic/Nestorianism ''Nestorianism.''] Christian sect. History & Society. Religion Religious Movements & Organizations. Britannica Entry.</ref> tout comme le judaïsme.<ref>[https://www.britannica.com/place/Mesopotamia-historical-region-Asia/The-Sasanian-period ''The Sasanian period.''] Mesopotamia from ''c.'' 320 BCE to ''c.'' 620 CE. Britannica Entry</ref> Ces deux empires avaient des contacts étendus avec les tribus arabes dans les siècles précédant l’Islam. | |||
{{Quote|[https://www.academia.edu/29277725/Tribal_Poetics_in_Early_Arabic_Culture_The_Case_of_of_Ash%CA%BF%C4%81r_al_Hudhaliyy%C4%ABn Tribal Poetics in Early Arabic Culture: The Case of of Ashʿār al-Hudhaliyyīn.] Nathan A Miller. 2016. pp. 52|Il existe certainement des preuves d'une utilisation croissante des Arabes probablement nomades dans les unités militaires. Au cours du Ve siècle, de nombreuses sources grecques et syriaques témoignent que Rome et la Perse subventionnaient les tribus nomades arabes le long des frontières, probablement pour la simple raison que les ressources financières des deux empires étaient principalement allouées ailleurs, et que ces nomades auraient autrement attaqué les zones sédentaires. Des unités militaires « sarrasines » ont toutefois participé à d’autres campagnes, et le document administratif romain Notitia Dignitatum du IVe siècle mentionne qu’elles ont servi en Égypte, en Palestine et en Phénicie. Après la bataille d’Andrinople en 378, des forces arabes auraient joué un rôle dans la défense de Constantinople contre les Goths. Après la paix de 363, l’entretien des forces frontalières fut négligé, et ce n’est qu’au VIe siècle que des membres des tribus arabes commencèrent à servir dans les guerres par procuration entre les Sassanides et les Romains plus proches de chez eux.}} | |||
Cela est particulièrement bien documenté à travers les factions arabes pro-romaines et pro-sassanides dirigées par deux dynasties : les Jafnides ou « [https://en.wikipedia.org/wiki/Ghassanids Ghassānides] » et les Naṣrides ou « [https://en.wikipedia.org/wiki/Lakhmid_kingdom Lakhmides] »,<ref>Fisher, G. and Wood, P. (2016) ‘[https://www.cambridge.org/core/journals/iranian-studies/article/abs/writing-the-history-of-the-persian-arabs-the-preislamic-perspective-on-the-nasrids-of-alhirah/02B7E13B668BEA420EF82FEF2A7775FC ''Writing the History of the “Persian Arabs”: The Pre-Islamic Perspective on the “Naṣrids” of al-Ḥīrah'']’, Iranian Studies, 49(2), pp. 247–290. doi:10.1080/00210862.2015.1129763.</ref> qui sont également mentionnés dans de nombreuses autres sources non arabes.<ref>''[https://www.academia.edu/29277725/Tribal_Poetics_in_Early_Arabic_Culture_The_Case_of_of_Ash%CA%BF%C4%81r_al_Hudhaliyy%C4%ABn Tribal Poetics in Early Arabic Culture: The Case of of Ashʿār al-Hudhaliyyīn.]'' Nathan A Miller. 2016. pp. 62 (Chapter 1.2 (pp 43-72) covers the relationships of Arab tribes with surrounding empires and kingdoms).</ref> | |||
Comme le note Lindstedt (2023), les Ghassānides et les Lakhmides sont parvenus à des positions importantes en tant qu’alliés et sortes d’États tampons de l’Empire byzantin et de l’Empire sassanide vers la fin du IIIe siècle de notre ère.<ref>[https://brill.com/display/title/69380?language=en ''Muḥammad and His Followers in Context:'' ''The Religious Map of Late Antique Arabia'':] 209 (Islamic History and Civilization) Nov. 2023. Ilkka Lindstedt. pp. 104</ref> Les Ghassānides s’étaient convertis vers le Ve siècle, et les Lakhmides avant l’islam.<ref>Ibid. pp. 102-103</ref> On disait que les Ghassānides possédaient une sorte d’écrit religieux, bien que l’on ne sache pas exactement lequel.<ref>Ibid. pp. 107</ref> Les deux dynasties soutenaient le christianisme, par exemple en construisant des églises. Les élites ghassānides sont connues pour avoir construit des églises tout au long du VIe siècle selon les données archéologiques.<ref>Ibid. pp. 107-108</ref> Il est possible que déjà au IVe siècle le roi lakhmide Marʾ al-Qays ibn ʿAmr se soit converti au christianisme, bien que certains datent cette conversion vers la fin du VIe siècle ; quoi qu’il en soit, des sources arabes et non arabes suggèrent que les Lakhmides et les habitants de leur territoire étaient devenus « majoritairement chrétiens » avant l’Islam, bien qu’il soit difficile d’en être certain.<ref>Ibid. pp. 107-108</ref> | |||
Il note également que la tribu des [https://en.wikipedia.org/wiki/Taghlib Taghlib] s’est convertie à la fin du VIe siècle, comme l’atteste la poésie composée par ses membres, et que les [https://en.wikipedia.org/wiki/Salihids Ṣāliḥides] et [https://en.wikipedia.org/wiki/Tanukhids Tanūkhides] se sont également christianisés. Selon les preuves disponibles, la majorité des tribus de l’Arabie du Nord ont adopté le christianisme dans sa forme [https://en.wikipedia.org/wiki/Miaphysitism miaphysite].<ref>Ibid. pp. 102-103</ref> | |||
Des inscriptions monothéistes, très probablement chrétiennes, ont aussi été retrouvées au nord-ouest de l’Arabie, dans les localités d’alʿArniyyāt et Umm Jadhāyidh, en Arabie Saoudite, au nord-ouest de Madāʾin Ṣāliḥ (ancienne Hégra) et d’Al-Jawf – ces localités se situent à un peu plus de 500 km par la route de Médine, ce qui, comme le note Lindstedt, est une distance comparable aux 450 km entre La Mecque et Médine.<ref>Ibid. pp. 108-109</ref> Une présence juive est également attestée à travers le Ḥijāz plusieurs siècles avant l’Islam, avec des inscriptions datant de l’an 230 de notre ère à Taymā indiquant qu’un Juif était le « chef » de la ville, et d’autres à Hégra et Dedan, y compris en arabe nabatéen, et d’autres similaires datées entre 356 et 367 de notre ère ; Hoyland remarque à ce sujet que ces deux inscriptions « sont des textes très importants pour le judaïsme en Arabie du Nord, car elles impliquent qu’au moins certains de ses membres faisaient partie de l’élite de cette société. Étant donné que ces textes sont espacés de plus de 150 ans, on peut aussi supposer une certaine stabilité de cette fonction. »<ref>Ibid. pp. 60</ref> | |||
Lindstedt (2023) note qu’il est très probable que la majorité des habitants de l’Arabie étaient juifs ou chrétiens,<ref>Ibid. pp. 322</ref> avec une majorité chrétienne dans le nord, et une majorité juive dans le sud.<ref>Ibid. pp. 323.</ref> Il convient également de noter que certains auteurs de l’époque islamique (tels que des historiens, commentateurs et poètes) ont identifié plusieurs toponymes à La Mecque et dans ses environs qui suggèrent la présence de chrétiens y vivant ou y séjournant, notamment pour des pèlerinages.<ref>Ibid. pp. 114-115</ref> Par exemple, al-Azraqī (mort en 837 de notre ère) rapporte qu’il existait à La Mecque un *maqbarat al-naṣārā*, c’est-à-dire un « cimetière des chrétiens » (sans autre précision). Il est difficile d’établir la date exacte et l’existence de ce cimetière, mais on peut aussi s’interroger sur la motivation qu’auraient eue les auteurs musulmans à forger une telle information (puisqu’elle va à l’encontre des traditions islamiques qui décrivent La Mecque comme une ville païenne).<ref>Ibid. pp. 114-115</ref> | |||
Au sud se trouvait le [https://en.wikipedia.org/wiki/Himyarite_Kingdom royaume himyarite] (centré dans l’actuel Yémen), où le christianisme et le judaïsme ont gagné une forte influence dès le IVe siècle,<ref>''[https://www.britannica.com/topic/Himyar Himyar Britannica Entry]''. People. People's of Asia. Geography & Travel. Britannica. </ref> avec des souverains qui se sont convertis.<ref>Christian Julien Robin, "Arabia and Ethiopia," in Scott Johnson (ed.) ''[https://books.google.co.uk/books?id=GKRybwb17WMC&pg=PA289&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false The Oxford Handbook of Late Antiquity]'', Oxford University Press 2012 pp.247–333, p.279 | |||
Diversity and Rabbinization: Jewish Texts and Societies between 400 and 1000 CE. Gavin McDowell (editor) Ron Naiweld (editor) Daniel Stökl Ben Ezra (editor). 2021. ''See: [https://books.openbookpublishers.com/10.11647/obp.0219/ch7.xhtml Chapter 7. The Judaism of the Ancient Kingdom of Ḥimyar in Arabia: A Discreet Conversion.] pp.165–270. Christian Julien Robin (CNRS, Membre de l’Institut).''</ref> Christian Julien Robin note le développement dans la région d’un monothéisme d’inspiration juive, appelé « Raḥmānisme » par A. F. L. Beeston à cette époque.<ref>[https://www.academia.edu/37672841/_%E1%B8%A4imyar_Aks%C5%ABm_and_Arabia_Deserta_in_Late_Antiquity_The_Epigraphic_Evidence_dans_Arabs_and_Empires_before_Islam_edited_by_Greg_Fisher_Oxford_University_Press_2015_pp_127_171_chapter_3_ H˙imyar, Aksūm, and Arabia Deserta in Late Antiquity. The Epigraphic Evidence.] Christian Julien Robin. Found in: | |||
Fisher, Greg. Arabs and Empires before Islam (p. 129-130). OUP Oxford. | |||
''If one takes into account that no known inscription contemporary to this period displays an orientation favourable to Christianity, one can conclude that the H ˙ imyarite rulers had founded a new religion inspired from Judaism, called ‘Rah˙mānism’ by A. F. L. Beeston, although the term ‘Judaeo-Monotheism’ is preferable. This new religion formalized a type of belief in Judaism seen elsewhere in the Mediterranean world, whose followers might be called ‘fearers of God’ (metuentes and theosebeis).7 It is relevant to note that one H ˙ imyarite inscription clearly reflects this notion, asking that ‘God, Lord of the Sky and the Earth, grants | fear (s ˙ bs¹, probably a borrowing from Greek sebas) of His Name’ (see 3.5).'' </ref> Celui-ci fut ensuite conquis par le royaume chrétien d’Aksoum (ou Axoum), basé dans l’actuelle Éthiopie, Érythrée, Djibouti et Soudan, qui se trouvait à l’ouest de l’Arabie de l’autre côté de la mer Rouge, et qui exerça aussi une influence impériale sur la péninsule arabique durant les siècles précédant l’islam,<ref>Bowersock, G.W.. ''The Throne of Adulis: Red Sea Wars on the Eve of Islam (Emblems of Antiquity)''. Oxford University Press.</ref> avant que les Perses ne l’envahissent dans la seconde moitié du VIe siècle.<ref>[https://www.britannica.com/place/Aksum-ancient-kingdom-Africa Aksum] | ancient kingdom, Africa | Historical Places | Geography & Travel. Britannica Entry</ref> En outre, comme le rapporte El-Badawi (2024), « le Talmud contient des preuves, peut-être datant d’environ 400 de notre ère, selon lesquelles des prêtres expulsés par la purge du temple sous Josias auraient fui Jérusalem pour se réfugier en Arabie. Ils se seraient installés parmi les Ismaélites et auraient atteint jusqu’au Ḥaḍramawt, dans le sud de l’Arabie. »<ref>El-Badawi, Emran. ''Female Divinity in the Qur’an: In Conversation with the Bible and the Ancient Near East (p. 185).'' Springer Nature Switzerland. Kindle Edition.</ref> | |||
Comme mentionné précédemment, indépendamment de l’origine exacte des termes, la recherche académique reconnaît depuis longtemps l’influence du monothéisme judéo-chrétien dans la péninsule arabique et parmi les tribus arabes bien avant l’islam. Ces influences auraient véhiculé à la fois des récits et des concepts généraux vers le Ḥijāz, que ce soit par des tribus chrétiennes et juives vivant aux côtés de la première communauté coranique, ou simplement par des voyageurs racontant des histoires et/ou faisant du prosélytisme, des esclaves en déplacement qui les connaissaient, par le commerce, les pèlerinages, etc. | |||
{{Quote|Durie, Mark. (PhD). The Qur’an and Its Biblical Reflexes: Investigations into the Genesis of a Religion (pp. 29) (Kindle Edition). Lexington Books.|Le milieu religieux du Ḥijāz, dans lequel le Coran aurait vu le jour, connaissait bien le judaïsme et le christianisme, et il en allait de même pour d’autres régions fréquentées par des locuteurs arabes. Finster (2011, 70–74) a fourni un aperçu détaillé de la présence chrétienne parmi les tribus arabes. À la fin du VIe siècle de notre ère, un nombre important d’Arabes du Levant, de Mésopotamie et d’Arabie s’étaient convertis au christianisme : Najrān, une ville arabe importante située à 1 000 kilomètres au sud-est de La Mecque, était majoritairement chrétienne à l’époque de l’apparition de l’islam ; le royaume de Ḥimyar, dans le sud, avait été sous domination chrétienne pendant cinquante ans au cours du VIe siècle (Robin 2012) ; la région de Bet Qaṭraye, au large de la côte est arabique dans le golfe Persique, comptait une présence chrétienne du IVe au IXe siècle (Witztum 2011, 259) ; et Pétra, l’ancienne capitale nabatéenne et plus tard capitale méridionale de la province byzantine de Palaestina Tertia, dont l’influence s’étendait vers le sud en Arabie (Nehmé 2017, 149) et vers le nord au Levant, abritait une communauté chrétienne dès le IIIe siècle de notre ère : Asterius, évêque de Pétra, aurait assisté au concile d’Alexandrie en 363 (Wace et Piercy 1999, 123). | |||
La présence juive datable dans la péninsule Arabique remonte au moins au Ier siècle avant notre ère, tant dans le Ḥijāz au nord que dans le Ḥimyar au sud-ouest (Hirschberg 2007, 294 ; Hoyland 2011, 110). Des historiens arabes musulmans mentionnent environ 20 tribus juives vivant parmi les Arabes (Hirschberg 2007, 294). Dans le sud, la présence juive avait acquis de l’importance au moins dès la fin du IVe siècle de notre ère (Rippin 2005, 14). Le royaume ḥimyarite avait exercé une influence sur le Ḥijāz pendant plusieurs siècles avant l’émergence de l’islam, et une monarchie juive régnait sur les Ḥimyarites au Ve siècle. Ibn Isḥāq attribue l’adoption du judaïsme par le roi ḥimyarite Asʿad Abū Karib, dans la première moitié du Ve siècle, à l’influence de deux rabbins juifs originaires de Yathrib (Médine) (Guillaume 1955, 7–11 ; voir aussi Smith 1954, 462). Il rapporte également de nombreux contacts entre Muḥammad et les juifs de Médine.}} | |||
Des rapports font aussi état de violences sectaires entre groupes monothéistes concurrents en Arabie. | |||
{{Quote|Durie, Mark. (PhD). The Qur’an and Its Biblical Reflexes: Investigations into the Genesis of a Religion (pp. 29-30). (Kindle Edition) Lexington Books.|Un massacre de chrétiens de Najrān aurait été perpétré par Dhu Nawās, roi juif des Ḥimyarites, en 523 de notre ère, apparemment pour les forcer à se convertir au judaïsme. Ibn Isḥāq relate un massacre par le feu et l’épée d’environ 20 000 chrétiens, qu’il associe aux versets {{Quran|85|4–8}} (Guillaume 1955, 17). Ce massacre est également mentionné dans des sources chrétiennes contemporaines. En représailles, les Éthiopiens chrétiens détruisirent le royaume ḥimyarite en 525, mettant fin à six siècles de domination yéménite dans la région.}} | |||
Holyland (2008)<ref>Robert Hoyland, "Epigraphy and the linguistic background to the Qur’an" in The Quran in Its Historical Context (2008), edited by Gabriel Said Reynolds, pp. 59-60.</ref> note l’implication documentée des autorités de l’Église chrétienne syriaque dans l’émergence du christianisme arabe durant les premiers siècles de notre ère. Il met en lumière plusieurs exemples de cette interaction, comme Alexandre, évêque de Mabbugh (au nord-est de l’actuelle Alep, en Syrie), qui fit construire une église à Rusafa dédiée à saint Serge, un saint vénéré par les tribus arabes de la région. Des figures syriaques comme Jacques de Saroug et Sévère, patriarche d’Antioche, ont aussi rédigé des textes en l’honneur de saint Serge. Au début du VIe siècle, Philoxène, un autre évêque de Mabbugh, consacra les premiers évêques de Najrān dans le sud-ouest de l’Arabie. D’autres personnages notables comme Élie, un martyr originaire du sud de l’Arabie qui avait été moine au couvent de Mar Abraham de Tellā (à l’est de l’actuelle Édesse, en Turquie), ainsi que Jacques de Saroug et Jean le Psaltaire du monastère d’Aphtonios à Qenneshre (à l’est d’Alep), ont écrit des œuvres honorant les martyrs chrétiens de Najrān. ''Ainsi, bien qu’il n’y ait pas eu de centre établi du christianisme syriaque dans le Ḥijāz, il existait clairement des lignes de communication et d’influence qui le traversaient.''<ref>Ibid. pp. 60.</ref> | |||
==== Réformisme abrahamique ==== | |||
Muḥammad insiste sur le fait de suivre « la religion d’Abraham » plutôt que celle des juifs ou des chrétiens ({{Quran|2|135}}, {{Quran|3|67}}). Le Coran élève Ismaël, fils d’Abraham, considéré comme l’ancêtre des Arabes selon des interprétations tardives des auteurs bibliques sur les « Ismaélites »<ref>Fisher, Greg. Arabs and Empires before Islam (p. 367). OUP Oxford. 2015. | |||
''Aucun passage de la Bible hébraïque ou de la Septante n’identifie explicitement ce groupe comme des “Arabes”, et un passage du livre des Jubilés (écrit au IIe siècle av. J.-C.), qui pourrait le faire, s’est révélé peu concluant.<sup>348</sup> Bien que deux auteurs hellénistiques tardifs identifient les Arabes comme les Ismaélites, l’identification claire entre Arabes et Ismaélites n’est apparue que plus tard, chez l’historien juif Flavius Josèphe (37–env. 100).<sup>349</sup>''</ref> (cependant, dans la Bible, c’est son autre fils Isaac avec qui l’alliance est établie, tandis qu’Ismaël en est expressément exclu).<ref>Cook, Michael. ''A History of the Muslim World: From Its Origins to the Dawn of Modernity'' (p. 58). Princeton University Press. 2024.</ref> Dans le Coran, Ismaël devient un prophète, et il est dit qu’il construit un temple avec Abraham ({{Quran|2|125-127}}), identifié dans la tradition islamique comme la Kaaba à La Mecque. Ce récit, qui présente les disciples de Muḥammad comme les descendants d’Ismaël, relie non seulement le monothéisme arabe à l’héritage d’Abraham par la généalogie, mais établit également une charte religieuse pour le sanctuaire mecquois et le pèlerinage, offrant ainsi à Muḥammad un fondement significatif à son message. | |||
Michael Cook (2024) note que cette idée selon laquelle les Arabes seraient des descendants d'Abraham {{Quran|22|78}} est antérieure au Coran, et qu’elle était bien connue des Arabes depuis des millénaires, comme le rapporte Sozomène, un chrétien (né vers 380 à Bethelea, près de Gaza, en Palestine — mort vers 450 à Constantinople, Empire byzantin [aujourd’hui Istanbul, Turquie.])<ref>[https://www.britannica.com/biography/Sozomen Sozomen] | Christian lawyer | Byzantine historian | Britannica Entry </ref>, qui écrivait que certains avaient pris connaissance de ce fait et avaient commencé à pratiquer un monothéisme inspiré du judaïsme plutôt que le paganisme, plusieurs siècles avant l’islam. | |||
{{Quote|Cook, Michael. A History of the Muslim World: From Its Origins to the Dawn of Modernity (p. 58-60) (Kindle Edition) Princeton University Press.|Sozomène, un chrétien originaire d’un village près de Gaza écrivant dans la première moitié du Ve siècle, rapporte un récit intéressant sur les Sarrasins, l’un des noms par lesquels les Arabes étaient alors largement connus. Ils descendaient d’Ismaël, d’où leur autre appellation d’Ismaélites. « Étant donné leur origine, ils pratiquent la circoncision comme les Juifs, s’abstiennent de consommer du porc et observent de nombreux autres rites et coutumes juifs. » Bien entendu, cet héritage ancien des Arabes ne fut que partiellement préservé, mais cela s’explique aisément : « Les habitants des pays voisins, fortement enclins à la superstition, ont sans doute rapidement corrompu les lois imposées par leur ancêtre Ismaël. » Ils en vinrent donc à servir « les mêmes dieux que les nations voisines. » Mais ce tort fut finalement réparé : « Certains membres de leur tribu, étant entrés en contact avec les Juifs, apprirent d’eux la vérité sur leur origine, revinrent vers leurs proches, et s’orientèrent vers les lois et coutumes hébraïques. » Enfin, Sozomène revient à son époque : « Depuis ce moment-là, jusqu’à aujourd’hui, beaucoup d’entre eux règlent leur vie selon les préceptes juifs. »<sup>5</sup> | |||
Pour Sozomène, donc, les Arabes partageaient à l’origine avec les Israélites l’héritage de leur ancêtre commun Abraham, mais sous l’influence de leurs voisins païens, ils avaient perdu ce précieux héritage ancestral et sombré dans le paganisme. Ce n’est pas seulement ainsi que Sozomène le comprend ; il nous dit aussi, dans ce passage, que certains Arabes, ayant appris leur ascendance ismaélite grâce à des contacts avec les Juifs, étaient ensuite retournés à l’héritage de leurs ancêtres. Ce faisant, ils rejetaient les erreurs de leurs ancêtres récents pour retrouver leur véritable héritage d’origine. Plutôt qu’une trahison de leur ascendance, leur adhésion à l’héritage d’Abraham représentait le comble de la fidélité à celui-ci. Deux siècles plus tard, une idée similaire occupera une place centrale dans le Coran.}} | |||
==== Dans la tradition islamique ==== | |||
Il convient également de noter que, même dans le récit traditionnel, bien que contesté par les chercheurs modernes (comme mentionné ci-dessus), des Juifs et des Chrétiens apparaissent. | |||
{{Quote|Durie, Mark. (PhD). The Qur’an and Its Biblical Reflexes: Investigations into the Genesis of a Religion (pp. 30-31) (Kindle Edition) Lexington Books.|Dans les ḥadīths et la sīra, on trouve des références à des chrétiens que Muḥammad connaissait, qui l’ont soutenu et ont pu l’influencer. L’un d’eux était la nourrice de Muḥammad, Umm Aymān, une Éthiopienne (Shahīd 2006, 15). Un autre était le cousin de son épouse Khadījah, Waraqah ibn Nawfāl, que Ibn Isḥāq décrit comme « un chrétien ayant étudié les écritures et étant un érudit » (Guillaume 1955, 83, 99, 107). Un autre encore était le moine Baḥīra, qui était « bien versé dans la connaissance des chrétiens » (Guillaume 1955, 79–81). Il est aussi fait mention d’un esclave chrétien nommé Jabr, dont les détracteurs de Muḥammad disaient : « Celui qui enseigne le plus à Muḥammad est Jabr le chrétien » (Guillaume 1955, 180). Un ḥadīth fait également référence à un chrétien anonyme, ancien scribe de Muḥammad, qui s’était converti à l’islam, puis était retourné au christianisme, affirmant être la source d’une grande partie du savoir de Muḥammad. Cette idée, selon laquelle Muḥammad recevait de l’aide d’autrui, remonte en fait au Coran lui-même (Q25:4–5). Les ḥadīths mentionnent aussi certains Juifs qui, à l’instar de Waraqa et Baḥīra, ont soutenu Muḥammad (Guillaume 1955, 79, 90, 93).}} | |||
=== Récits des prophètes dans l’islam === | |||
Comme de nombreux chercheurs islamiques aux points de vue variés sur les origines de la religion, par exemple Nicolai Sinai,<ref>Sinai, Nicolai. Qur'an: A Historical-Critical Introduction (The New Edinburgh Islamic Surveys) (p. 105) (Kindle Edition). Edinburgh University Press. | |||
''Such an allusive invocation of Biblical figures and narratives characterises the Qur’an throughout: familiarity with a broad body of Biblical and Biblically inspired lore is simply taken for granted.<sup>27</sup>'' | |||
Footnote 27 (pp124): ''Thus, Griffith (The Bible in Arabic, p. 57) speaks of ‘the Islamic scripture’s unspoken and pervasive confidence that its audience is thoroughly familiar with the stories of the biblical patriarchs and prophets, so familiar in fact that there is no need for even the most rudimentary form of introduction’.''</ref> Angelika Neuwirth,<ref>The catalogue of punishment legends that is here presented only in a list form is the first of its kind in the Qur’an. ''It evokes events apparently already known to the hearers,'' wherein the local and Arab (ʿĀd, Thamūd, here mentioned for the first time) are brought together with the biblical (Firʿawn, likewise for the first time in this passage) without differentiation. | |||
''Neuwirth, Angelika. The Qur'an: Text and Commentary, Volume 1: Early Meccan Suras: Poetic Prophecy (p. 117) (Kindle Edition). Yale University Press.''</ref> Robert G. Hoyland,<ref>Hoyland, Robert G.. ''[https://archive.org/details/ARABIAANDTHEARABSFromTheBronzeAgeToTheComingOfIslamRobertG.Hoyland/page/n235/mode/2up Arabia and the Arabs: From the Bronze Age to the Coming of Islam]'' (Peoples of the Ancient World) (p. 222-223). Taylor & Francis.</ref> Andrew Bannister<ref>''The Qur’an frequently mentions biblical characters and episodes in a manner which suggests that the reader is clearly expected to be familiar with them.'' | |||
Bannister, Andrew G.. An Oral-Formulaic Study of the Qur'an (pp. 12-13) (Kindle Edition). Lexington Books. 2014. </ref> et Stephen Shoemaker,<ref>At the most general level, the Qurʾān reveals a monotheist religious movement grounded in the biblical and extra-biblical traditions of Judaism and Christianity, to which certain uniquely “Arab” traditions have been added. ''These traditions, however, are often related in an allusive style, which seems to presuppose knowledge of the larger narrative on the part of its audience.'' | |||
Shoemaker, Stephen J.. ''The Death of a Prophet (Divinations: Rereading Late Ancient Religion) (Kindle Locations 2691-2694).'' University of Pennsylvania Press, Inc.. Kindle Edition. </ref> ont souligné que le Coran semble évoquer les récits bibliques et arabes de manière allusive, supposant que le public en connaissait déjà les détails et les personnages. Cela suggère que ces récits étaient bien connus dans l’environnement où il fut prêché à l’origine, ce que confirment par ailleurs la proximité des monothéistes judéo-chrétiens, ainsi que des exemples retrouvés dans la poésie préislamique.<ref>Sinai, Nicolai. “Religious Poetry from the Quranic Milieu: Umayya b. Abī l-Ṣalt on the Fate of the Thamūd.” ''Bulletin of the School of Oriental and African Studies'' 74, no. 3 (2011): 397–416. <nowiki>https://doi.org/10.1017/S0041977X11000309</nowiki>.</ref> | |||
Bannister, Andrew G.. An Oral-Formulaic Study of the Qur'an (pp. 12-13) (Kindle Edition). Lexington Books. 2014. </ref> et Stephen Shoemaker,<ref>At the most general level, the Qurʾān reveals a monotheist religious movement grounded in the biblical and extra-biblical traditions of Judaism and Christianity, to which certain uniquely “Arab” traditions have been added. ''These traditions, however, are often related in an allusive style, which seems to presuppose knowledge of the larger narrative on the part of its audience.'' | |||
Shoemaker, Stephen J.. ''The Death of a Prophet (Divinations: Rereading Late Ancient Religion) (Kindle Locations 2691-2694).'' University of Pennsylvania Press, Inc.. Kindle Edition. </ref> ont noté que le Coran semble rappeler des histoires bibliques et arabes de manière allusive, ce qui suppose que le public connaissait déjà l’histoire plus large et ses personnages en détail. Cela suggère que ces récits étaient largement connus dans l’environnement dans lequel ils furent initialement prêchés, et l’on observe d’autres indices de cela en lien avec la proximité de monothéistes judéo-chrétiens, avec des exemples retrouvés dans la poésie préislamique.<ref>Sinai, Nicolai. “Religious Poetry from the Quranic Milieu: Umayya b. Abī l-Ṣalt on the Fate of the Thamūd.” ''Bulletin of the School of Oriental and African Studies'' 74, no. 3 (2011): 397–416. <nowiki>https://doi.org/10.1017/S0041977X11000309</nowiki>.</ref> | |||
==Culte à la Ka’bah== | |||
Le Coran mentionne fréquemment un sanctuaire sûr ou une maison où ont lieu des rituels, qu’il nomme « la Ka'bah, la Maison sacrée » dans {{Quran-range|5|95|97}}. Traditionnellement, on l’identifie aux « fondations de la maison » élevées par [[Ibrahim (Abraham)|Abraham]] et [[Isma'il|Ismaël]] dans {{Quran|2|127}}, ce qui est probablement l’implication visée. Voir aussi {{Quran|3|96|97}}, qui affirme que la première maison pour l’humanité où Abraham priait fut construite à Bakkah, généralement comprise comme étant La Mecque, ainsi que {{Quran-range|14|35|41}}, où la maison sacrée construite par Abraham est décrite dans les mêmes termes que la Ka'bah dans d’autres versets. Encore plus explicite est {{Quran-range|22|26|29}}, où le site de la maison d’Abraham est identifié à la « maison ancienne » autour de laquelle les pèlerins sont autorisés à tourner. Il existe cependant peu ou pas de preuve directe concernant l’histoire préislamique de la Ka'bah à La Mecque. En revanche, certaines preuves indirectes significatives s’y rapportent, et elles ne vont pas dans le sens de la compréhension traditionnelle. | |||
Dans son article ''Foundations of the house'', Joseph Witztum discute ce verset ({{Quran|2|127}}). Il soutient que la scène coranique reflète un ensemble de traditions post-bibliques se fondant sur [https://www.biblegateway.com/passage/?search=Genesis%2022&version=NIV Genèse 22], où Abraham va sacrifier Isaac (dans le Coran, il s’agit d’Ismaël). Dans des traditions exégétiques ultérieures, Abraham construit un autel pour le sacrifice et Isaac s’offre volontairement. Dès ''Les Antiquités judaïques'' 1:227 de Josèphe (Ier siècle EC), Isaac aide même à la construction. Aux IVe et Ve siècles, plusieurs homélies chrétiennes (principalement syriaques) reprennent ce motif. Puis une homélie syriaque du VIe siècle de Jacques de Saroug sur Genèse 22 les décrit comme construisant non seulement un autel mais une « maison » (syriaque : *bayta*), comme dans le Coran (arabe : *bayt*). Witztum soutient que le Coran transfère cette imagerie associée à Jérusalem vers La Mecque.<ref>Joseph Witztum, [https://www.jstor.org/stable/40378843 The Foundations of the House (Q 2: 127)], Bulletin of the School of Oriental and African Studies, University of London, vol. 72, no. 1, 2009, pp. 25–40 ]<BR />Dans le Livre des Jubilés (IIe siècle AEC), un autel construit par Abraham à Hébron est mentionné. La maison d’Abraham est aussi évoquée à plusieurs reprises, mais uniquement comme son foyer ou sa maisonnée, et non comme sanctuaire).</ref> Le développement clairement tardif de l’idée qu’Abraham ait construit une maison sacrée pour y sacrifier son fils remet en question la réalité historique de ce récit, sans parler de l’idée que la Ka'bah de La Mecque en serait le lieu. Pour bien d’autres exemples d’éléments narratifs chrétiens syriaques dans le Coran, voir l’article [[Parallels Between the Qur'an and Late Antique Judeo-Christian Literature]]. | |||
Les conclusions de Witztum sont également résumées par Gabriel Said Reynolds dans son commentaire académique sur le Coran. Reynolds note par ailleurs que l’historien byzantin Sozomène du Ve siècle EC (mort en 450) rapporte que les Arabes effectuaient un pèlerinage annuel à Hébron, près de Jérusalem, où Abraham aurait reçu une visite divine (Genèse 18). Reynolds suggère que ce pèlerinage arabe a pu être ultérieurement transféré à La Mecque.<ref>Gabriel Said Reynolds, ''The Qur'an and the Bible: Text and Commentary'', New Haven and London: Yale University Press, 2018, pp. 69-70</ref> En effet, il semble étrange que ces Arabes se rendent jusqu’à Hébron en pèlerinage si la maison d’Abraham était déjà identifiée à un sanctuaire à La Mecque à cette époque. Le professeur Sean Anthony a écrit une discussion complémentaire utile sur le sujet.<ref>Sean Anthony (2018) [https://www.academia.edu/40662088 Why Does the Qur'an Need the Meccan Sanctuary? Response to Professor Gerald Hawting's 2017 Presidential Address], Journal of the International Qur'anic Studies Association, Vol. 3 pp. 25-41</ref> Patricia Crone est largement reconnue pour avoir établi que La Mecque n’avait aucune importance particulière au moment de l’émergence de l’islam, qu’elle ne se trouvait pas sur la principale route commerciale, et que son commerce portait sur des produits comme le cuir, la laine et d’autres biens pastoraux.<ref>Cette thèse a été défendue de manière décisive par Crone dans son ouvrage de 1987, ''Meccan Trade and the Rise of Islam'', puis renforcée dans son article de 1992 [https://www.jstor.org/stable/4057061 Serjeant and Meccan Trade] et son article de 2007 [https://www.jstor.org/stable/40378894 Quraysh and the Roman Army: Making Sense of the Meccan Leather Trade]</ref> | |||
Un lieu appelé Macoraba en Arabie est mentionné dans une œuvre géographique de Ptolémée au IIe siècle EC. De nombreux chercheurs universitaires pensent qu’il s’agit d’une référence à La Mecque (une hypothèse formulée pour la première fois au XVIe siècle), et certains estiment même que le nom dérive d’un ancien mot sud-arabique pour temple, *mkrb*. D'autres historiens, tels que Patricia Crone et Ian D. Morris, ont soutenu qu’il n’existe aucune raison valable de croire que Macoraba et La Mecque soient le même endroit. Cette idée n’a jamais été appuyée par une enquête académique significative, et aucune autre source ancienne n’a pu être démontrée comme décrivant La Mecque ou son temple.<ref>See the conclusion in Ian D. Morris (2018) [https://journals.library.columbia.edu/index.php/alusur/article/view/6850 Mecca and Macoraba] in: al-Usur al-wusta vol. 26 (2018)</ref> | |||
Il semble que Muhammad ait simplement poursuivi, sans le savoir, une tradition préislamique de culte et de pèlerinage à la Ka'bah. Son identification avec la maison d’Abraham n’a aucun fondement historique. Les preuves suggèrent même que l’histoire selon laquelle Abraham et son fils auraient construit une maison sacrée ne remonte pas à une grande antiquité. | |||
===Récits ultérieurs rapportés dans les hadiths=== | |||
Selon les [[hadith]], la [[Ka'bah]] à La Mecque était un centre d’adoration des idoles, abritant 360 idoles : | |||
{{Quote| {{Bukhari|3|43|658}}|D’après 'Abdullah bin Masud : | |||
Le Prophète entra à La Mecque et (à ce moment-là) il y avait trois cent soixante idoles autour de la Ka'bah. Il se mit à poignarder les idoles avec un bâton qu’il tenait en main, en récitant : « La vérité (l’islam) est venue et le mensonge (la mécréance) a disparu. »}} | |||
Dans un hadith, Muhammad affirme qu’elle a été construite 40 ans avant le Temple de Jérusalem : | |||
{{Quote| {{Bukhari|4|55|636}}|Rapporté par Abu Dhaar : Je dis : « Ô Apôtre d’Allah ! Quelle mosquée a été construite en premier ? » Il répondit : « Al-Masjid-ul-Haram. » Je demandai : « Laquelle ensuite ? » Il répondit : « Al-Masjid-ul-Aqs-a (c.-à-d. Jérusalem). » Je demandai : « Quelle fut la période entre les deux ? » Il répondit : « Quarante ans. »}} | |||
Le Temple de Jérusalem a été construit par Salomon vers 958–951 AEC, tandis qu’Abraham est censé avoir vécu vers 2000 AEC, ce qui signifie qu’Abraham et Ismaël étaient déjà morts à cette époque. | |||
Selon un autre hadith, Muhammad envisagea même de la démolir : | |||
{{Quote| {{Bukhari|1|3|128}}|Rapporté par Aswad : Ibn Az-Zubair me dit : « Aïcha te racontait en privé plusieurs choses. Que t’a-t-elle dit à propos de la Ka'ba ? » Je répondis : « Elle m’a dit qu’un jour, le Prophète a dit : ‘Ô Aïcha ! Si ton peuple n’était pas encore proche de la période préislamique d’ignorance (infidélité), j’aurais démoli la Ka'ba et j’y aurais mis deux portes : une pour entrer, l’autre pour sortir.’ » Plus tard, Ibn Az-Zubair fit de même.}} | |||
== Ḥajj (pèlerinage) == | |||
=== Langage religieux === | |||
Le spécialiste de l’islam Peter Webb (2023) remarque que le langage religieux coranique se retrouve dans la poésie préislamique, comme le mot *muʿtamir*, formé de la même racine que le terme musulman *ʿumrah*, pour désigner un pèlerin. Plusieurs poètes préislamiques emploient également le mot *ḥijaj* (litt. « pèlerinages », pluriel de *ḥijjah*) pour exprimer le concept d’« années », notamment les « années passées ». *ʿUmrah/muʿtamir*, selon Webb, ne semblent pas apparaître comme termes de datation poétique, tandis que cet aspect métaphorique est attaché uniquement à *ḥijaj*, ce qui suggère que *ḥajj* désignait probablement un pèlerinage se déroulant annuellement (ce que *ʿumrah* ne faisait pas), et qu’un schéma régulier de pèlerinages annuels appelés *ḥajj* était suffisamment établi pour que le terme « pèlerinage » serve de métaphore pour le passage du temps lui-même.<ref>Webb, Peter. "''The Hajj Before Muhammad: The Early Evidence in Poetry and Hadith"'' Millennium, vol. 20, no. 1, 2023, pp. 33-63. https://doi.org/10.1515/mill-2023-0004. ''pp. 37 - 38''</ref> Plusieurs poètes préislamiques font référence aux animaux sacrificiels du Ḥajj exactement dans les mêmes termes que ceux utilisés par le Coran, à savoir *hady*, ce qui suggère davantage une continuité qu’un changement.<ref>Ibid. pp. 47</ref> | |||
=== Rasage des cheveux === | |||
Le rituel de rasage des cheveux durant le Ḥajj, tel qu’on le trouve dans les hadiths comme :{{Quote|{{Bukhari|2|26|704}}|Ibn `Umar avait l’intention d’accomplir le Hajj l’année où Al-Hajjaj attaqua Ibn Az-Zubair. Quelqu’un dit à Ibn `Umar : « Il y a un risque de guerre imminente entre eux. » Ibn `Umar dit : « En vérité, dans le Messager d’Allah (ﷺ) vous avez un bon exemple. (Et si cela arrivait comme tu le dis), alors je ferais comme l’a fait le Messager d’Allah (ﷺ). Je vous prends à témoin que j’ai décidé d’accomplir la `Umra. » Puis il partit, et lorsqu’il atteignit Al-Baida', il dit : « Les cérémonies du Hajj et de la `Umra sont similaires. Je vous prends à témoin que j’ai rendu le Hajj obligatoire pour moi en plus de la `Umra. » Il conduisit (vers La Mecque) un Hadi qu’il avait acheté d’un endroit appelé Qudaid et ne fit rien de plus. Il n’égorgea pas le Hadi, ne termina pas son Ihram, ni ne rasa ou écourta ses cheveux jusqu’au jour du sacrifice (10 Dhul-Hijja). Ensuite, il sacrifia son Hadi, se rasa la tête et considéra que le premier Tawaf (entre Safa et Marwa) suffisait pour le Hajj et la `Umra. Ibn `Umar dit : « Le Messager d’Allah (ﷺ) fit de même. »}} Et par exemple {{Bukhari|2|26|786}}, {{Muslim|7|2992}} et {{Ibn Majah|2=4|3=25|4=3044}}, ce rituel se retrouve également dans la poésie préislamique, où Webb (2023) note :{{Quote|Webb, Peter. 2023. [https://doi.org/10.1515/mill-2023-0004 The Hajj Before Muhammad: The Early Evidence in Poetry and Hadith] pp. 41|Cependant, la référence à la Maison sacrée et à la circumambulation par ses tribus résidentes, Jurhum et Quraysh, est rapportée de manière cohérente dans les différentes versions du poème, et constitue un indice préislamique selon lequel les Quraysh étaient connus avant Muhammad comme les gardiens d’une Maison sacrée. Et, comme dans le poème de al-Nābighah ci-dessus, le rituel était digne de faire l’objet d’un serment. Dans le second poème, Zuhayr fait un autre serment :<sup>27</sup> | |||
<i>Je jurai solennellement par les campements de Minā, | |||
et par les têtes rasées et les cheveux pleins de poux.</i> | |||
Minā est le campement des pèlerins du Hajj, et le rasage des cheveux reste l’un des rituels obligatoires du Hajj pour les hommes ; le poème de Zuhayr fournit un témoignage préislamique des deux, ainsi que de leur caractère sacré reconnu à l’époque préislamique, dans la mesure où il les emploie dans un serment.}} On retrouve également cela dans le corpus d’Abū Dhuʾyab al-Hudhalī (contemporain approximatif de Muhammad).<ref>Ibid. pp. 45</ref> | |||
=== Tawaf entre Safa et Marwa === | |||
Le Tawaf entre Safa et Marwa est un rituel islamique associé au pèlerinage à La Mecque. Safa et Marwa sont deux monts situés à La Mecque. Ce rituel consiste à marcher rapidement entre les deux monts, sept fois. | |||
{{Quote|{{Quran|2|158}}|En vérité, As-Safa et Al-Marwa sont parmi les symboles d’Allah. Donc, quiconque fait le Hajj à la Maison ou accomplit la `Umra – il n’y a aucun blâme sur lui pour marcher entre eux. Et quiconque fait un acte de bien volontaire – Allah est certes Reconnaissant et Omniscient.}} | |||
Selon un hadith dans Bukhari, cela était à l’origine une pratique préislamique, ce qui pourrait expliquer la formulation « il n’y a aucun blâme sur lui » dans le verset cité ci-dessus. | |||
{{Quote| {{Bukhari|2|26|710}}|Rapporté par 'Asim : | |||
J’ai demandé à Anas bin Malik : « Avez-vous eu l’habitude de ne pas aimer faire le Tawaf entre Safa et Marwa ? » Il dit : « Oui, car cela faisait partie des cérémonies de la période préislamique d’ignorance, jusqu’à ce qu’Allah révèle : ‘En vérité ! (Les deux montagnes) As-Safa et Al-Marwa sont parmi les symboles d’Allah. Il n’y a donc aucun péché pour celui qui accomplit le pèlerinage à la Kaaba, ou fait la `Umra, à faire le Tawaf entre eux.’ » (2.158)}} | |||
Une tradition existe également selon laquelle Hagar courut entre ces deux monts à la recherche d’eau jusqu’à ce qu’elle trouve le [[puits de Zamzam]]. | |||
Cet article traite de la religion monothéiste de l'Islam et de son héritage pré-islamique païen. | Cet article traite de la religion monothéiste de l'Islam et de son héritage pré-islamique païen. | ||
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Cet article traite de la religion monothéiste de l’Islam et de son héritage arabe préislamique. Alors que le Coran a été composé dans un dialogue étendu avec la théologie et les légendes judéo-chrétiennes de l’Antiquité tardive, l’héritage de son environnement plus immédiat perdure aujourd’hui à travers les noms, les rituels et certaines croyances spécifiques.
Histoire du nom Allah et de la Basmala
- Le Livre des Idoles* de Hisham ibn al-Kalbi (mort en 819 EC) est une série de récits populaires lointains décrivant l’idolâtrie manifeste des Arabes préislamiques, avec un récit global affirmant que cela prit fin avec l’avènement de l’Islam. La recherche académique contemporaine reconnaît qu’il s’agit là d’un récit erroné, visant à créer un contraste plus net entre la période juste avant l’Islam et l’Islam lui-même.[2][3] Notre compréhension du paysage religieux dans l’Arabie préislamique est transformée au XXIe siècle par l’étude des preuves épigraphiques (inscriptions sur pierres, art rupestre et leur contexte archéologique), complétée par une étude attentive des preuves internes du Coran et des premières sources islamiques, indépendamment des œuvres historiographiques ultérieures.
À partir du IVe siècle EC, lorsque Himyar commence à adopter le judaïsme, les divinités païennes disparaissent presque complètement du registre épigraphique des écritures sud-arabiques, inaugurant ce que l’on appelle la période monothéiste dans cette région méridionale de l’Arabie. À leur place, un dieu unique, Rḥmnn (littéralement, Le Miséricordieux), commence à apparaître, devenant finalement l’épithète coranique al-Rahman (voir ci-dessous).[4] Le professeur Ahmad al-Jallad, reconnu pour ses travaux sur les langues et systèmes d’écriture de l’Arabie préislamique, note que le nom raḥmān apparaît dans plusieurs inscriptions sud-arabiques préislamiques et dérive de l’araméen juif *raḥmānā*.[5] Sigrid Kjær observe que l’usage de Rahman (ou Rahman-an avec le suffixe défini) ne devient véritablement monothéiste qu’au VIe siècle EC, étant auparavant utilisé dans un contexte monolâtre (objet unique de culte, bien que d'autres divinités soient reconnues). Le Coran présente une progression chronologique dans l’usage des théonymes : *Rabb* (seigneur) dans la première phase, puis *al-Rahman*, et finalement une utilisation presque exclusive du nom *Allah*.[6]
Le mot Allāh apparaît pour la première fois dans les archives épigraphiques comme le nom d’une des nombreuses divinités nabatéennes dans le nord de l’Arabie au Ier siècle av. J.-C. ou au Ier siècle apr. J.-C.[7] Le mot pourrait provenir d’une contraction de al-ʾilāh (le dieu), bien qu’il existe certaines difficultés linguistiques avec cette hypothèse. Quoi qu’il en soit, il s’agissait du nom d’une divinité à cette époque et rien n’indique qu’il était associé au dieu monothéiste judéo-chrétien. Le nom Abd Allah (comme le père de Muhammad) apparaît pour la première fois dans un contexte païen nabatéen. Dans ce contexte, ils utilisaient la même construction pour d'autres dieux, par exemple ʿAbdu Manōti, « serviteur de Manāt ». Dans les inscriptions safaitiques (un script utilisé dans le désert d’Arabie du Nord), le nom Allāh est parfois invoqué, mais bien moins fréquemment que d’autres divinités. Au VIe siècle apr. J.-C., le nom Allāh est appliqué dans un contexte monothéiste autour du Ḥijāz et finit par fusionner avec le terme chrétien al-ʾilāh (le dieu). Allah apparaît associé à al-Rahman (qui, dans le sud, était associé au dieu judéo-chrétien) dans une inscription basmala préislamique découverte au Yémen, comme discuté dans la section suivante.[8] Al-Jallad écrit : « Contrairement à l’Arabie du Sud, les traditions monothéistes d’Arabie du Nord aux Ve et VIe siècles invoquaient al-ʾilāh/allāh. Tandis que al-ʾilāh est attesté dans des contextes chrétiens évidents, allāh est plus rare et trouvé dans des contextes confessionnels ambigus. Il est impossible pour le moment de dire si la distinction entre les deux était simplement régionale ou si elle reflétait une scission confessionnelle. Ce qui est clair, cependant, c’est que “Raḥmān” n’était pas utilisé dans les temps préislamiques en Arabie du Nord."[9]
La Basmala
La basmala islamique, « Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux » (Bismillah Ar-Rahman Ar-Raheem), est récitée avant le début de chaque sourate et ouvre la prière de la Fātiḥa. À l’intérieur même des sourates, elle n’apparaît qu’une seule fois, dans Quran 27:30.
En 2018, la première inscription connue de la basmala préislamique a été trouvée sur une falaise au Yémen, rédigée en écriture sud-arabique : « Au nom d’Allah, Rahman ; Rahman seigneur des cieux » (bsmlh rḥmn rḥmn rb smwt). Le reste de l’inscription dit : « satisfais-nous par ta faveur, et accorde-nous son essence (c’est-à-dire la sagesse) pour compter nos jours ». En écrivant sur cette découverte, Ahmad al-Jallad date l’inscription de la fin du VIe ou du début du VIIe siècle apr. J.-C. et observe que l’ensemble de l’inscription a une qualité psalmique, probablement influencée par la liturgie juive ou chrétienne. Il interprète le second rḥmn comme rḥm-n (« aie pitié de nous »)[10] Il note également que al-Rahman était à l’origine une divinité distincte d’Allah, et non un simple qualificatif comme dans la basmala islamique. Maslamah, un prophète yéménite rival de Muhammad, adorait al-Rahman, la divinité de l’ancien royaume de Himyar. Al-Jallad propose que la basmala ait été utilisée pour synchroniser les deux pôles monothéistes de l’Arabie : Allah au nord (où les autres divinités disparaissent complètement des archives épigraphiques au VIe siècle apr. J.-C.) et al-Rahman au sud. Cette équivalence aurait probablement été introduite lors des incursions himyarites vers le nord au VIe siècle. Cette différence régionale est reflétée dans Quran 17:110. Ar-Raheem (le miséricordieux) serait alors une innovation islamique ajoutée à al-Rahman de la basmala préislamique qui, à ce moment-là, en était venu à représenter un adjectif qualifiant Allah. [11] Cette basmala préislamique, ainsi que de nombreuses autres inscriptions préislamiques, présentent des similitudes avec des expressions et une terminologie que l’on retrouve dans le Coran.[12] Rb smwt dans l’inscription (« Seigneur des cieux ») est semblable à des inscriptions sud-arabiques en langue sabéenne (mrʾ smyn w-ʾrḍn), une expression qui apparaît aussi dans des versets tels que Quran 19:65 (« Seigneur des cieux et de la terre » ; rabbu l-samāwāti wal-arḍi).[13]
Orthographe
Allāh est écrit lh dans cette inscription de basmala préislamique trouvée au Yémen, une orthographe également présente dans le nord de l’Arabie où des inscriptions bilingues safaitique-grec confirment qu’il était vocalisé allāh.[10][7] En 2022, une expédition menée par al-Jallad avec Hythem Sidky a découvert que dans les inscriptions préislamiques du VIe au début du VIIe siècle, l’orthographe des inscriptions entre Médine et Tabuk est ʾlh (qui était aussi l’orthographe nabatéenne), ou lh, ou lorsqu’il est utilisé en état de annexion (iḍāfah), lhy. Cependant, l’orthographe avec double lām ʾllh apparaît sur les inscriptions de la région entre La Mecque et Taif, ce qui est significatif en termes d’orthographe retrouvée dans le Coran. En termes d’orthographe, l’écriture avec double lām de allāh telle qu’elle apparaît dans le Coran est une pratique orthographique inhabituelle, car dans les écritures sémitiques une consonne doublée n’est généralement pas écrite deux fois.[14][7]
Croyances des mushrikīn coraniques
L’historienne Patricia Crone, dans un article détaillé sur les mushrikīn coraniques, a souligné que beaucoup croyaient en Allāh comme le dieu créateur judéo-chrétien, mais lui associaient un ou plusieurs partenaires inférieurs, généralement décrits comme des dieux mais parfois comme ses enfants, et qu’il avait pris des anges féminins pour lui-même. Parfois, ces dieux sont nommés, et la plupart ont également été retrouvés dans des inscriptions rupestres. Les mushrikīn croyaient aussi aux djinns et aux démons, et certains adoraient les corps célestes. Ahab Bdaiwi ajoute que le paganisme pur est rarement attesté tel que décrit dans les sources postérieures (comme Ibn al-Kalbī).[15][16][17]
Allāh dans la poésie préislamique
Nicolai Sinai note dans son article de 2019 Rain-Giver, Bone-Breaker, Score-Settler: Allāh in Pre-Quranic Poetry, que Allāh apparaît également dans la poésie préislamique authentique comme le nom d’un dieu extrêmement puissant, qu’on peut peut-être mieux décrire comme un « dieu suprême » des païens, et non seulement comme le Dieu judéo-chrétien reconnu par Crone. Comme d’autres chercheurs l’avaient déjà reconnu, pour les païens du Coran, Allāh était un dieu créateur avec un large éventail de pouvoirs. Dans la poésie arabe préislamique, on voit qu’ils considéraient Allāh comme le créateur des cieux et de la Terre, le maître des destinées humaines, le pourvoyeur de pluie, et un dieu qui venge les serments non tenus. Des prières et des sacrifices étaient adressés à Allāh, qui détermine l’issue des événements présents, ce qui recoupe la proclamation coranique des opposants païens. De même, les païens du Coran, comme la majorité des poètes païens préislamiques, ne considèrent pas qu’Allāh joue un rôle eschatologique (c’est-à-dire – l’idée d’un jugement universel des ressuscités).[18]
Monothéisme judéo-chrétien général en Arabie
À l’époque de Muhammad, les deux plus grands empires du Proche-Orient étaient l’Empire byzantin (romain), dont le christianisme était la religion d’État,[19] et le judaïsme y était encore pratiqué.[20] Et l’empire sassanide (perse), où l’Église nestorienne (ou Église de l’Orient), bien que n’étant pas religion d’État, était pratiquée,[21] tout comme le judaïsme.[22] Ces deux empires avaient des contacts étendus avec les tribus arabes dans les siècles précédant l’Islam.
Cela est particulièrement bien documenté à travers les factions arabes pro-romaines et pro-sassanides dirigées par deux dynasties : les Jafnides ou « Ghassānides » et les Naṣrides ou « Lakhmides »,[23] qui sont également mentionnés dans de nombreuses autres sources non arabes.[24]
Comme le note Lindstedt (2023), les Ghassānides et les Lakhmides sont parvenus à des positions importantes en tant qu’alliés et sortes d’États tampons de l’Empire byzantin et de l’Empire sassanide vers la fin du IIIe siècle de notre ère.[25] Les Ghassānides s’étaient convertis vers le Ve siècle, et les Lakhmides avant l’islam.[26] On disait que les Ghassānides possédaient une sorte d’écrit religieux, bien que l’on ne sache pas exactement lequel.[27] Les deux dynasties soutenaient le christianisme, par exemple en construisant des églises. Les élites ghassānides sont connues pour avoir construit des églises tout au long du VIe siècle selon les données archéologiques.[28] Il est possible que déjà au IVe siècle le roi lakhmide Marʾ al-Qays ibn ʿAmr se soit converti au christianisme, bien que certains datent cette conversion vers la fin du VIe siècle ; quoi qu’il en soit, des sources arabes et non arabes suggèrent que les Lakhmides et les habitants de leur territoire étaient devenus « majoritairement chrétiens » avant l’Islam, bien qu’il soit difficile d’en être certain.[29]
Il note également que la tribu des Taghlib s’est convertie à la fin du VIe siècle, comme l’atteste la poésie composée par ses membres, et que les Ṣāliḥides et Tanūkhides se sont également christianisés. Selon les preuves disponibles, la majorité des tribus de l’Arabie du Nord ont adopté le christianisme dans sa forme miaphysite.[30]
Des inscriptions monothéistes, très probablement chrétiennes, ont aussi été retrouvées au nord-ouest de l’Arabie, dans les localités d’alʿArniyyāt et Umm Jadhāyidh, en Arabie Saoudite, au nord-ouest de Madāʾin Ṣāliḥ (ancienne Hégra) et d’Al-Jawf – ces localités se situent à un peu plus de 500 km par la route de Médine, ce qui, comme le note Lindstedt, est une distance comparable aux 450 km entre La Mecque et Médine.[31] Une présence juive est également attestée à travers le Ḥijāz plusieurs siècles avant l’Islam, avec des inscriptions datant de l’an 230 de notre ère à Taymā indiquant qu’un Juif était le « chef » de la ville, et d’autres à Hégra et Dedan, y compris en arabe nabatéen, et d’autres similaires datées entre 356 et 367 de notre ère ; Hoyland remarque à ce sujet que ces deux inscriptions « sont des textes très importants pour le judaïsme en Arabie du Nord, car elles impliquent qu’au moins certains de ses membres faisaient partie de l’élite de cette société. Étant donné que ces textes sont espacés de plus de 150 ans, on peut aussi supposer une certaine stabilité de cette fonction. »[32]
Lindstedt (2023) note qu’il est très probable que la majorité des habitants de l’Arabie étaient juifs ou chrétiens,[33] avec une majorité chrétienne dans le nord, et une majorité juive dans le sud.[34] Il convient également de noter que certains auteurs de l’époque islamique (tels que des historiens, commentateurs et poètes) ont identifié plusieurs toponymes à La Mecque et dans ses environs qui suggèrent la présence de chrétiens y vivant ou y séjournant, notamment pour des pèlerinages.[35] Par exemple, al-Azraqī (mort en 837 de notre ère) rapporte qu’il existait à La Mecque un *maqbarat al-naṣārā*, c’est-à-dire un « cimetière des chrétiens » (sans autre précision). Il est difficile d’établir la date exacte et l’existence de ce cimetière, mais on peut aussi s’interroger sur la motivation qu’auraient eue les auteurs musulmans à forger une telle information (puisqu’elle va à l’encontre des traditions islamiques qui décrivent La Mecque comme une ville païenne).[36]
Au sud se trouvait le royaume himyarite (centré dans l’actuel Yémen), où le christianisme et le judaïsme ont gagné une forte influence dès le IVe siècle,[37] avec des souverains qui se sont convertis.[38] Christian Julien Robin note le développement dans la région d’un monothéisme d’inspiration juive, appelé « Raḥmānisme » par A. F. L. Beeston à cette époque.[39] Celui-ci fut ensuite conquis par le royaume chrétien d’Aksoum (ou Axoum), basé dans l’actuelle Éthiopie, Érythrée, Djibouti et Soudan, qui se trouvait à l’ouest de l’Arabie de l’autre côté de la mer Rouge, et qui exerça aussi une influence impériale sur la péninsule arabique durant les siècles précédant l’islam,[40] avant que les Perses ne l’envahissent dans la seconde moitié du VIe siècle.[41] En outre, comme le rapporte El-Badawi (2024), « le Talmud contient des preuves, peut-être datant d’environ 400 de notre ère, selon lesquelles des prêtres expulsés par la purge du temple sous Josias auraient fui Jérusalem pour se réfugier en Arabie. Ils se seraient installés parmi les Ismaélites et auraient atteint jusqu’au Ḥaḍramawt, dans le sud de l’Arabie. »[42] Comme mentionné précédemment, indépendamment de l’origine exacte des termes, la recherche académique reconnaît depuis longtemps l’influence du monothéisme judéo-chrétien dans la péninsule arabique et parmi les tribus arabes bien avant l’islam. Ces influences auraient véhiculé à la fois des récits et des concepts généraux vers le Ḥijāz, que ce soit par des tribus chrétiennes et juives vivant aux côtés de la première communauté coranique, ou simplement par des voyageurs racontant des histoires et/ou faisant du prosélytisme, des esclaves en déplacement qui les connaissaient, par le commerce, les pèlerinages, etc.
Des rapports font aussi état de violences sectaires entre groupes monothéistes concurrents en Arabie.
Holyland (2008)[43] note l’implication documentée des autorités de l’Église chrétienne syriaque dans l’émergence du christianisme arabe durant les premiers siècles de notre ère. Il met en lumière plusieurs exemples de cette interaction, comme Alexandre, évêque de Mabbugh (au nord-est de l’actuelle Alep, en Syrie), qui fit construire une église à Rusafa dédiée à saint Serge, un saint vénéré par les tribus arabes de la région. Des figures syriaques comme Jacques de Saroug et Sévère, patriarche d’Antioche, ont aussi rédigé des textes en l’honneur de saint Serge. Au début du VIe siècle, Philoxène, un autre évêque de Mabbugh, consacra les premiers évêques de Najrān dans le sud-ouest de l’Arabie. D’autres personnages notables comme Élie, un martyr originaire du sud de l’Arabie qui avait été moine au couvent de Mar Abraham de Tellā (à l’est de l’actuelle Édesse, en Turquie), ainsi que Jacques de Saroug et Jean le Psaltaire du monastère d’Aphtonios à Qenneshre (à l’est d’Alep), ont écrit des œuvres honorant les martyrs chrétiens de Najrān. Ainsi, bien qu’il n’y ait pas eu de centre établi du christianisme syriaque dans le Ḥijāz, il existait clairement des lignes de communication et d’influence qui le traversaient.[44]
Réformisme abrahamique
Muḥammad insiste sur le fait de suivre « la religion d’Abraham » plutôt que celle des juifs ou des chrétiens (Quran 2:135, Quran 3:67). Le Coran élève Ismaël, fils d’Abraham, considéré comme l’ancêtre des Arabes selon des interprétations tardives des auteurs bibliques sur les « Ismaélites »[45] (cependant, dans la Bible, c’est son autre fils Isaac avec qui l’alliance est établie, tandis qu’Ismaël en est expressément exclu).[46] Dans le Coran, Ismaël devient un prophète, et il est dit qu’il construit un temple avec Abraham (Quran 2:125-127), identifié dans la tradition islamique comme la Kaaba à La Mecque. Ce récit, qui présente les disciples de Muḥammad comme les descendants d’Ismaël, relie non seulement le monothéisme arabe à l’héritage d’Abraham par la généalogie, mais établit également une charte religieuse pour le sanctuaire mecquois et le pèlerinage, offrant ainsi à Muḥammad un fondement significatif à son message.
Michael Cook (2024) note que cette idée selon laquelle les Arabes seraient des descendants d'Abraham Quran 22:78 est antérieure au Coran, et qu’elle était bien connue des Arabes depuis des millénaires, comme le rapporte Sozomène, un chrétien (né vers 380 à Bethelea, près de Gaza, en Palestine — mort vers 450 à Constantinople, Empire byzantin [aujourd’hui Istanbul, Turquie.])[47], qui écrivait que certains avaient pris connaissance de ce fait et avaient commencé à pratiquer un monothéisme inspiré du judaïsme plutôt que le paganisme, plusieurs siècles avant l’islam.
Dans la tradition islamique
Il convient également de noter que, même dans le récit traditionnel, bien que contesté par les chercheurs modernes (comme mentionné ci-dessus), des Juifs et des Chrétiens apparaissent.
Récits des prophètes dans l’islam
Comme de nombreux chercheurs islamiques aux points de vue variés sur les origines de la religion, par exemple Nicolai Sinai,[48] Angelika Neuwirth,[49] Robert G. Hoyland,[50] Andrew Bannister[51] et Stephen Shoemaker,[52] ont souligné que le Coran semble évoquer les récits bibliques et arabes de manière allusive, supposant que le public en connaissait déjà les détails et les personnages. Cela suggère que ces récits étaient bien connus dans l’environnement où il fut prêché à l’origine, ce que confirment par ailleurs la proximité des monothéistes judéo-chrétiens, ainsi que des exemples retrouvés dans la poésie préislamique.[53]
Bannister, Andrew G.. An Oral-Formulaic Study of the Qur'an (pp. 12-13) (Kindle Edition). Lexington Books. 2014. </ref> et Stephen Shoemaker,[54] ont noté que le Coran semble rappeler des histoires bibliques et arabes de manière allusive, ce qui suppose que le public connaissait déjà l’histoire plus large et ses personnages en détail. Cela suggère que ces récits étaient largement connus dans l’environnement dans lequel ils furent initialement prêchés, et l’on observe d’autres indices de cela en lien avec la proximité de monothéistes judéo-chrétiens, avec des exemples retrouvés dans la poésie préislamique.[55]
Culte à la Ka’bah
Le Coran mentionne fréquemment un sanctuaire sûr ou une maison où ont lieu des rituels, qu’il nomme « la Ka'bah, la Maison sacrée » dans Quran 5:95-97. Traditionnellement, on l’identifie aux « fondations de la maison » élevées par Abraham et Ismaël dans Quran 2:127, ce qui est probablement l’implication visée. Voir aussi Quran 3:96, qui affirme que la première maison pour l’humanité où Abraham priait fut construite à Bakkah, généralement comprise comme étant La Mecque, ainsi que Quran 14:35-41, où la maison sacrée construite par Abraham est décrite dans les mêmes termes que la Ka'bah dans d’autres versets. Encore plus explicite est Quran 22:26-29, où le site de la maison d’Abraham est identifié à la « maison ancienne » autour de laquelle les pèlerins sont autorisés à tourner. Il existe cependant peu ou pas de preuve directe concernant l’histoire préislamique de la Ka'bah à La Mecque. En revanche, certaines preuves indirectes significatives s’y rapportent, et elles ne vont pas dans le sens de la compréhension traditionnelle.
Dans son article Foundations of the house, Joseph Witztum discute ce verset (Quran 2:127). Il soutient que la scène coranique reflète un ensemble de traditions post-bibliques se fondant sur Genèse 22, où Abraham va sacrifier Isaac (dans le Coran, il s’agit d’Ismaël). Dans des traditions exégétiques ultérieures, Abraham construit un autel pour le sacrifice et Isaac s’offre volontairement. Dès Les Antiquités judaïques 1:227 de Josèphe (Ier siècle EC), Isaac aide même à la construction. Aux IVe et Ve siècles, plusieurs homélies chrétiennes (principalement syriaques) reprennent ce motif. Puis une homélie syriaque du VIe siècle de Jacques de Saroug sur Genèse 22 les décrit comme construisant non seulement un autel mais une « maison » (syriaque : *bayta*), comme dans le Coran (arabe : *bayt*). Witztum soutient que le Coran transfère cette imagerie associée à Jérusalem vers La Mecque.[56] Le développement clairement tardif de l’idée qu’Abraham ait construit une maison sacrée pour y sacrifier son fils remet en question la réalité historique de ce récit, sans parler de l’idée que la Ka'bah de La Mecque en serait le lieu. Pour bien d’autres exemples d’éléments narratifs chrétiens syriaques dans le Coran, voir l’article Parallels Between the Qur'an and Late Antique Judeo-Christian Literature.
Les conclusions de Witztum sont également résumées par Gabriel Said Reynolds dans son commentaire académique sur le Coran. Reynolds note par ailleurs que l’historien byzantin Sozomène du Ve siècle EC (mort en 450) rapporte que les Arabes effectuaient un pèlerinage annuel à Hébron, près de Jérusalem, où Abraham aurait reçu une visite divine (Genèse 18). Reynolds suggère que ce pèlerinage arabe a pu être ultérieurement transféré à La Mecque.[57] En effet, il semble étrange que ces Arabes se rendent jusqu’à Hébron en pèlerinage si la maison d’Abraham était déjà identifiée à un sanctuaire à La Mecque à cette époque. Le professeur Sean Anthony a écrit une discussion complémentaire utile sur le sujet.[58] Patricia Crone est largement reconnue pour avoir établi que La Mecque n’avait aucune importance particulière au moment de l’émergence de l’islam, qu’elle ne se trouvait pas sur la principale route commerciale, et que son commerce portait sur des produits comme le cuir, la laine et d’autres biens pastoraux.[59]
Un lieu appelé Macoraba en Arabie est mentionné dans une œuvre géographique de Ptolémée au IIe siècle EC. De nombreux chercheurs universitaires pensent qu’il s’agit d’une référence à La Mecque (une hypothèse formulée pour la première fois au XVIe siècle), et certains estiment même que le nom dérive d’un ancien mot sud-arabique pour temple, *mkrb*. D'autres historiens, tels que Patricia Crone et Ian D. Morris, ont soutenu qu’il n’existe aucune raison valable de croire que Macoraba et La Mecque soient le même endroit. Cette idée n’a jamais été appuyée par une enquête académique significative, et aucune autre source ancienne n’a pu être démontrée comme décrivant La Mecque ou son temple.[60]
Il semble que Muhammad ait simplement poursuivi, sans le savoir, une tradition préislamique de culte et de pèlerinage à la Ka'bah. Son identification avec la maison d’Abraham n’a aucun fondement historique. Les preuves suggèrent même que l’histoire selon laquelle Abraham et son fils auraient construit une maison sacrée ne remonte pas à une grande antiquité.
Récits ultérieurs rapportés dans les hadiths
Selon les hadith, la Ka'bah à La Mecque était un centre d’adoration des idoles, abritant 360 idoles :
Dans un hadith, Muhammad affirme qu’elle a été construite 40 ans avant le Temple de Jérusalem :
Le Temple de Jérusalem a été construit par Salomon vers 958–951 AEC, tandis qu’Abraham est censé avoir vécu vers 2000 AEC, ce qui signifie qu’Abraham et Ismaël étaient déjà morts à cette époque.
Selon un autre hadith, Muhammad envisagea même de la démolir :
Ḥajj (pèlerinage)
Langage religieux
Le spécialiste de l’islam Peter Webb (2023) remarque que le langage religieux coranique se retrouve dans la poésie préislamique, comme le mot *muʿtamir*, formé de la même racine que le terme musulman *ʿumrah*, pour désigner un pèlerin. Plusieurs poètes préislamiques emploient également le mot *ḥijaj* (litt. « pèlerinages », pluriel de *ḥijjah*) pour exprimer le concept d’« années », notamment les « années passées ». *ʿUmrah/muʿtamir*, selon Webb, ne semblent pas apparaître comme termes de datation poétique, tandis que cet aspect métaphorique est attaché uniquement à *ḥijaj*, ce qui suggère que *ḥajj* désignait probablement un pèlerinage se déroulant annuellement (ce que *ʿumrah* ne faisait pas), et qu’un schéma régulier de pèlerinages annuels appelés *ḥajj* était suffisamment établi pour que le terme « pèlerinage » serve de métaphore pour le passage du temps lui-même.[61] Plusieurs poètes préislamiques font référence aux animaux sacrificiels du Ḥajj exactement dans les mêmes termes que ceux utilisés par le Coran, à savoir *hady*, ce qui suggère davantage une continuité qu’un changement.[62]
Rasage des cheveux
Le rituel de rasage des cheveux durant le Ḥajj, tel qu’on le trouve dans les hadiths comme :
Et par exemple Sahih Bukhari 2:26:786, Sahih Muslim 7:2992 et Sunan Ibn Majah 4:25:3044, ce rituel se retrouve également dans la poésie préislamique, où Webb (2023) note :
Je jurai solennellement par les campements de Minā,
et par les têtes rasées et les cheveux pleins de poux.
Minā est le campement des pèlerins du Hajj, et le rasage des cheveux reste l’un des rituels obligatoires du Hajj pour les hommes ; le poème de Zuhayr fournit un témoignage préislamique des deux, ainsi que de leur caractère sacré reconnu à l’époque préislamique, dans la mesure où il les emploie dans un serment.On retrouve également cela dans le corpus d’Abū Dhuʾyab al-Hudhalī (contemporain approximatif de Muhammad).[63]
Tawaf entre Safa et Marwa
Le Tawaf entre Safa et Marwa est un rituel islamique associé au pèlerinage à La Mecque. Safa et Marwa sont deux monts situés à La Mecque. Ce rituel consiste à marcher rapidement entre les deux monts, sept fois.
Selon un hadith dans Bukhari, cela était à l’origine une pratique préislamique, ce qui pourrait expliquer la formulation « il n’y a aucun blâme sur lui » dans le verset cité ci-dessus.
Une tradition existe également selon laquelle Hagar courut entre ces deux monts à la recherche d’eau jusqu’à ce qu’elle trouve le puits de Zamzam.
Cet article traite de la religion monothéiste de l'Islam et de son héritage pré-islamique païen.
Cultes à la Ka'aba
Selon les hadiths, la Ka'aba à La Mecque était le centre de l'adoration d’idoles, comprenant environs 360 temples d’idoles différents:
Le prophète s'est débarrassé des 360 idoles mais a gardé pour l'islam, la Ka'aba et sa Pierre Noire, en justifiant qu'Abraham et Ismaël l'avaient construite. Même si il n'y a aucune preuve archéologique de l'existence de la Ka'aba quelques centaines d'années avant la naissance de Mahomet. En fait, les propres mots de Mahomet réfutent tout lien qu'il voulait faire avec Abraham, Ismaël et la Ka'aba.
Le Coran dit qu'Abraham l'a construite :
Mahomet ajoute qu'elle a été construite 40 ans avant le Temple de Jérusalem :
Le temple de Jérusalem a été batie par Salomon autour de 958-951 av J-C. Alors à en croire Mahomet, la Ka’aba doit avoir été construite approximativement en 998-991 av J-C. En revanche, Abraham a vécu aux alentours du XXe siècle av J-C donc Abraham et même Ismaël devaient être morts en ces temps-là.
Si l'on considère que Mahomet dit vrai, alors le Coran (et par cette même occasion Allah sont faux. Même si le Coran a juste sur le fait qu'Abraham et Ismaël ait construit la Ka'aba, c'est dans ce cas Mahomet et les hadith sahihs qui sont faux.
En réalité, la Ka'aba n'a rien à voir avec Abraham et Ismaël. C'est un patrimoine totalement païen. Le professeur égyptien et en premier lieu le modèle de la littérature arabe : le Dr. Taha Hussein a dit ce qui suit :
Par ailleurs, selon des hadiths sahihs, Mahomet avait même prévu son démantèlement :
Le culte de la Ka'aba et le baiser sur la Pierre Noire sont juste les premières pratiques adoptés du VIIe siècle du paganisme et introduits au sein de la religion monothéiste de l'Islam.
Vénération de la Pierre Noire
Les dieux païens de la péninsule arabique pré-islamique étaient adorés sous la forme de rocher ou pierre rectangulaire. Par exemple la déité païenne 'Al-Lat', mentionné dans le Coran en 53:19 (Quran 53:19) et considéré par les païens pré-islamique comme la fille d'Allah, était vénérée sous la forme d'un rocher cubique à Ta'if en Arabie Saoudite. Un édifice a été bâti au dessus de cet roche pour marquer son lieu de culte.
Il est indéniable que la Pierre Noire était l'une des pierres et idoles vénérés à la Ka'aba par les païens de l'époque pré-islamique. La Pierre Noire était d'ailleurs embrassée durant les prières des païens pré-islamique. Même si Mahomet a abandonné 360 autres objets de la ka'aba, il a retenu parmi eux la Pierre Noire et a fait perduré la tradition du baiser de celle-ci. C'est la même pierre que les païens antérieurs à Mahomet embrassaient que les musulmans d'aujourd'hui embrasse en faisant leur pèlerinage à La Mecque.
Prier cinq fois vers la Mecque
Les païens ayant vécu avant l'Islam devaient prier cinq fois par jour vers La Mecque[67]. Mohammed l'a conservé pour la religion musulmane, cette pratique pré-islamique est évoquée dans un hadith qui conte la montée au ciel de Mohammed durant une nuit sur créature mythique appelée Al-Buraq, Allah dit à Mahomet une fois arrivé là-haut qu'il faut que chaque musulman réalise 50 prières par jour. A la suite des conseils de Moïse, Mahomet marchande avec Allah et réduit le nombre de prières à 5.
Les zoroastriens ont également comme attente de réciter leurs prières (kusti) au moins cinq fois par jour après s'être purifié par des ablutions. Donc même aujourd'hui ce n'est pas une pratique pure à l'Islam [68]. Mais contrairement aux musulmans, ils prient en direction du Soleil (à n'importe quel moment de la journée) et/ou du Feu Sacrée (si ils sont dans le Temple du feu). [69]
Jeuner le 10 du Mouharram
Les membres de la tribu païenne de Mahomet, les Quraychites, jeûnaient le 10 du mois de Mouharram. Bien que facultatif, Mahomet aurait préservé cette tradition païenne aussi.
Tawaf entre Safâ and Marwah
Faire la circumambulation entre Safä et Marwah est un rituel islamique associé au pèlerinage à La Mecque. Safä et Marwars sont deux collines situées à La Mecque. Ce rituel repose sur une marche frénétique entre les deux monts, cela répété sept fois. L'origine vient d'une pratique pré-islamique encore païenne que Mahomet a gardé pour l'Islam, ordonné par une autre révélation coranique. [70]
Ces hadiths sahihs attestent clairement que Mahomet a adopté cette cérémonie païenne de la "période d'ignorance" pré-islamique et il l'a justifie avec une autre révélation coranique convenue.
Un mythe a aussi été crée autour du personnage d'Agar qui courait entre ces deux monts pour trouver de l'eau jusqu'à ce qu'elle trouve de l'eau de Zamzam. Même si cette histoire était vraie, quelle est la raison qui a poussé ces musulmans à faire le va-et-vient entre les deux monts pour plaire à un dieu. Cependant ce mythe n'a pas été fabriqué pour accentuer la justification du rituel, mais pour une tout autre raison : Mahomet essayait de vendre du Zamzam, appartenant à sa famille, comme une entreprise financière.
Exigence de l'Ihram
L'ihram est l'état du musulman qui entre au pèlerinage à La Mecque. Il comprend une série de procédures comme des rituels d'ablutions, le port de vêtement "Ihrmam", etc... L'Ihram était originalement une condition païenne pour adorer les idoles de la période pré-islamique. Mahomet a conservé cette pratique pour l'Islam. Les musulmans doivent se soumettre à l'Ihram pour effectuer le Hajj ou la Oumra.
Les sept circumambulations
La circumambulation consiste à se joindre dans un cercle autour d'un objet spécifique. Dans l'Islam, les adorateurs et les pèlerins font cela autour de la Ka'aba à La Mecque. Les païens de la période pré-islamique avaient l'habitude d’exécuter aussi ce rituel pour satisfaire le dieu lune Hubal, les 360 déités et Allah (qui était simplement compté par les nombreuses déités adorés ici). Mahomet lui-même suivait ce rituel, même avant que les 360 idôles à l'intérieur de la Ka'aba soient détruites.
Le Judaïsme et le Christianisme (qui sont appelés dans l'Islam les gens du Livre) ne pratiquent pas ce rituel de circumambulation pour contenter Dieu. Deux autres religions qui sont l'Hindouisme et le Bouddhisme qui détiennet aussi cette pratique, religions qui sont d'ailleurs antérieures à l'Islam et accusés par cette même religion de "païens" et de commettre de l’idolâtrie.
Le symbole du croissant de lune
Hubal était le dieu lune adoré à la Ka'aba. Le croissant de lune était le symbole de Hubal. Le grand-père païen de Mahomet : Abd al-Muttalib a failli sacrifier Abdhallah, le père de Mahomet à la Ka'aba, pour Hubal. D'après Ibn Hisham :
La Ka'aba, sanctuaire le plus sacré de l'Islam, fut un endroit où de telles sacrifices humains ont eut lieu pour Hubal. Quand Mahomet a instauré l'Islam, il a discrédité Hubal. Pendant la bataille de Badr, son ennemi Abu Sufyan a prié la transcendance du dieu lune Hubal invoquant "Ô Hubal, soit grand". Mahomet a ensuite demandé à ses partisans de crier en retour "Allah est plus grand." [72]
Est-ce que le dieu lune Hubal n'est désormais plus le "plus grand" ? Est-ce que l'Islam est complètement libéré de l'influence de la lune ? Regardez attentivement les mosquées partout dans le monde et vous serez susceptibles de voir le symbole de Hubal, le croissant de lune, positionné à la plus haute hauteur de la mosquée. Équivalent à la croix du Christianisme et à l'étoile de David pour le Judaïsme, le croissant de lune est maintenant un symbole universel pour l'Islam.
Il est aussi possible que l'adoration de Hubal ne soit pas sans conséquence sur l'Islam. Et en effet, curieusement, la prière païenne de l'ennemi de Mahomet, Abu Sufyan, était "Ô Hubal, soit grand".
Liens externes
- Les origines religieuses païennes de l'Islam (ang) - Answering Islam
- L'influence de l'animisme sur l'Islam (ang) - Online book by Samuel M. Zwemer, F.R.G.S.
Références
- ↑ Ahmad al-Jallad (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance, pp. 3, 6
- ↑ Voir l’introduction du chapitre en accès libre : Ahmad Al-Jallad (2022), The Religion and Rituals of the Nomads of Pre-Islamic Arabia: A Reconstruction based on the Safaitic Inscriptions in (ed. Zhi Chen et al.), Ancient Languages and Civilizations, Volume: 1, Leiden: Brill
- ↑ Patricia Crone' The Religion of the Quranic Pagans: God and the Lesser Deities, Arabica 57 (2010) p. 171 ff.
- ↑ Voir p. 122 dans Ahmad al-Jallad (2020) Chapter 7: The Linguistic Landscape of pre-Islamic Arabia - Context for the Qur’an in Mustafa Shah (ed.), Muhammad Abdel Haleem (ed.), "The Oxford Handbook of Qur'anic Studies", Oxford: Oxford University Press
- ↑ Il écrit également : "En Arabie du Sud, le nom divin rḥmnn/raḥmān-ān/ ‘le Raḥmān’ se réfère à la divinité de la période monothéiste, qui a été fortement influencée par le judaïsme, voire même en est dérivée, et est donc probablement une traduction calquée de *rḥmnʾ*.
Ahmad al-Jallad (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance, pp. 7-8 - ↑ Kjær, Sigrid (2022). ‘Rahman’ before Muhammad: A pre-history of the First Peace (Sulh) in Islam, Modern Asian Studies, 56(3), 776-795. doi:10.1017/S0026749X21000305
"Il est important de souligner que, sur la base d’une datation approximative des sourates coraniques, les théonymes dans l’écriture islamique semblent avoir évolué en trois phases. Dans la phase la plus ancienne, le Coran utilise *rabb*, passe ensuite à *al-Rahman*, pour finalement aboutir à une utilisation presque exclusive de *Allah* dans les sourates plus tardives. *Rabb* signifiait simplement « Seigneur » et était utilisé pour des divinités immanentes liées à des sanctuaires. Son usage dans les premières parties du Coran correspond également à un usage monolâtre et immanentiste. En revanche, *al-Rahman* était clairement associé à Moïse dans le Coran et au rejet du culte des images, ce qui apparaît dans les versets mecquois ultérieurs. Finalement, *Allah* devient le théonyme universel, englobant à la fois *Rabb* et *al-Rahman*, au service d’un monothéisme abrahamique pleinement biblique qui prit forme à Médine."
Dans une note de bas de page, Kjær ajoute : "La réticence initiale à utiliser le théonyme Allah pourrait avoir été due à ses origines polythéistes.", citant Böwering, Gerhard, ‘Chronology and the Qur’ān’, dans *Encyclopaedia of the Qur’ān* (Leiden : Brill, 2001), p. 329 - ↑ 7,0 7,1 et 7,2 See the start of Appendix 1 (p. 93) in the open access chapter: Ahmad Al-Jallad (2022), The Religion and Rituals of the Nomads of Pre-Islamic Arabia: A Reconstruction based on the Safaitic Inscriptions in (ed. Zhi Chen et al.), Ancient Languages and Civilizations, Volume: 1, Leiden: Brill
- ↑ See this twitter thread by leading linguist in the history of Arabic, Dr Marijn van Putten - 19 October 2021 (archive)
- ↑ Ahmad al-Jallad (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance, page 14
- ↑ 10,0 et 10,1 Ahmad al-Jallad (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance, pp. 6-7
- ↑ Ahmad al-Jallad (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance, page 13 ff
- ↑ Ahmad al-Jallad (2020) Chapter 7: The Linguistic Landscape of pre-Islamic Arabia - Context for the Qur’an in Mustafa Shah (ed.), Muhammad Abdel Haleem (ed.), "The Oxford Handbook of Qur'anic Studies", Oxford: Oxford University Press, pp. 121 ff
- ↑ Ahmad al-Jallad (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance, page 8
- ↑ Voir de 18 à 27 minutes dans Ahmad Al-Jallad II: The History of Pre-Islamic Arabia based on Epigraphic Evidence - youtube.com - 20 mars 2023
- ↑ Patricia Crone' The Religion of the Quranic Pagans: God and the Lesser Deities, Arabica 57 (2010) 151-200
- ↑ Voir l’article de blog du Dr Ahab Bdaiwi résumant ses conclusions Arabian Monotheism before Islam: Some Notes on the Mushrikūn of the Qurʾan - 26 octobre 2021
- ↑ Voir aussi ce fil plus ancien Twitter.com thread par le Dr Ahab Bdaiwi - 12 août 2020 (archive) et celui-ci - 26 mai 2021 (archive)
- ↑ Rain-Giver, Bone-Breaker, Score-Settler: Allāh in Pre-Quranic Poetry, New Haven, Connecticut: American Oriental Society, 2019. Essay 15. Nicolai Sinai.
- ↑ Did the Byzantine Empire practice Christianity? Byzantine Empire Article. Home. Geography & Travel Historical Places. Britannica Questions.
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- ↑ Muḥammad and His Followers in Context: The Religious Map of Late Antique Arabia: 209 (Islamic History and Civilization) Nov. 2023. Ilkka Lindstedt. pp. 104
- ↑ Ibid. pp. 102-103
- ↑ Ibid. pp. 107
- ↑ Ibid. pp. 107-108
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- ↑ Ibid. pp. 102-103
- ↑ Ibid. pp. 108-109
- ↑ Ibid. pp. 60
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- ↑ H˙imyar, Aksūm, and Arabia Deserta in Late Antiquity. The Epigraphic Evidence. Christian Julien Robin. Found in: Fisher, Greg. Arabs and Empires before Islam (p. 129-130). OUP Oxford. If one takes into account that no known inscription contemporary to this period displays an orientation favourable to Christianity, one can conclude that the H ˙ imyarite rulers had founded a new religion inspired from Judaism, called ‘Rah˙mānism’ by A. F. L. Beeston, although the term ‘Judaeo-Monotheism’ is preferable. This new religion formalized a type of belief in Judaism seen elsewhere in the Mediterranean world, whose followers might be called ‘fearers of God’ (metuentes and theosebeis).7 It is relevant to note that one H ˙ imyarite inscription clearly reflects this notion, asking that ‘God, Lord of the Sky and the Earth, grants | fear (s ˙ bs¹, probably a borrowing from Greek sebas) of His Name’ (see 3.5).
- ↑ Bowersock, G.W.. The Throne of Adulis: Red Sea Wars on the Eve of Islam (Emblems of Antiquity). Oxford University Press.
- ↑ Aksum | ancient kingdom, Africa | Historical Places | Geography & Travel. Britannica Entry
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- ↑ Robert Hoyland, "Epigraphy and the linguistic background to the Qur’an" in The Quran in Its Historical Context (2008), edited by Gabriel Said Reynolds, pp. 59-60.
- ↑ Ibid. pp. 60.
- ↑ Fisher, Greg. Arabs and Empires before Islam (p. 367). OUP Oxford. 2015. Aucun passage de la Bible hébraïque ou de la Septante n’identifie explicitement ce groupe comme des “Arabes”, et un passage du livre des Jubilés (écrit au IIe siècle av. J.-C.), qui pourrait le faire, s’est révélé peu concluant.348 Bien que deux auteurs hellénistiques tardifs identifient les Arabes comme les Ismaélites, l’identification claire entre Arabes et Ismaélites n’est apparue que plus tard, chez l’historien juif Flavius Josèphe (37–env. 100).349
- ↑ Cook, Michael. A History of the Muslim World: From Its Origins to the Dawn of Modernity (p. 58). Princeton University Press. 2024.
- ↑ Sozomen | Christian lawyer | Byzantine historian | Britannica Entry
- ↑ Sinai, Nicolai. Qur'an: A Historical-Critical Introduction (The New Edinburgh Islamic Surveys) (p. 105) (Kindle Edition). Edinburgh University Press. Such an allusive invocation of Biblical figures and narratives characterises the Qur’an throughout: familiarity with a broad body of Biblical and Biblically inspired lore is simply taken for granted.27 Footnote 27 (pp124): Thus, Griffith (The Bible in Arabic, p. 57) speaks of ‘the Islamic scripture’s unspoken and pervasive confidence that its audience is thoroughly familiar with the stories of the biblical patriarchs and prophets, so familiar in fact that there is no need for even the most rudimentary form of introduction’.
- ↑ The catalogue of punishment legends that is here presented only in a list form is the first of its kind in the Qur’an. It evokes events apparently already known to the hearers, wherein the local and Arab (ʿĀd, Thamūd, here mentioned for the first time) are brought together with the biblical (Firʿawn, likewise for the first time in this passage) without differentiation. Neuwirth, Angelika. The Qur'an: Text and Commentary, Volume 1: Early Meccan Suras: Poetic Prophecy (p. 117) (Kindle Edition). Yale University Press.
- ↑ Hoyland, Robert G.. Arabia and the Arabs: From the Bronze Age to the Coming of Islam (Peoples of the Ancient World) (p. 222-223). Taylor & Francis.
- ↑ The Qur’an frequently mentions biblical characters and episodes in a manner which suggests that the reader is clearly expected to be familiar with them. Bannister, Andrew G.. An Oral-Formulaic Study of the Qur'an (pp. 12-13) (Kindle Edition). Lexington Books. 2014.
- ↑ At the most general level, the Qurʾān reveals a monotheist religious movement grounded in the biblical and extra-biblical traditions of Judaism and Christianity, to which certain uniquely “Arab” traditions have been added. These traditions, however, are often related in an allusive style, which seems to presuppose knowledge of the larger narrative on the part of its audience. Shoemaker, Stephen J.. The Death of a Prophet (Divinations: Rereading Late Ancient Religion) (Kindle Locations 2691-2694). University of Pennsylvania Press, Inc.. Kindle Edition.
- ↑ Sinai, Nicolai. “Religious Poetry from the Quranic Milieu: Umayya b. Abī l-Ṣalt on the Fate of the Thamūd.” Bulletin of the School of Oriental and African Studies 74, no. 3 (2011): 397–416. https://doi.org/10.1017/S0041977X11000309.
- ↑ At the most general level, the Qurʾān reveals a monotheist religious movement grounded in the biblical and extra-biblical traditions of Judaism and Christianity, to which certain uniquely “Arab” traditions have been added. These traditions, however, are often related in an allusive style, which seems to presuppose knowledge of the larger narrative on the part of its audience. Shoemaker, Stephen J.. The Death of a Prophet (Divinations: Rereading Late Ancient Religion) (Kindle Locations 2691-2694). University of Pennsylvania Press, Inc.. Kindle Edition.
- ↑ Sinai, Nicolai. “Religious Poetry from the Quranic Milieu: Umayya b. Abī l-Ṣalt on the Fate of the Thamūd.” Bulletin of the School of Oriental and African Studies 74, no. 3 (2011): 397–416. https://doi.org/10.1017/S0041977X11000309.
- ↑ Joseph Witztum, The Foundations of the House (Q 2: 127), Bulletin of the School of Oriental and African Studies, University of London, vol. 72, no. 1, 2009, pp. 25–40 ]
Dans le Livre des Jubilés (IIe siècle AEC), un autel construit par Abraham à Hébron est mentionné. La maison d’Abraham est aussi évoquée à plusieurs reprises, mais uniquement comme son foyer ou sa maisonnée, et non comme sanctuaire). - ↑ Gabriel Said Reynolds, The Qur'an and the Bible: Text and Commentary, New Haven and London: Yale University Press, 2018, pp. 69-70
- ↑ Sean Anthony (2018) Why Does the Qur'an Need the Meccan Sanctuary? Response to Professor Gerald Hawting's 2017 Presidential Address, Journal of the International Qur'anic Studies Association, Vol. 3 pp. 25-41
- ↑ Cette thèse a été défendue de manière décisive par Crone dans son ouvrage de 1987, Meccan Trade and the Rise of Islam, puis renforcée dans son article de 1992 Serjeant and Meccan Trade et son article de 2007 Quraysh and the Roman Army: Making Sense of the Meccan Leather Trade
- ↑ See the conclusion in Ian D. Morris (2018) Mecca and Macoraba in: al-Usur al-wusta vol. 26 (2018)
- ↑ Webb, Peter. "The Hajj Before Muhammad: The Early Evidence in Poetry and Hadith" Millennium, vol. 20, no. 1, 2023, pp. 33-63. https://doi.org/10.1515/mill-2023-0004. pp. 37 - 38
- ↑ Ibid. pp. 47
- ↑ Ibid. pp. 45
- ↑ Comme cité dans Mizan al-Islam de Anwar al-Jundi, p. 170
- ↑ Le livre des idoles, p 14; (traduit par Kitab Al-Asnam) de Hisham Ibn-Al-Kalbi, 819 CE, traduction par Nabih Amin Faris (passage retranscrit en français), 1952
- ↑ Encyclopedia Britannica - Arabian Religions (Encyclopédie britannique - Religions arabes), p1059, 1979
- ↑ The Encyclopedia of Islam (edited by Eliade) (L'encyclopédie de l'Islam (édité par Eliade) P. 303FF
- ↑ Bowker, John, The Oxford Dictionary of World Religions (Le dictionnaire d'Oxford des religions du monde), New York, Oxford University Press, 1997, pp. 763-764
- ↑ Joseph H. Peterson - [[[:Modèle:Reference archive]] GAHS (prayers for each period of the day)] - Avesta Zoroastrian Archives, accessed May 27, 2011
- ↑ "As Safa et Al Marwah sont vraiment parmi les lieux sacrés d'Allah. Donc, quiconque fait pèlerinage à la Maison ou fait l'Umra ne commet pas de péché en faisant le va-et-vient entre ces deux monts. Et quiconque fait de son propre gré une bonne oeuvre, alors Allah est Reconnaissant, Omniscient. (Islamfrance)" - Quran 2:158
- ↑ Ibn Hisham 1/151-155; Rahmat-ul-lil'alameen 2/89,90
- ↑ "... Après cela, il commença à réciter joyeusement "Ô Hubal, le grand ! (1)", sur ce le prophète dit à ses compagnons "Pourquoi ne lui répondez-vous pas en retour", ils ont dit "Ô apôtre d'Allah, que devons-nous dire ? ", il dit, "Dites : Allah est Plus Grand et Plus Sublime encore."..." - (Sahih Bukhari 4:52:276)