« Les origines païennes de l'Islam » : différence entre les versions

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==Histoire du nom Allah et de la Basmala==
==Histoire du nom Allah et de la Basmala==
Voir aussi: ''[https://al-kalam.fr/rites-et-croyances/allah/au-nom-dallah/ Au nom d'Allah], Al-Kalam.''


*Le Livre des Idoles* de Hisham ibn al-Kalbi (mort en 819 EC) est une série de récits populaires lointains décrivant l’idolâtrie manifeste des Arabes préislamiques, avec un récit global affirmant que cela prit fin avec l’avènement de l’Islam. La recherche académique contemporaine reconnaît qu’il s’agit là d’un récit erroné, visant à créer un contraste plus net entre la période juste avant l’Islam et l’Islam lui-même.<ref>Voir l’introduction du chapitre en accès libre : Ahmad Al-Jallad (2022), [https://www.academia.edu/45498003/Al_Jallad_Pre_Print_Draft_The_Religion_and_Rituals_of_the_Nomads_of_Pre_Islamic_Arabia_A_Reconstruction_based_on_the_Safaitic_Inscriptions The Religion and Rituals of the Nomads of Pre-Islamic Arabia: A Reconstruction based on the Safaitic Inscriptions] in (ed. Zhi Chen et al.), Ancient Languages and Civilizations, Volume: 1, Leiden: Brill</ref><ref>Patricia Crone' [https://www.ias.edu/sites/default/files/hs/Crone_Articles/Crone_Quranic_Deities.pdf The Religion of the Quranic Pagans: God and the Lesser Deities], Arabica 57 (2010) p. 171 ff.</ref> Notre compréhension du paysage religieux dans l’Arabie préislamique est transformée au XXIe siècle par l’étude des preuves épigraphiques (inscriptions sur pierres, art rupestre et leur contexte archéologique), complétée par une étude attentive des preuves internes du Coran et des premières sources islamiques, indépendamment des œuvres historiographiques ultérieures.
Le Livre des Idoles de Hisham ibn al-Kalbi (mort en 819 EC) est une série de récits populaires lointains décrivant l’idolâtrie manifeste des Arabes préislamiques, avec un récit global affirmant que cela prit fin avec l’avènement de l’Islam. La recherche académique contemporaine reconnaît qu’il s’agit là d’un récit erroné, visant à créer un contraste plus net entre la période juste avant l’Islam et l’Islam lui-même.<ref>Voir l’introduction du chapitre en accès libre : Ahmad Al-Jallad (2022), [https://www.academia.edu/45498003/Al_Jallad_Pre_Print_Draft_The_Religion_and_Rituals_of_the_Nomads_of_Pre_Islamic_Arabia_A_Reconstruction_based_on_the_Safaitic_Inscriptions The Religion and Rituals of the Nomads of Pre-Islamic Arabia: A Reconstruction based on the Safaitic Inscriptions] in (ed. Zhi Chen et al.), Ancient Languages and Civilizations, Volume: 1, Leiden: Brill</ref><ref>Patricia Crone' [https://www.ias.edu/sites/default/files/hs/Crone_Articles/Crone_Quranic_Deities.pdf The Religion of the Quranic Pagans: God and the Lesser Deities], Arabica 57 (2010) p. 171 ff.</ref> Notre compréhension du paysage religieux dans l’Arabie préislamique est transformée au XXIe siècle par l’étude des preuves épigraphiques (inscriptions sur pierres, art rupestre et leur contexte archéologique), complétée par une étude attentive des preuves internes du Coran et des premières sources islamiques, indépendamment des œuvres historiographiques ultérieures.


À partir du IVe siècle EC, lorsque Himyar commence à adopter le judaïsme, les divinités païennes disparaissent presque complètement du registre épigraphique des écritures sud-arabiques, inaugurant ce que l’on appelle la période monothéiste dans cette région méridionale de l’Arabie. À leur place, un dieu unique, ''Rḥmnn'' (littéralement, Le Miséricordieux), commence à apparaître, devenant finalement l’épithète coranique al-Rahman (voir ci-dessous).<ref>Voir p. 122 dans Ahmad al-Jallad (2020) [https://www.academia.edu/43141064 Chapter 7: The Linguistic Landscape of pre-Islamic Arabia - Context for the Qur’an] in Mustafa Shah (ed.), Muhammad Abdel Haleem (ed.), "The Oxford Handbook of Qur'anic Studies", Oxford: Oxford University Press</ref> Le professeur Ahmad al-Jallad, reconnu pour ses travaux sur les langues et systèmes d’écriture de l’Arabie préislamique, note que le nom raḥmān apparaît dans plusieurs inscriptions sud-arabiques préislamiques et dérive de l’araméen juif *raḥmānā*.<ref>Il écrit également : "En Arabie du Sud, le nom divin rḥmnn/raḥmān-ān/ ‘le Raḥmān’ se réfère à la divinité de la période monothéiste, qui a été fortement influencée par le judaïsme, voire même en est dérivée, et est donc probablement une traduction calquée de *rḥmnʾ*.<BR />Ahmad al-Jallad [https://www.academia.edu/43388891 (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance], pp. 7-8</ref> Sigrid Kjær observe que l’usage de Rahman (ou Rahman-an avec le suffixe défini) ne devient véritablement monothéiste qu’au VIe siècle EC, étant auparavant utilisé dans un contexte monolâtre (objet unique de culte, bien que d'autres divinités soient reconnues). Le Coran présente une progression chronologique dans l’usage des théonymes : *Rabb* (seigneur) dans la première phase, puis *al-Rahman*, et finalement une utilisation presque exclusive du nom *Allah*.<ref>Kjær, Sigrid (2022). [https://www.cambridge.org/core/journals/modern-asian-studies/article/rahman-before-muhammad-a-prehistory-of-the-first-peace-sulh-in-islam/280B60BFF68749648057202B29C7C8F0 ‘Rahman’ before Muhammad: A pre-history of the First Peace (Sulh) in Islam], Modern Asian Studies, 56(3), 776-795. doi:10.1017/S0026749X21000305<BR />
À partir du IVe siècle EC, lorsque Himyar commence à adopter le judaïsme, les divinités païennes disparaissent presque complètement du registre épigraphique des écritures sud-arabiques, inaugurant ce que l’on appelle la période monothéiste dans cette région méridionale de l’Arabie. À leur place, un dieu unique, ''Rḥmnn'' (littéralement, Le Miséricordieux), commence à apparaître, devenant finalement l’épithète coranique al-Rahman (voir ci-dessous).<ref>Voir p. 122 dans Ahmad al-Jallad (2020) [https://www.academia.edu/43141064 Chapter 7: The Linguistic Landscape of pre-Islamic Arabia - Context for the Qur’an] in Mustafa Shah (ed.), Muhammad Abdel Haleem (ed.), "The Oxford Handbook of Qur'anic Studies", Oxford: Oxford University Press</ref> Le professeur Ahmad al-Jallad, reconnu pour ses travaux sur les langues et systèmes d’écriture de l’Arabie préislamique, note que le nom raḥmān apparaît dans plusieurs inscriptions sud-arabiques préislamiques et dérive de l’araméen juif *raḥmānā*.<ref>Il écrit également : "En Arabie du Sud, le nom divin rḥmnn/raḥmān-ān/ ‘le Raḥmān’ se réfère à la divinité de la période monothéiste, qui a été fortement influencée par le judaïsme, voire même en est dérivée, et est donc probablement une traduction calquée de *rḥmnʾ*.<BR />Ahmad al-Jallad [https://www.academia.edu/43388891 (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance], pp. 7-8</ref> Sigrid Kjær observe que l’usage de Rahman (ou Rahman-an avec le suffixe défini) ne devient véritablement monothéiste qu’au VIe siècle EC, étant auparavant utilisé dans un contexte monolâtre (objet unique de culte, bien que d'autres divinités soient reconnues). Le Coran présente une progression chronologique dans l’usage des théonymes : *Rabb* (seigneur) dans la première phase, puis *al-Rahman*, et finalement une utilisation presque exclusive du nom *Allah*.<ref>Kjær, Sigrid (2022). [https://www.cambridge.org/core/journals/modern-asian-studies/article/rahman-before-muhammad-a-prehistory-of-the-first-peace-sulh-in-islam/280B60BFF68749648057202B29C7C8F0 ‘Rahman’ before Muhammad: A pre-history of the First Peace (Sulh) in Islam], Modern Asian Studies, 56(3), 776-795. doi:10.1017/S0026749X21000305<BR />
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===La Basmala===
===La Basmala===
La basmala islamique, « Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux » (Bismillah Ar-Rahman Ar-Raheem), est récitée avant le début de chaque sourate et ouvre la prière de la Fātiḥa. À l’intérieur même des sourates, elle n’apparaît qu’une seule fois, dans {{Quran|27|30}}.
La basmala islamique, « Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux » (Bismillah Ar-Rahman Ar-Raheem), est récitée avant le début de chaque sourate et ouvre la prière de la Fātiḥa. À l’intérieur même des sourates, elle n’apparaît qu’une seule fois, dans [https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=27&verset=30 Coran 27:30].


En 2018, la première inscription connue de la basmala préislamique a été trouvée sur une falaise au Yémen, rédigée en écriture sud-arabique : « Au nom d’Allah, Rahman ; Rahman seigneur des cieux » (bsmlh rḥmn rḥmn rb smwt). Le reste de l’inscription dit : « satisfais-nous par ta faveur, et accorde-nous son essence (c’est-à-dire la sagesse) pour compter nos jours ». En écrivant sur cette découverte, Ahmad al-Jallad date l’inscription de la fin du VIe ou du début du VIIe siècle apr. J.-C. et observe que l’ensemble de l’inscription a une qualité psalmique, probablement influencée par la liturgie juive ou chrétienne. Il interprète le second rḥmn comme rḥm-n (« aie pitié de nous »)<ref name="alJalladBasmalah6-7">Ahmad al-Jallad [https://www.academia.edu/43388891 (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance], pp. 6-7</ref> Il note également que al-Rahman était à l’origine une divinité distincte d’Allah, et non un simple qualificatif comme dans la basmala islamique. Maslamah, un prophète yéménite rival de Muhammad, adorait al-Rahman, la divinité de l’ancien royaume de Himyar. Al-Jallad propose que la basmala ait été utilisée pour synchroniser les deux pôles monothéistes de l’Arabie : Allah au nord (où les autres divinités disparaissent complètement des archives épigraphiques au VIe siècle apr. J.-C.) et al-Rahman au sud. Cette équivalence aurait probablement été introduite lors des incursions himyarites vers le nord au VIe siècle. Cette différence régionale est reflétée dans {{Quran|17|110}}. Ar-Raheem (le miséricordieux) serait alors une innovation islamique ajoutée à al-Rahman de la basmala préislamique qui, à ce moment-là, en était venu à représenter un adjectif qualifiant Allah.
En 2018, la première inscription connue de la basmala préislamique a été trouvée sur une falaise au Yémen, rédigée en écriture sud-arabique : « Au nom d’Allah, Rahman ; Rahman seigneur des cieux » (bsmlh rḥmn rḥmn rb smwt). Le reste de l’inscription dit : « satisfais-nous par ta faveur, et accorde-nous son essence (c’est-à-dire la sagesse) pour compter nos jours ». En écrivant sur cette découverte, Ahmad al-Jallad date l’inscription de la fin du VIe ou du début du VIIe siècle apr. J.-C. et observe que l’ensemble de l’inscription a une qualité psalmique, probablement influencée par la liturgie juive ou chrétienne. Il interprète le second rḥmn comme rḥm-n (« aie pitié de nous »)<ref name="alJalladBasmalah6-7">Ahmad al-Jallad [https://www.academia.edu/43388891 (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance], pp. 6-7</ref> Il note également que al-Rahman était à l’origine une divinité distincte d’Allah, et non un simple qualificatif comme dans la basmala islamique. Maslamah, un prophète yéménite rival de Muhammad, adorait al-Rahman, la divinité de l’ancien royaume de Himyar. Al-Jallad propose que la basmala ait été utilisée pour synchroniser les deux pôles monothéistes de l’Arabie : Allah au nord (où les autres divinités disparaissent complètement des archives épigraphiques au VIe siècle apr. J.-C.) et al-Rahman au sud. Cette équivalence aurait probablement été introduite lors des incursions himyarites vers le nord au VIe siècle. Cette différence régionale est reflétée dans [https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=17&verset=110 Coran 17:110]. Ar-Raheem (le miséricordieux) serait alors une innovation islamique ajoutée à al-Rahman de la basmala préislamique qui, à ce moment-là, en était venu à représenter un adjectif qualifiant Allah.
<ref>Ahmad al-Jallad [https://www.academia.edu/43388891 (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance], page 13 ff </ref> Cette basmala préislamique, ainsi que de nombreuses autres inscriptions préislamiques, présentent des similitudes avec des expressions et une terminologie que l’on retrouve dans le Coran.<ref>Ahmad al-Jallad (2020) [https://www.academia.edu/43141064 Chapter 7: The Linguistic Landscape of pre-Islamic Arabia - Context for the Qur’an] in Mustafa Shah (ed.), Muhammad Abdel Haleem (ed.), "The Oxford Handbook of Qur'anic Studies", Oxford: Oxford University Press, pp. 121 ff</ref> Rb smwt dans l’inscription (« Seigneur des cieux ») est semblable à des inscriptions sud-arabiques en langue sabéenne (mrʾ smyn w-ʾrḍn), une expression qui apparaît aussi dans des versets tels que {{Quran|19|65}} (« Seigneur des cieux et de la terre » ; rabbu l-samāwāti wal-arḍi).<ref>Ahmad al-Jallad [https://www.academia.edu/43388891 (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance], page 8</ref>
<ref>Ahmad al-Jallad [https://www.academia.edu/43388891 (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance], page 13 ff </ref> Cette basmala préislamique, ainsi que de nombreuses autres inscriptions préislamiques, présentent des similitudes avec des expressions et une terminologie que l’on retrouve dans le Coran.<ref>Ahmad al-Jallad (2020) [https://www.academia.edu/43141064 Chapter 7: The Linguistic Landscape of pre-Islamic Arabia - Context for the Qur’an] in Mustafa Shah (ed.), Muhammad Abdel Haleem (ed.), "The Oxford Handbook of Qur'anic Studies", Oxford: Oxford University Press, pp. 121 ff</ref> Rb smwt dans l’inscription (« Seigneur des cieux ») est semblable à des inscriptions sud-arabiques en langue sabéenne (mrʾ smyn w-ʾrḍn), une expression qui apparaît aussi dans des versets tels que [https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=19&verset=65 Coran 19:65] (« Seigneur des cieux et de la terre » ; rabbu l-samāwāti wal-arḍi).<ref>Ahmad al-Jallad [https://www.academia.edu/43388891 (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance], page 8</ref>


===Orthographe===
===Orthographe===
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==== Réformisme abrahamique ====
==== Réformisme abrahamique ====
Muḥammad insiste sur le fait de suivre « la religion d’Abraham » plutôt que celle des juifs ou des chrétiens ({{Quran|2|135}}, {{Quran|3|67}}). Le Coran élève Ismaël, fils d’Abraham, considéré comme l’ancêtre des Arabes selon des interprétations tardives des auteurs bibliques sur les « Ismaélites »<ref>Fisher, Greg. Arabs and Empires before Islam (p. 367). OUP Oxford. 2015.
Muḥammad insiste sur le fait de suivre « la religion d’Abraham » plutôt que celle des juifs ou des chrétiens ([https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=2&verset=135 Coran 2:135], [https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=3&verset=67 Coran 3:67]). Le Coran élève Ismaël, fils d’Abraham, considéré comme l’ancêtre des Arabes selon des interprétations tardives des auteurs bibliques sur les « Ismaélites »<ref>Fisher, Greg. Arabs and Empires before Islam (p. 367). OUP Oxford. 2015.


''Aucun passage de la Bible hébraïque ou de la Septante n’identifie explicitement ce groupe comme des “Arabes”, et un passage du livre des Jubilés (écrit au IIe siècle av. J.-C.), qui pourrait le faire, s’est révélé peu concluant.<sup>348</sup> Bien que deux auteurs hellénistiques tardifs identifient les Arabes comme les Ismaélites, l’identification claire entre Arabes et Ismaélites n’est apparue que plus tard, chez l’historien juif Flavius Josèphe (37–env. 100).<sup>349</sup>''</ref> (cependant, dans la Bible, c’est son autre fils Isaac avec qui l’alliance est établie, tandis qu’Ismaël en est expressément exclu).<ref>Cook, Michael. ''A History of the Muslim World: From Its Origins to the Dawn of Modernity'' (p. 58). Princeton University Press. 2024.</ref> Dans le Coran, Ismaël devient un prophète, et il est dit qu’il construit un temple avec Abraham ({{Quran|2|125-127}}), identifié dans la tradition islamique comme la Kaaba à La Mecque. Ce récit, qui présente les disciples de Muḥammad comme les descendants d’Ismaël, relie non seulement le monothéisme arabe à l’héritage d’Abraham par la généalogie, mais établit également une charte religieuse pour le sanctuaire mecquois et le pèlerinage, offrant ainsi à Muḥammad un fondement significatif à son message.
''Aucun passage de la Bible hébraïque ou de la Septante n’identifie explicitement ce groupe comme des “Arabes”, et un passage du livre des Jubilés (écrit au IIe siècle av. J.-C.), qui pourrait le faire, s’est révélé peu concluant.<sup>348</sup> Bien que deux auteurs hellénistiques tardifs identifient les Arabes comme les Ismaélites, l’identification claire entre Arabes et Ismaélites n’est apparue que plus tard, chez l’historien juif Flavius Josèphe (37–env. 100).<sup>349</sup>''</ref> (cependant, dans la Bible, c’est son autre fils Isaac avec qui l’alliance est établie, tandis qu’Ismaël en est expressément exclu).<ref>Cook, Michael. ''A History of the Muslim World: From Its Origins to the Dawn of Modernity'' (p. 58). Princeton University Press. 2024.</ref> Dans le Coran, Ismaël devient un prophète, et il est dit qu’il construit un temple avec Abraham ([https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=2&verset=125 Coran 2:125-127]), identifié dans la tradition islamique comme la Kaaba à La Mecque. Ce récit, qui présente les disciples de Muḥammad comme les descendants d’Ismaël, relie non seulement le monothéisme arabe à l’héritage d’Abraham par la généalogie, mais établit également une charte religieuse pour le sanctuaire mecquois et le pèlerinage, offrant ainsi à Muḥammad un fondement significatif à son message.


Michael Cook (2024) note que cette idée selon laquelle les Arabes seraient des descendants d'Abraham {{Quran|22|78}} est antérieure au Coran, et qu’elle était bien connue des Arabes depuis des millénaires, comme le rapporte Sozomène, un chrétien (né vers 380 à Bethelea, près de Gaza, en Palestine — mort vers 450 à Constantinople, Empire byzantin [aujourd’hui Istanbul, Turquie.])<ref>[https://www.britannica.com/biography/Sozomen Sozomen] | Christian lawyer | Byzantine historian | Britannica Entry </ref>, qui écrivait que certains avaient pris connaissance de ce fait et avaient commencé à pratiquer un monothéisme inspiré du judaïsme plutôt que le paganisme, plusieurs siècles avant l’islam.
Michael Cook (2024) note que cette idée selon laquelle les Arabes seraient des descendants d'Abraham [https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=22&verset=78 Coran 22:78] est antérieure au Coran, et qu’elle était bien connue des Arabes depuis des millénaires, comme le rapporte Sozomène, un chrétien (né vers 380 à Bethelea, près de Gaza, en Palestine — mort vers 450 à Constantinople, Empire byzantin [aujourd’hui Istanbul, Turquie.])<ref>[https://www.britannica.com/biography/Sozomen Sozomen] | Christian lawyer | Byzantine historian | Britannica Entry </ref>, qui écrivait que certains avaient pris connaissance de ce fait et avaient commencé à pratiquer un monothéisme inspiré du judaïsme plutôt que le paganisme, plusieurs siècles avant l’islam.
{{Quote|Cook, Michael. A History of the Muslim World: From Its Origins to the Dawn of Modernity (p. 58-60) (Kindle Edition) Princeton University Press.|Sozomène, un chrétien originaire d’un village près de Gaza écrivant dans la première moitié du Ve siècle, rapporte un récit intéressant sur les Sarrasins, l’un des noms par lesquels les Arabes étaient alors largement connus. Ils descendaient d’Ismaël, d’où leur autre appellation d’Ismaélites. « Étant donné leur origine, ils pratiquent la circoncision comme les Juifs, s’abstiennent de consommer du porc et observent de nombreux autres rites et coutumes juifs. » Bien entendu, cet héritage ancien des Arabes ne fut que partiellement préservé, mais cela s’explique aisément : « Les habitants des pays voisins, fortement enclins à la superstition, ont sans doute rapidement corrompu les lois imposées par leur ancêtre Ismaël. » Ils en vinrent donc à servir « les mêmes dieux que les nations voisines. » Mais ce tort fut finalement réparé : « Certains membres de leur tribu, étant entrés en contact avec les Juifs, apprirent d’eux la vérité sur leur origine, revinrent vers leurs proches, et s’orientèrent vers les lois et coutumes hébraïques. » Enfin, Sozomène revient à son époque : « Depuis ce moment-là, jusqu’à aujourd’hui, beaucoup d’entre eux règlent leur vie selon les préceptes juifs. »<sup>5</sup>
{{Quote|Cook, Michael. A History of the Muslim World: From Its Origins to the Dawn of Modernity (p. 58-60) (Kindle Edition) Princeton University Press.|Sozomène, un chrétien originaire d’un village près de Gaza écrivant dans la première moitié du Ve siècle, rapporte un récit intéressant sur les Sarrasins, l’un des noms par lesquels les Arabes étaient alors largement connus. Ils descendaient d’Ismaël, d’où leur autre appellation d’Ismaélites. « Étant donné leur origine, ils pratiquent la circoncision comme les Juifs, s’abstiennent de consommer du porc et observent de nombreux autres rites et coutumes juifs. » Bien entendu, cet héritage ancien des Arabes ne fut que partiellement préservé, mais cela s’explique aisément : « Les habitants des pays voisins, fortement enclins à la superstition, ont sans doute rapidement corrompu les lois imposées par leur ancêtre Ismaël. » Ils en vinrent donc à servir « les mêmes dieux que les nations voisines. » Mais ce tort fut finalement réparé : « Certains membres de leur tribu, étant entrés en contact avec les Juifs, apprirent d’eux la vérité sur leur origine, revinrent vers leurs proches, et s’orientèrent vers les lois et coutumes hébraïques. » Enfin, Sozomène revient à son époque : « Depuis ce moment-là, jusqu’à aujourd’hui, beaucoup d’entre eux règlent leur vie selon les préceptes juifs. »<sup>5</sup>


Pour Sozomène, donc, les Arabes partageaient à l’origine avec les Israélites l’héritage de leur ancêtre commun Abraham, mais sous l’influence de leurs voisins païens, ils avaient perdu ce précieux héritage ancestral et sombré dans le paganisme. Ce n’est pas seulement ainsi que Sozomène le comprend ; il nous dit aussi, dans ce passage, que certains Arabes, ayant appris leur ascendance ismaélite grâce à des contacts avec les Juifs, étaient ensuite retournés à l’héritage de leurs ancêtres. Ce faisant, ils rejetaient les erreurs de leurs ancêtres récents pour retrouver leur véritable héritage d’origine. Plutôt qu’une trahison de leur ascendance, leur adhésion à l’héritage d’Abraham représentait le comble de la fidélité à celui-ci. Deux siècles plus tard, une idée similaire occupera une place centrale dans le Coran.}}
Pour Sozomène, donc, les Arabes partageaient à l’origine avec les Israélites l’héritage de leur ancêtre commun Abraham, mais sous l’influence de leurs voisins païens, ils avaient perdu ce précieux héritage ancestral et sombré dans le paganisme. Ce n’est pas seulement ainsi que Sozomène le comprend ; il nous dit aussi, dans ce passage, que certains Arabes, ayant appris leur ascendance ismaélite grâce à des contacts avec les Juifs, étaient ensuite retournés à l’héritage de leurs ancêtres. Ce faisant, ils rejetaient les erreurs de leurs ancêtres récents pour retrouver leur véritable héritage d’origine. Plutôt qu’une trahison de leur ascendance, leur adhésion à l’héritage d’Abraham représentait le comble de la fidélité à celui-ci. Deux siècles plus tard, une idée similaire occupera une place centrale dans le Coran.}}
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==Culte à la Ka’bah==
==Culte à la Ka’bah==
Le Coran mentionne fréquemment un sanctuaire sûr ou une maison où ont lieu des rituels, qu’il nomme « la Ka'bah, la Maison sacrée » dans {{Quran-range|5|95|97}}. Traditionnellement, on l’identifie aux « fondations de la maison » élevées par [[:en:Ibrahim_(Abraham)|Abraham]] et [[:en:Isma'il|Ismaël]] dans {{Quran|2|127}}, ce qui est probablement l’implication visée. Voir aussi {{Quran|3|96|97}}, qui affirme que la première maison pour l’humanité où Abraham priait fut construite à Bakkah, généralement comprise comme étant La Mecque, ainsi que {{Quran-range|14|35|41}}, où la maison sacrée construite par Abraham est décrite dans les mêmes termes que la Ka'bah dans d’autres versets. Encore plus explicite est {{Quran-range|22|26|29}}, où le site de la maison d’Abraham est identifié à la « maison ancienne » autour de laquelle les pèlerins sont autorisés à tourner. Il existe cependant peu ou pas de preuve directe concernant l’histoire préislamique de la Ka'bah à La Mecque. En revanche, certaines preuves indirectes significatives s’y rapportent, et elles ne vont pas dans le sens de la compréhension traditionnelle.
Le Coran mentionne fréquemment un sanctuaire sûr ou une maison où ont lieu des rituels, qu’il nomme « la Ka'bah, la Maison sacrée » dans [https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=5&verset=95 Coran 5:95-97]. Traditionnellement, on l’identifie aux « fondations de la maison » élevées par [[:en:Ibrahim_(Abraham)|Abraham]] et [[:en:Isma'il|Ismaël]] dans [https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=2&verset=127 Coran 2:127], ce qui est probablement l’implication visée. Voir aussi [https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=3&verset=96 Coran 3:96-97], qui affirme que la première maison pour l’humanité où Abraham priait fut construite à Bakkah, généralement comprise comme étant La Mecque, ainsi que [https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=14&verset=35 Coran 14:35-41], où la maison sacrée construite par Abraham est décrite dans les mêmes termes que la Ka'bah dans d’autres versets. Encore plus explicite est [https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=22&verset=26 Coran 22:26-29], où le site de la maison d’Abraham est identifié à la « maison ancienne » autour de laquelle les pèlerins sont autorisés à tourner. Il existe cependant peu ou pas de preuve directe concernant l’histoire préislamique de la Ka'bah à La Mecque. En revanche, certaines preuves indirectes significatives s’y rapportent, et elles ne vont pas dans le sens de la compréhension traditionnelle.
 
Dans son article ''Foundations of the house'', Joseph Witztum discute ce verset ([https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=2&verset=127 Coran 2:127]). Il soutient que la scène coranique reflète un ensemble de traditions post-bibliques se fondant sur [https://www.biblegateway.com/passage/?search=Genesis%2022&version=NIV Genèse 22], où Abraham va sacrifier Isaac (dans le Coran, il s’agit d’Ismaël). Dans des traditions exégétiques ultérieures, Abraham construit un autel pour le sacrifice et Isaac s’offre volontairement. Dès ''Les Antiquités judaïques'' 1:227 de Josèphe (Ier siècle EC), Isaac aide même à la construction. Aux IVe et Ve siècles, plusieurs homélies chrétiennes (principalement syriaques) reprennent ce motif. Puis une homélie syriaque du VIe siècle de Jacques de Saroug sur Genèse 22 les décrit comme construisant non seulement un autel mais une « maison » (syriaque : *bayta*), comme dans le Coran (arabe : *bayt*). Witztum soutient que le Coran transfère cette imagerie associée à Jérusalem vers La Mecque.<ref>Joseph Witztum, [https://www.jstor.org/stable/40378843 The Foundations of the House (Q 2: 127)], Bulletin of the School of Oriental and African Studies, University of London, vol. 72, no. 1, 2009, pp. 25–40 ]<BR />Dans le Livre des Jubilés (IIe siècle AEC), un autel construit par Abraham à Hébron est mentionné. La maison d’Abraham est aussi évoquée à plusieurs reprises, mais uniquement comme son foyer ou sa maisonnée, et non comme sanctuaire).</ref> Le développement clairement tardif de l’idée qu’Abraham ait construit une maison sacrée pour y sacrifier son fils remet en question la réalité historique de ce récit, sans parler de l’idée que la Ka'bah de La Mecque en serait le lieu. Pour bien d’autres exemples d’éléments narratifs chrétiens syriaques dans le Coran, voir l’article (anglais): [[:en:Parallels_Between_the_Qur'an_and_Late_Antique_Judeo-Christian_Literature|''Parallels Between the Qur'an and Late Antique Judeo-Christian Literature'']].


Dans son article ''Foundations of the house'', Joseph Witztum discute ce verset ({{Quran|2|127}}). Il soutient que la scène coranique reflète un ensemble de traditions post-bibliques se fondant sur [https://www.biblegateway.com/passage/?search=Genesis%2022&version=NIV Genèse 22], où Abraham va sacrifier Isaac (dans le Coran, il s’agit d’Ismaël). Dans des traditions exégétiques ultérieures, Abraham construit un autel pour le sacrifice et Isaac s’offre volontairement. Dès ''Les Antiquités judaïques'' 1:227 de Josèphe (Ier siècle EC), Isaac aide même à la construction. Aux IVe et Ve siècles, plusieurs homélies chrétiennes (principalement syriaques) reprennent ce motif. Puis une homélie syriaque du VIe siècle de Jacques de Saroug sur Genèse 22 les décrit comme construisant non seulement un autel mais une « maison » (syriaque : *bayta*), comme dans le Coran (arabe : *bayt*). Witztum soutient que le Coran transfère cette imagerie associée à Jérusalem vers La Mecque.<ref>Joseph Witztum, [https://www.jstor.org/stable/40378843 The Foundations of the House (Q 2: 127)], Bulletin of the School of Oriental and African Studies, University of London, vol. 72, no. 1, 2009, pp. 25–40 ]<BR />Dans le Livre des Jubilés (IIe siècle AEC), un autel construit par Abraham à Hébron est mentionné. La maison d’Abraham est aussi évoquée à plusieurs reprises, mais uniquement comme son foyer ou sa maisonnée, et non comme sanctuaire).</ref> Le développement clairement tardif de l’idée qu’Abraham ait construit une maison sacrée pour y sacrifier son fils remet en question la réalité historique de ce récit, sans parler de l’idée que la Ka'bah de La Mecque en serait le lieu. Pour bien d’autres exemples d’éléments narratifs chrétiens syriaques dans le Coran, voir l’article (anglais): [[:en:Parallels_Between_the_Qur'an_and_Late_Antique_Judeo-Christian_Literature|''Parallels Between the Qur'an and Late Antique Judeo-Christian Literature'']].


Les conclusions de Witztum sont également résumées par Gabriel Said Reynolds dans son commentaire académique sur le Coran. Reynolds note par ailleurs que l’historien byzantin Sozomène du Ve siècle EC (mort en 450) rapporte que les Arabes effectuaient un pèlerinage annuel à Hébron, près de Jérusalem, où Abraham aurait reçu une visite divine (Genèse 18). Reynolds suggère que ce pèlerinage arabe a pu être ultérieurement transféré à La Mecque.<ref>Gabriel Said Reynolds, ''The Qur'an and the Bible: Text and Commentary'', New Haven and London: Yale University Press, 2018, pp. 69-70</ref> En effet, il semble étrange que ces Arabes se rendent jusqu’à Hébron en pèlerinage si la maison d’Abraham était déjà identifiée à un sanctuaire à La Mecque à cette époque. Le professeur Sean Anthony a écrit une discussion complémentaire utile sur le sujet.<ref>Sean Anthony (2018) [https://www.academia.edu/40662088 Why Does the Qur'an Need the Meccan Sanctuary? Response to Professor Gerald Hawting's 2017 Presidential Address], Journal of the International Qur'anic Studies Association, Vol. 3 pp. 25-41</ref> Patricia Crone est largement reconnue pour avoir établi que La Mecque n’avait aucune importance particulière au moment de l’émergence de l’islam, qu’elle ne se trouvait pas sur la principale route commerciale, et que son commerce portait sur des produits comme le cuir, la laine et d’autres biens pastoraux.<ref>Cette thèse a été défendue de manière décisive par Crone dans son ouvrage de 1987, ''Meccan Trade and the Rise of Islam'', puis renforcée dans son article de 1992 [https://www.jstor.org/stable/4057061 Serjeant and Meccan Trade] et son article de 2007 [https://www.jstor.org/stable/40378894 Quraysh and the Roman Army: Making Sense of the Meccan Leather Trade]</ref>
Les conclusions de Witztum sont également résumées par Gabriel Said Reynolds dans son commentaire académique sur le Coran. Reynolds note par ailleurs que l’historien byzantin Sozomène du Ve siècle EC (mort en 450) rapporte que les Arabes effectuaient un pèlerinage annuel à Hébron, près de Jérusalem, où Abraham aurait reçu une visite divine (Genèse 18). Reynolds suggère que ce pèlerinage arabe a pu être ultérieurement transféré à La Mecque.<ref>Gabriel Said Reynolds, ''The Qur'an and the Bible: Text and Commentary'', New Haven and London: Yale University Press, 2018, pp. 69-70</ref> En effet, il semble étrange que ces Arabes se rendent jusqu’à Hébron en pèlerinage si la maison d’Abraham était déjà identifiée à un sanctuaire à La Mecque à cette époque. Le professeur Sean Anthony a écrit une discussion complémentaire utile sur le sujet.<ref>Sean Anthony (2018) [https://www.academia.edu/40662088 Why Does the Qur'an Need the Meccan Sanctuary? Response to Professor Gerald Hawting's 2017 Presidential Address], Journal of the International Qur'anic Studies Association, Vol. 3 pp. 25-41</ref> Patricia Crone est largement reconnue pour avoir établi que La Mecque n’avait aucune importance particulière au moment de l’émergence de l’islam, qu’elle ne se trouvait pas sur la principale route commerciale, et que son commerce portait sur des produits comme le cuir, la laine et d’autres biens pastoraux.<ref>Cette thèse a été défendue de manière décisive par Crone dans son ouvrage de 1987, ''Meccan Trade and the Rise of Islam'', puis renforcée dans son article de 1992 [https://www.jstor.org/stable/4057061 Serjeant and Meccan Trade] et son article de 2007 [https://www.jstor.org/stable/40378894 Quraysh and the Roman Army: Making Sense of the Meccan Leather Trade]</ref>
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== Ḥajj (pèlerinage) ==
== Ḥajj (pèlerinage) ==
Voir aussi: ''[https://al-kalam.fr/rites-et-croyances/le-pelerinage/ Le pèlerinage], al-Kalam, Aux origines de l'islam.''


=== Langage religieux ===
=== Langage religieux ===
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Les païens avant l'Islam priaient cinq fois par jour en direction de La Mecque.<ref>L'Encyclopédie de l'Islam (éditée par Eliade) P. 303FF</ref> Muhammad a retenu pour l'Islam cette pratique préislamique, la sanctionnant par un récit d'un voyage nocturne au ciel sur une bête mythique appelée al-[[:en:Buraq|Buraq]]. Au ciel, le Hadith nous dit qu'Allah exigea 50 prières par jour pour chaque musulman. Sur les conseils de Moïse, Muhammad négocia avec Allah et réussit à réduire cela à cinq prières par jour.
Les païens avant l'Islam priaient cinq fois par jour en direction de La Mecque.<ref>L'Encyclopédie de l'Islam (éditée par Eliade) P. 303FF</ref> Muhammad a retenu pour l'Islam cette pratique préislamique, la sanctionnant par un récit d'un voyage nocturne au ciel sur une bête mythique appelée al-[[:en:Buraq|Buraq]]. Au ciel, le Hadith nous dit qu'Allah exigea 50 prières par jour pour chaque musulman. Sur les conseils de Moïse, Muhammad négocia avec Allah et réussit à réduire cela à cinq prières par jour.
Les zoroastriens sont également censés réciter leurs prières (kusti) au moins cinq fois par jour après s'être d'abord purifiés par le lavage ([[:en:Ablution|ablution]]). Ces pratiques islamiques montrent l'influence zoroastrienne.<ref>Bowker, John, The Oxford Dictionary of World Religions, New York, Oxford University Press, 1997, pp. 763-764</ref> Mais, contrairement aux musulmans, les zoroastriens prient en direction du Soleil (à chaque moment de la journée) et/ou du Feu Sacré (s'ils sont dans un Temple du Feu). <ref>Joseph H. Peterson - [{{Reference archive|1=http://www.avesta.org/ka/gahs.htm|2=2011-05-26}} GAHS (prières pour chaque période de la journée)] - Avesta Zoroastrian Archives, consulté le 27 mai 2011</ref>
Les zoroastriens sont également censés réciter leurs prières (kusti) au moins cinq fois par jour après s'être d'abord purifiés par le lavage ([[:en:Ablution|ablution]]). Ces pratiques islamiques montrent l'influence zoroastrienne.<ref>Bowker, John, The Oxford Dictionary of World Religions, New York, Oxford University Press, 1997, pp. 763-764</ref> Mais, contrairement aux musulmans, les zoroastriens prient en direction du Soleil (à chaque moment de la journée) et/ou du Feu Sacré (s'ils sont dans un Temple du Feu). <ref>Joseph H. Peterson - [{{Reference archive|1=http://www.avesta.org/ka/gahs.htm|2=2011-05-26}} GAHS (prières pour chaque période de la journée)] - Avesta Zoroastrian Archives, consulté le 27 mai 2011</ref>
Voir aussi: [https://al-kalam.fr/rites-et-croyances/la-priere/ ''La prière''], ''al-Kalam, Aux origines de l'islam.''


== Les Quatre Mois Sacrés ==
== Les Quatre Mois Sacrés ==
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== Versets de Serment ==
== Versets de Serment ==


Il existe de nombreux 'serments' dans le Coran, souvent au début des sourates, 'jurant' sur quelque chose.{{Quote|[https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate&#61;103&verset&#61;1 Coran 103:1]|Par l’après-midi. <br>
Il existe de nombreux 'serments' dans le Coran, souvent au début des sourates, 'jurant' sur quelque chose.{{Quote|[https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=103&verset=1 Coran 103:1]|Par l’après-midi. <br>
wal-ʿaṣri}}Stewart (2012)<ref>Stewart, Devin J. "''The Mysterious Letters and Other Formal Features of the Qur’ān in Light of Greek and Babylonian Oracular Texts.''" Found in: Reynolds, Gabriel. ''New Perspectives on the Qur'an: The Qur'an in its Historical Context 2 (Routledge Studies in the Qur'an)'' Taylor & Francis. 2012. pp. 323-48.</ref> note que les serments au début de nombreuses sourates coraniques (ainsi que d'autres caractéristiques coraniques) appartiennent à une tradition oraculaire préislamique liée à la divination. Ces serments invoquent souvent des corps célestes tels que le soleil, la lune et les étoiles, ainsi que des phénomènes naturels comme la nuit, le jour et des moments spécifiques. Historiquement, certaines de ces entités célestes étaient vénérées comme des divinités, y compris par la tribu des Quraysh. Cependant, dans le Coran, leur régularité prévisible est mise en avant comme un signe du contrôle de Dieu sur l'univers. L'utilisation des serments faisant référence à des moments spécifiques de la journée reflète une continuité des conventions poétiques et oraculaires préislamiques. Des exemples incluent des serments par l'aube, le crépuscule, le matin et d'autres moments spécifiques, comme on le voit dans divers versets (par exemple, {{Quran|92|1-2}}, {{Quran|74|32-34}}, {{Quran|81|18}}, {{Quran|89|1}}, {{Quran|84|15}}). ''[[:en:Huruf_Muqatta'at_(Disjointed_Letters_in_the_Qur'an)|Lettres mystérieuses]] et les références aux Écritures sont parfois combinées avec un serment, comme dans Qāf * wa-l-Qurʾāni l-majīd *, “Q. Par le Glorieux Qurʾān” (Q 50:1); Nūn wa-l-qalami wa-mā yasṭurūn, “N. Par le stylo et ce qu'ils écrivent” (Q 68:1); Ḥā mīm wa-l-kitābi l-mubīn, “Ḥ. M. Par le Livre clair” (43:1–2; 44:1–2).''<ref>Ibid. pp. 339.</ref> Il note sur l'origine de ces types de serments dans l'Arabie préislamique.
wal-ʿaṣri}}Stewart (2012)<ref>Stewart, Devin J. "''The Mysterious Letters and Other Formal Features of the Qur’ān in Light of Greek and Babylonian Oracular Texts.''" Found in: Reynolds, Gabriel. ''New Perspectives on the Qur'an: The Qur'an in its Historical Context 2 (Routledge Studies in the Qur'an)'' Taylor & Francis. 2012. pp. 323-48.</ref> note que les serments au début de nombreuses sourates coraniques (ainsi que d'autres caractéristiques coraniques) appartiennent à une tradition oraculaire préislamique liée à la divination. Ces serments invoquent souvent des corps célestes tels que le soleil, la lune et les étoiles, ainsi que des phénomènes naturels comme la nuit, le jour et des moments spécifiques. Historiquement, certaines de ces entités célestes étaient vénérées comme des divinités, y compris par la tribu des Quraysh. Cependant, dans le Coran, leur régularité prévisible est mise en avant comme un signe du contrôle de Dieu sur l'univers. L'utilisation des serments faisant référence à des moments spécifiques de la journée reflète une continuité des conventions poétiques et oraculaires préislamiques. Des exemples incluent des serments par l'aube, le crépuscule, le matin et d'autres moments spécifiques, comme on le voit dans divers versets (par exemple, [https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=92&verset=1 Coran 92:1-2], [https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=74&verset=32 Coran 74:32-34], [https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=81&verset=18 Coran 81:18], [https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=89&verset=1 Coran 89:1], [https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=84&verset=15 Coran 84:15]). ''[[:en:Huruf_Muqatta'at_(Disjointed_Letters_in_the_Qur'an)|Lettres mystérieuses]] et les références aux Écritures sont parfois combinées avec un serment, comme dans Qāf * wa-l-Qurʾāni l-majīd *, “Q. Par le Glorieux Qurʾān” (Q 50:1); Nūn wa-l-qalami wa-mā yasṭurūn, “N. Par le stylo et ce qu'ils écrivent” (Q 68:1); Ḥā mīm wa-l-kitābi l-mubīn, “Ḥ. M. Par le Livre clair” (43:1–2; 44:1–2).''<ref>Ibid. pp. 339.</ref> Il note sur l'origine de ces types de serments dans l'Arabie préislamique.
 
{{Quote|Stewart, Devin J. "The Mysterious Letters and Other Formal Features of the Qur’ān in Light of Greek and Babylonian Oracular Texts." New Perspectives on the Qur'an (2012). pp 337-338.|Les serments par le soleil, la lune et les étoiles qui apparaissent si fréquemment dans les serments des oracles préislamiques et coraniques, ainsi que les serments par des animaux dans les oracles préislamiques, peuvent avoir été développés à partir des signes utilisés pour la divination. Par exemple, le devin yéménite Saṭīḥ (Rabīʿ b. Rabīʿa b. Masʿūd) aurait fait la prédiction suivante expliquant un rêve du roi yéménite Rabīʿa b. Naṣr :  aḥlifu bi-mā bayna l-ḥarratayni min ḥanash  la-tahbiṭanna arḍakum ul-ḥabash  fa-la-yamlikunna mā bayna Abyana ilā Jurash  Je jure par les serpents entre les deux champs de lave, que les Éthiopiens descendront sur votre terre, et conquerront tout le territoire entre Abyan et Jurash<sup>39</sup>... ...Les oracles préislamiques juraient fréquemment par ou faisaient référence à des animaux, comme l'oracle de Saṭīḥ pour Rabīʿa b. Naṣr mentionné ci-dessus, qui fait référence aux serpents. De même, les prononcés attribués à Musaylimah font référence au loup, à la grenouille, et à l'éléphant. <sup>42</sup> Cette caractéristique des oracles préislamiques qui ressemble à l'usage grec a été en grande partie abandonnée dans le Coran. Les serments d'ouverture dans al-ʿĀdiyāt (Q 100) semblent être une exception, se référant probablement aux chevaux. Les passages de serments d'ouverture dans plusieurs sourates qui comportent chacune une série de participes féminins pluriels (Q 37:1–3; 51:1–4; 77:1–4; 79:1–5; 100:1–5) nous amènent à penser qu'il s'agissait d'un type de serment conventionnel dans les déclarations oraculaires préislamiques. <sup>43</sup> Cette convention particulière reste mal comprise, mais ces serments pourraient avoir fait référence à des animaux ou des esprits.}}
{{Quote|Stewart, Devin J. "The Mysterious Letters and Other Formal Features of the Qur’ān in Light of Greek and Babylonian Oracular Texts." New Perspectives on the Qur'an (2012). pp 337-338.|Les serments par le soleil, la lune et les étoiles qui apparaissent si fréquemment dans les serments des oracles préislamiques et coraniques, ainsi que les serments par des animaux dans les oracles préislamiques, peuvent avoir été développés à partir des signes utilisés pour la divination. Par exemple, le devin yéménite Saṭīḥ (Rabīʿ b. Rabīʿa b. Masʿūd) aurait fait la prédiction suivante expliquant un rêve du roi yéménite Rabīʿa b. Naṣr :  aḥlifu bi-mā bayna l-ḥarratayni min ḥanash  la-tahbiṭanna arḍakum ul-ḥabash  fa-la-yamlikunna mā bayna Abyana ilā Jurash  Je jure par les serpents entre les deux champs de lave, que les Éthiopiens descendront sur votre terre, et conquerront tout le territoire entre Abyan et Jurash<sup>39</sup>... ...Les oracles préislamiques juraient fréquemment par ou faisaient référence à des animaux, comme l'oracle de Saṭīḥ pour Rabīʿa b. Naṣr mentionné ci-dessus, qui fait référence aux serpents. De même, les prononcés attribués à Musaylimah font référence au loup, à la grenouille, et à l'éléphant. <sup>42</sup> Cette caractéristique des oracles préislamiques qui ressemble à l'usage grec a été en grande partie abandonnée dans le Coran. Les serments d'ouverture dans al-ʿĀdiyāt (Q 100) semblent être une exception, se référant probablement aux chevaux. Les passages de serments d'ouverture dans plusieurs sourates qui comportent chacune une série de participes féminins pluriels (Q 37:1–3; 51:1–4; 77:1–4; 79:1–5; 100:1–5) nous amènent à penser qu'il s'agissait d'un type de serment conventionnel dans les déclarations oraculaires préislamiques. <sup>43</sup> Cette convention particulière reste mal comprise, mais ces serments pourraient avoir fait référence à des animaux ou des esprits.}}


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Voir l'article principal: [[La lapidation dans la loi islamique|''La lapidation dans la loi islamique'']]
Voir l'article principal: [[La lapidation dans la loi islamique|''La lapidation dans la loi islamique'']]


Dans {{Quran|5|38}}, la peine pour le vol est donnée comme l'amputation de la main. Dans les hadiths, la peine pour les adultères mariés est la [[La lapidation dans la loi islamique|lapidation]], (bien que seules les flagellations soient mentionnées pour [[:en:Zina|zina]] dans le Coran).
Dans [https://coran-seul.com/index.php/verset?sourate=5&verset=38 Coran 5:38], la peine pour le vol est donnée comme l'amputation de la main. Dans les hadiths, la peine pour les adultères mariés est la [[La lapidation dans la loi islamique|lapidation]], (bien que seules les flagellations soient mentionnées pour [[:en:Zina|zina]] dans le Coran).


Walter Young a montré que les peines de hadd de lapidation des adultères et d'amputation de la main pour le vol avaient des parallèles préislamiques dans la loi coutumière arabe. Young écrit :
Walter Young a montré que les peines de hadd de lapidation des adultères et d'amputation de la main pour le vol avaient des parallèles préislamiques dans la loi coutumière arabe. Young écrit :
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==Voir aussi==
==Voir aussi==


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* [[:en:Ka'bah|''Ka'bah'']]
* [[:en:Black_Stone|''Black Stone'']]
* ''[[:en:Mecca|Mecca]]''
=== Liens externes ===
* [https://al-kalam.fr/ al-Kalam, Aux origines de l'Islam]


==Liens externes==
*[http://www.answering-islam.org/Silas/pagansources.htm Les origines religieuses païennes de l'Islam (ang)] ''- Answering Islam''
*[http://www.answering-islam.org/Silas/pagansources.htm Les origines religieuses païennes de l'Islam (ang)] ''- Answering Islam''
*[http://www.answering-islam.org/Books/Zwemer/Animism/index.htm L'influence de l'animisme sur l'Islam (ang)] ''- Online book by Samuel M. Zwemer, F.R.G.S.''
*[http://www.answering-islam.org/Books/Zwemer/Animism/index.htm L'influence de l'animisme sur l'Islam (ang)] ''- Online book by Samuel M. Zwemer, F.R.G.S.''
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[[En:Pre-Islamic Arab Religion in Islam]]
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[[ru:Языческие_истоки_Ислама]]
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