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Fichier:Pre-Islamic Basmala in South Arabian Script.jpg
Une basmala préislamique découverte au Yémen en 2018 et écrite en alphabet sud-arabique. De droite à gauche, la ligne supérieure se lit "bsmlh rḥmn rḥmn rb smwt", interprétée par Ahmad al-Jallad comme "Au nom d’Allāh, le Raḥmān, aie pitié de nous, ô seigneur des cieux" (le second rḥmn étant interprété comme rḥm-n)[1]

Cet article traite de la religion monothéiste de l’Islam et de son héritage arabe préislamique. Alors que le Coran a été composé dans un dialogue étendu avec la théologie et les légendes judéo-chrétiennes de l’Antiquité tardive, l’héritage de son environnement plus immédiat perdure aujourd’hui à travers les noms, les rituels et certaines croyances spécifiques.

Histoire du nom Allah et de la Basmala

Voir aussi: Au nom d'Allah, Al-Kalam.

Le Livre des Idoles de Hisham ibn al-Kalbi (mort en 819 EC) est une série de récits populaires lointains décrivant l’idolâtrie manifeste des Arabes préislamiques, avec un récit global affirmant que cela prit fin avec l’avènement de l’Islam. La recherche académique contemporaine reconnaît qu’il s’agit là d’un récit erroné, visant à créer un contraste plus net entre la période juste avant l’Islam et l’Islam lui-même.[2][3] Notre compréhension du paysage religieux dans l’Arabie préislamique est transformée au XXIe siècle par l’étude des preuves épigraphiques (inscriptions sur pierres, art rupestre et leur contexte archéologique), complétée par une étude attentive des preuves internes du Coran et des premières sources islamiques, indépendamment des œuvres historiographiques ultérieures.

À partir du IVe siècle EC, lorsque Himyar commence à adopter le judaïsme, les divinités païennes disparaissent presque complètement du registre épigraphique des écritures sud-arabiques, inaugurant ce que l’on appelle la période monothéiste dans cette région méridionale de l’Arabie. À leur place, un dieu unique, Rḥmnn (littéralement, Le Miséricordieux), commence à apparaître, devenant finalement l’épithète coranique al-Rahman (voir ci-dessous).[4] Le professeur Ahmad al-Jallad, reconnu pour ses travaux sur les langues et systèmes d’écriture de l’Arabie préislamique, note que le nom raḥmān apparaît dans plusieurs inscriptions sud-arabiques préislamiques et dérive de l’araméen juif *raḥmānā*.[5] Sigrid Kjær observe que l’usage de Rahman (ou Rahman-an avec le suffixe défini) ne devient véritablement monothéiste qu’au VIe siècle EC, étant auparavant utilisé dans un contexte monolâtre (objet unique de culte, bien que d'autres divinités soient reconnues). Le Coran présente une progression chronologique dans l’usage des théonymes : *Rabb* (seigneur) dans la première phase, puis *al-Rahman*, et finalement une utilisation presque exclusive du nom *Allah*.[6]

Le mot Allāh apparaît pour la première fois dans les archives épigraphiques comme le nom d’une des nombreuses divinités nabatéennes dans le nord de l’Arabie au Ier siècle av. J.-C. ou au Ier siècle apr. J.-C.[7] Le mot pourrait provenir d’une contraction de al-ʾilāh (le dieu), bien qu’il existe certaines difficultés linguistiques avec cette hypothèse. Quoi qu’il en soit, il s’agissait du nom d’une divinité à cette époque et rien n’indique qu’il était associé au dieu monothéiste judéo-chrétien. Le nom Abd Allah (comme le père de Muhammad) apparaît pour la première fois dans un contexte païen nabatéen. Dans ce contexte, ils utilisaient la même construction pour d'autres dieux, par exemple ʿAbdu Manōti, « serviteur de Manāt ». Dans les inscriptions safaitiques (un script utilisé dans le désert d’Arabie du Nord), le nom Allāh est parfois invoqué, mais bien moins fréquemment que d’autres divinités. Au VIe siècle apr. J.-C., le nom Allāh est appliqué dans un contexte monothéiste autour du Ḥijāz et finit par fusionner avec le terme chrétien al-ʾilāh (le dieu). Allah apparaît associé à al-Rahman (qui, dans le sud, était associé au dieu judéo-chrétien) dans une inscription basmala préislamique découverte au Yémen, comme discuté dans la section suivante.[8] Al-Jallad écrit : « Contrairement à l’Arabie du Sud, les traditions monothéistes d’Arabie du Nord aux Ve et VIe siècles invoquaient al-ʾilāh/allāh. Tandis que al-ʾilāh est attesté dans des contextes chrétiens évidents, allāh est plus rare et trouvé dans des contextes confessionnels ambigus. Il est impossible pour le moment de dire si la distinction entre les deux était simplement régionale ou si elle reflétait une scission confessionnelle. Ce qui est clair, cependant, c’est que “Raḥmān” n’était pas utilisé dans les temps préislamiques en Arabie du Nord."[9]

La Basmala

La basmala islamique, « Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux » (Bismillah Ar-Rahman Ar-Raheem), est récitée avant le début de chaque sourate et ouvre la prière de la Fātiḥa. À l’intérieur même des sourates, elle n’apparaît qu’une seule fois, dans Coran 27:30.

En 2018, la première inscription connue de la basmala préislamique a été trouvée sur une falaise au Yémen, rédigée en écriture sud-arabique : « Au nom d’Allah, Rahman ; Rahman seigneur des cieux » (bsmlh rḥmn rḥmn rb smwt). Le reste de l’inscription dit : « satisfais-nous par ta faveur, et accorde-nous son essence (c’est-à-dire la sagesse) pour compter nos jours ». En écrivant sur cette découverte, Ahmad al-Jallad date l’inscription de la fin du VIe ou du début du VIIe siècle apr. J.-C. et observe que l’ensemble de l’inscription a une qualité psalmique, probablement influencée par la liturgie juive ou chrétienne. Il interprète le second rḥmn comme rḥm-n (« aie pitié de nous »)[10] Il note également que al-Rahman était à l’origine une divinité distincte d’Allah, et non un simple qualificatif comme dans la basmala islamique. Maslamah, un prophète yéménite rival de Muhammad, adorait al-Rahman, la divinité de l’ancien royaume de Himyar. Al-Jallad propose que la basmala ait été utilisée pour synchroniser les deux pôles monothéistes de l’Arabie : Allah au nord (où les autres divinités disparaissent complètement des archives épigraphiques au VIe siècle apr. J.-C.) et al-Rahman au sud. Cette équivalence aurait probablement été introduite lors des incursions himyarites vers le nord au VIe siècle. Cette différence régionale est reflétée dans Coran 17:110. Ar-Raheem (le miséricordieux) serait alors une innovation islamique ajoutée à al-Rahman de la basmala préislamique qui, à ce moment-là, en était venu à représenter un adjectif qualifiant Allah. [11] Cette basmala préislamique, ainsi que de nombreuses autres inscriptions préislamiques, présentent des similitudes avec des expressions et une terminologie que l’on retrouve dans le Coran.[12] Rb smwt dans l’inscription (« Seigneur des cieux ») est semblable à des inscriptions sud-arabiques en langue sabéenne (mrʾ smyn w-ʾrḍn), une expression qui apparaît aussi dans des versets tels que Coran 19:65 (« Seigneur des cieux et de la terre » ; rabbu l-samāwāti wal-arḍi).[13]

Orthographe

Allāh est écrit lh dans cette inscription de basmala préislamique trouvée au Yémen, une orthographe également présente dans le nord de l’Arabie où des inscriptions bilingues safaitique-grec confirment qu’il était vocalisé allāh.[10][7] En 2022, une expédition menée par al-Jallad avec Hythem Sidky a découvert que dans les inscriptions préislamiques du VIe au début du VIIe siècle, l’orthographe des inscriptions entre Médine et Tabuk est ʾlh (qui était aussi l’orthographe nabatéenne), ou lh, ou lorsqu’il est utilisé en état de annexion (iḍāfah), lhy. Cependant, l’orthographe avec double lām ʾllh apparaît sur les inscriptions de la région entre La Mecque et Taif, ce qui est significatif en termes d’orthographe retrouvée dans le Coran. En termes d’orthographe, l’écriture avec double lām de allāh telle qu’elle apparaît dans le Coran est une pratique orthographique inhabituelle, car dans les écritures sémitiques une consonne doublée n’est généralement pas écrite deux fois.[14][7]

Croyances des mushrikīn coraniques

L’historienne Patricia Crone, dans un article détaillé sur les mushrikīn coraniques, a souligné que beaucoup croyaient en Allāh comme le dieu créateur judéo-chrétien, mais lui associaient un ou plusieurs partenaires inférieurs, généralement décrits comme des dieux mais parfois comme ses enfants, et qu’il avait pris des anges féminins pour lui-même. Parfois, ces dieux sont nommés, et la plupart ont également été retrouvés dans des inscriptions rupestres. Les mushrikīn croyaient aussi aux djinns et aux démons, et certains adoraient les corps célestes. Ahab Bdaiwi ajoute que le paganisme pur est rarement attesté tel que décrit dans les sources postérieures (comme Ibn al-Kalbī).[15][16][17]

Allāh dans la poésie préislamique

Nicolai Sinai note dans son article de 2019 Rain-Giver, Bone-Breaker, Score-Settler: Allāh in Pre-Quranic Poetry, que Allāh apparaît également dans la poésie préislamique authentique comme le nom d’un dieu extrêmement puissant, qu’on peut peut-être mieux décrire comme un « dieu suprême » des païens, et non seulement comme le Dieu judéo-chrétien reconnu par Crone. Comme d’autres chercheurs l’avaient déjà reconnu, pour les païens du Coran, Allāh était un dieu créateur avec un large éventail de pouvoirs. Dans la poésie arabe préislamique, on voit qu’ils considéraient Allāh comme le créateur des cieux et de la Terre, le maître des destinées humaines, le pourvoyeur de pluie, et un dieu qui venge les serments non tenus. Des prières et des sacrifices étaient adressés à Allāh, qui détermine l’issue des événements présents, ce qui recoupe la proclamation coranique des opposants païens. De même, les païens du Coran, comme la majorité des poètes païens préislamiques, ne considèrent pas qu’Allāh joue un rôle eschatologique (c’est-à-dire – l’idée d’un jugement universel des ressuscités).[18]

Monothéisme judéo-chrétien général en Arabie

À l’époque de Muhammad, les deux plus grands empires du Proche-Orient étaient l’Empire byzantin (romain), dont le christianisme était la religion d’État,[19] et le judaïsme y était encore pratiqué.[20] Et l’empire sassanide (perse), où l’Église nestorienne (ou Église de l’Orient), bien que n’étant pas religion d’État, était pratiquée,[21] tout comme le judaïsme.[22] Ces deux empires avaient des contacts étendus avec les tribus arabes dans les siècles précédant l’Islam.

Il existe certainement des preuves d'une utilisation croissante des Arabes probablement nomades dans les unités militaires. Au cours du Ve siècle, de nombreuses sources grecques et syriaques témoignent que Rome et la Perse subventionnaient les tribus nomades arabes le long des frontières, probablement pour la simple raison que les ressources financières des deux empires étaient principalement allouées ailleurs, et que ces nomades auraient autrement attaqué les zones sédentaires. Des unités militaires « sarrasines » ont toutefois participé à d’autres campagnes, et le document administratif romain Notitia Dignitatum du IVe siècle mentionne qu’elles ont servi en Égypte, en Palestine et en Phénicie. Après la bataille d’Andrinople en 378, des forces arabes auraient joué un rôle dans la défense de Constantinople contre les Goths. Après la paix de 363, l’entretien des forces frontalières fut négligé, et ce n’est qu’au VIe siècle que des membres des tribus arabes commencèrent à servir dans les guerres par procuration entre les Sassanides et les Romains plus proches de chez eux.

Cela est particulièrement bien documenté à travers les factions arabes pro-romaines et pro-sassanides dirigées par deux dynasties : les Jafnides ou « Ghassānides » et les Naṣrides ou « Lakhmides »,[23] qui sont également mentionnés dans de nombreuses autres sources non arabes.[24]

Comme le note Lindstedt (2023), les Ghassānides et les Lakhmides sont parvenus à des positions importantes en tant qu’alliés et sortes d’États tampons de l’Empire byzantin et de l’Empire sassanide vers la fin du IIIe siècle de notre ère.[25] Les Ghassānides s’étaient convertis vers le Ve siècle, et les Lakhmides avant l’islam.[26] On disait que les Ghassānides possédaient une sorte d’écrit religieux, bien que l’on ne sache pas exactement lequel.[27] Les deux dynasties soutenaient le christianisme, par exemple en construisant des églises. Les élites ghassānides sont connues pour avoir construit des églises tout au long du VIe siècle selon les données archéologiques.[28] Il est possible que déjà au IVe siècle le roi lakhmide Marʾ al-Qays ibn ʿAmr se soit converti au christianisme, bien que certains datent cette conversion vers la fin du VIe siècle ; quoi qu’il en soit, des sources arabes et non arabes suggèrent que les Lakhmides et les habitants de leur territoire étaient devenus « majoritairement chrétiens » avant l’Islam, bien qu’il soit difficile d’en être certain.[29]

Il note également que la tribu des Taghlib s’est convertie à la fin du VIe siècle, comme l’atteste la poésie composée par ses membres, et que les Ṣāliḥides et Tanūkhides se sont également christianisés. Selon les preuves disponibles, la majorité des tribus de l’Arabie du Nord ont adopté le christianisme dans sa forme miaphysite.[30]

Des inscriptions monothéistes, très probablement chrétiennes, ont aussi été retrouvées au nord-ouest de l’Arabie, dans les localités d’alʿArniyyāt et Umm Jadhāyidh, en Arabie Saoudite, au nord-ouest de Madāʾin Ṣāliḥ (ancienne Hégra) et d’Al-Jawf – ces localités se situent à un peu plus de 500 km par la route de Médine, ce qui, comme le note Lindstedt, est une distance comparable aux 450 km entre La Mecque et Médine.[31] Une présence juive est également attestée à travers le Ḥijāz plusieurs siècles avant l’Islam, avec des inscriptions datant de l’an 230 de notre ère à Taymā indiquant qu’un Juif était le « chef » de la ville, et d’autres à Hégra et Dedan, y compris en arabe nabatéen, et d’autres similaires datées entre 356 et 367 de notre ère ; Hoyland remarque à ce sujet que ces deux inscriptions « sont des textes très importants pour le judaïsme en Arabie du Nord, car elles impliquent qu’au moins certains de ses membres faisaient partie de l’élite de cette société. Étant donné que ces textes sont espacés de plus de 150 ans, on peut aussi supposer une certaine stabilité de cette fonction. »[32]

Lindstedt (2023) note qu’il est très probable que la majorité des habitants de l’Arabie étaient juifs ou chrétiens,[33] avec une majorité chrétienne dans le nord, et une majorité juive dans le sud.[34] Il convient également de noter que certains auteurs de l’époque islamique (tels que des historiens, commentateurs et poètes) ont identifié plusieurs toponymes à La Mecque et dans ses environs qui suggèrent la présence de chrétiens y vivant ou y séjournant, notamment pour des pèlerinages.[35] Par exemple, al-Azraqī (mort en 837 de notre ère) rapporte qu’il existait à La Mecque un *maqbarat al-naṣārā*, c’est-à-dire un « cimetière des chrétiens » (sans autre précision). Il est difficile d’établir la date exacte et l’existence de ce cimetière, mais on peut aussi s’interroger sur la motivation qu’auraient eue les auteurs musulmans à forger une telle information (puisqu’elle va à l’encontre des traditions islamiques qui décrivent La Mecque comme une ville païenne).[36]

Au sud se trouvait le royaume himyarite (centré dans l’actuel Yémen), où le christianisme et le judaïsme ont gagné une forte influence dès le IVe siècle,[37] avec des souverains qui se sont convertis.[38] Christian Julien Robin note le développement dans la région d’un monothéisme d’inspiration juive, appelé « Raḥmānisme » par A. F. L. Beeston à cette époque.[39] Celui-ci fut ensuite conquis par le royaume chrétien d’Aksoum (ou Axoum), basé dans l’actuelle Éthiopie, Érythrée, Djibouti et Soudan, qui se trouvait à l’ouest de l’Arabie de l’autre côté de la mer Rouge, et qui exerça aussi une influence impériale sur la péninsule arabique durant les siècles précédant l’islam,[40] avant que les Perses ne l’envahissent dans la seconde moitié du VIe siècle.[41] En outre, comme le rapporte El-Badawi (2024), « le Talmud contient des preuves, peut-être datant d’environ 400 de notre ère, selon lesquelles des prêtres expulsés par la purge du temple sous Josias auraient fui Jérusalem pour se réfugier en Arabie. Ils se seraient installés parmi les Ismaélites et auraient atteint jusqu’au Ḥaḍramawt, dans le sud de l’Arabie. »[42] Comme mentionné précédemment, indépendamment de l’origine exacte des termes, la recherche académique reconnaît depuis longtemps l’influence du monothéisme judéo-chrétien dans la péninsule arabique et parmi les tribus arabes bien avant l’islam. Ces influences auraient véhiculé à la fois des récits et des concepts généraux vers le Ḥijāz, que ce soit par des tribus chrétiennes et juives vivant aux côtés de la première communauté coranique, ou simplement par des voyageurs racontant des histoires et/ou faisant du prosélytisme, des esclaves en déplacement qui les connaissaient, par le commerce, les pèlerinages, etc.

Le milieu religieux du Ḥijāz, dans lequel le Coran aurait vu le jour, connaissait bien le judaïsme et le christianisme, et il en allait de même pour d’autres régions fréquentées par des locuteurs arabes. Finster (2011, 70–74) a fourni un aperçu détaillé de la présence chrétienne parmi les tribus arabes. À la fin du VIe siècle de notre ère, un nombre important d’Arabes du Levant, de Mésopotamie et d’Arabie s’étaient convertis au christianisme : Najrān, une ville arabe importante située à 1 000 kilomètres au sud-est de La Mecque, était majoritairement chrétienne à l’époque de l’apparition de l’islam ; le royaume de Ḥimyar, dans le sud, avait été sous domination chrétienne pendant cinquante ans au cours du VIe siècle (Robin 2012) ; la région de Bet Qaṭraye, au large de la côte est arabique dans le golfe Persique, comptait une présence chrétienne du IVe au IXe siècle (Witztum 2011, 259) ; et Pétra, l’ancienne capitale nabatéenne et plus tard capitale méridionale de la province byzantine de Palaestina Tertia, dont l’influence s’étendait vers le sud en Arabie (Nehmé 2017, 149) et vers le nord au Levant, abritait une communauté chrétienne dès le IIIe siècle de notre ère : Asterius, évêque de Pétra, aurait assisté au concile d’Alexandrie en 363 (Wace et Piercy 1999, 123). La présence juive datable dans la péninsule Arabique remonte au moins au Ier siècle avant notre ère, tant dans le Ḥijāz au nord que dans le Ḥimyar au sud-ouest (Hirschberg 2007, 294 ; Hoyland 2011, 110). Des historiens arabes musulmans mentionnent environ 20 tribus juives vivant parmi les Arabes (Hirschberg 2007, 294). Dans le sud, la présence juive avait acquis de l’importance au moins dès la fin du IVe siècle de notre ère (Rippin 2005, 14). Le royaume ḥimyarite avait exercé une influence sur le Ḥijāz pendant plusieurs siècles avant l’émergence de l’islam, et une monarchie juive régnait sur les Ḥimyarites au Ve siècle. Ibn Isḥāq attribue l’adoption du judaïsme par le roi ḥimyarite Asʿad Abū Karib, dans la première moitié du Ve siècle, à l’influence de deux rabbins juifs originaires de Yathrib (Médine) (Guillaume 1955, 7–11 ; voir aussi Smith 1954, 462). Il rapporte également de nombreux contacts entre Muḥammad et les juifs de Médine.
Durie, Mark. (PhD). The Qur’an and Its Biblical Reflexes: Investigations into the Genesis of a Religion (pp. 29) (Kindle Edition). Lexington Books.

Des rapports font aussi état de violences sectaires entre groupes monothéistes concurrents en Arabie.

Un massacre de chrétiens de Najrān aurait été perpétré par Dhu Nawās, roi juif des Ḥimyarites, en 523 de notre ère, apparemment pour les forcer à se convertir au judaïsme. Ibn Isḥāq relate un massacre par le feu et l’épée d’environ 20 000 chrétiens, qu’il associe aux versets Quran 85:4–8 (Guillaume 1955, 17). Ce massacre est également mentionné dans des sources chrétiennes contemporaines. En représailles, les Éthiopiens chrétiens détruisirent le royaume ḥimyarite en 525, mettant fin à six siècles de domination yéménite dans la région.
Durie, Mark. (PhD). The Qur’an and Its Biblical Reflexes: Investigations into the Genesis of a Religion (pp. 29-30). (Kindle Edition) Lexington Books.

Holyland (2008)[43] note l’implication documentée des autorités de l’Église chrétienne syriaque dans l’émergence du christianisme arabe durant les premiers siècles de notre ère. Il met en lumière plusieurs exemples de cette interaction, comme Alexandre, évêque de Mabbugh (au nord-est de l’actuelle Alep, en Syrie), qui fit construire une église à Rusafa dédiée à saint Serge, un saint vénéré par les tribus arabes de la région. Des figures syriaques comme Jacques de Saroug et Sévère, patriarche d’Antioche, ont aussi rédigé des textes en l’honneur de saint Serge. Au début du VIe siècle, Philoxène, un autre évêque de Mabbugh, consacra les premiers évêques de Najrān dans le sud-ouest de l’Arabie. D’autres personnages notables comme Élie, un martyr originaire du sud de l’Arabie qui avait été moine au couvent de Mar Abraham de Tellā (à l’est de l’actuelle Édesse, en Turquie), ainsi que Jacques de Saroug et Jean le Psaltaire du monastère d’Aphtonios à Qenneshre (à l’est d’Alep), ont écrit des œuvres honorant les martyrs chrétiens de Najrān. Ainsi, bien qu’il n’y ait pas eu de centre établi du christianisme syriaque dans le Ḥijāz, il existait clairement des lignes de communication et d’influence qui le traversaient.[44]

Réformisme abrahamique

Muḥammad insiste sur le fait de suivre « la religion d’Abraham » plutôt que celle des juifs ou des chrétiens (Coran 2:135, Coran 3:67). Le Coran élève Ismaël, fils d’Abraham, considéré comme l’ancêtre des Arabes selon des interprétations tardives des auteurs bibliques sur les « Ismaélites »[45] (cependant, dans la Bible, c’est son autre fils Isaac avec qui l’alliance est établie, tandis qu’Ismaël en est expressément exclu).[46] Dans le Coran, Ismaël devient un prophète, et il est dit qu’il construit un temple avec Abraham (Coran 2:125-127), identifié dans la tradition islamique comme la Kaaba à La Mecque. Ce récit, qui présente les disciples de Muḥammad comme les descendants d’Ismaël, relie non seulement le monothéisme arabe à l’héritage d’Abraham par la généalogie, mais établit également une charte religieuse pour le sanctuaire mecquois et le pèlerinage, offrant ainsi à Muḥammad un fondement significatif à son message.

Michael Cook (2024) note que cette idée selon laquelle les Arabes seraient des descendants d'Abraham Coran 22:78 est antérieure au Coran, et qu’elle était bien connue des Arabes depuis des millénaires, comme le rapporte Sozomène, un chrétien (né vers 380 à Bethelea, près de Gaza, en Palestine — mort vers 450 à Constantinople, Empire byzantin [aujourd’hui Istanbul, Turquie.])[47], qui écrivait que certains avaient pris connaissance de ce fait et avaient commencé à pratiquer un monothéisme inspiré du judaïsme plutôt que le paganisme, plusieurs siècles avant l’islam.

Sozomène, un chrétien originaire d’un village près de Gaza écrivant dans la première moitié du Ve siècle, rapporte un récit intéressant sur les Sarrasins, l’un des noms par lesquels les Arabes étaient alors largement connus. Ils descendaient d’Ismaël, d’où leur autre appellation d’Ismaélites. « Étant donné leur origine, ils pratiquent la circoncision comme les Juifs, s’abstiennent de consommer du porc et observent de nombreux autres rites et coutumes juifs. » Bien entendu, cet héritage ancien des Arabes ne fut que partiellement préservé, mais cela s’explique aisément : « Les habitants des pays voisins, fortement enclins à la superstition, ont sans doute rapidement corrompu les lois imposées par leur ancêtre Ismaël. » Ils en vinrent donc à servir « les mêmes dieux que les nations voisines. » Mais ce tort fut finalement réparé : « Certains membres de leur tribu, étant entrés en contact avec les Juifs, apprirent d’eux la vérité sur leur origine, revinrent vers leurs proches, et s’orientèrent vers les lois et coutumes hébraïques. » Enfin, Sozomène revient à son époque : « Depuis ce moment-là, jusqu’à aujourd’hui, beaucoup d’entre eux règlent leur vie selon les préceptes juifs. »5


Pour Sozomène, donc, les Arabes partageaient à l’origine avec les Israélites l’héritage de leur ancêtre commun Abraham, mais sous l’influence de leurs voisins païens, ils avaient perdu ce précieux héritage ancestral et sombré dans le paganisme. Ce n’est pas seulement ainsi que Sozomène le comprend ; il nous dit aussi, dans ce passage, que certains Arabes, ayant appris leur ascendance ismaélite grâce à des contacts avec les Juifs, étaient ensuite retournés à l’héritage de leurs ancêtres. Ce faisant, ils rejetaient les erreurs de leurs ancêtres récents pour retrouver leur véritable héritage d’origine. Plutôt qu’une trahison de leur ascendance, leur adhésion à l’héritage d’Abraham représentait le comble de la fidélité à celui-ci. Deux siècles plus tard, une idée similaire occupera une place centrale dans le Coran.
Cook, Michael. A History of the Muslim World: From Its Origins to the Dawn of Modernity (p. 58-60) (Kindle Edition) Princeton University Press.

Dans la tradition islamique

Il convient également de noter que, même dans le récit traditionnel, bien que contesté par les chercheurs modernes (comme mentionné ci-dessus), des Juifs et des Chrétiens apparaissent.

Dans les ḥadīths et la sīra, on trouve des références à des chrétiens que Muḥammad connaissait, qui l’ont soutenu et ont pu l’influencer. L’un d’eux était la nourrice de Muḥammad, Umm Aymān, une Éthiopienne (Shahīd 2006, 15). Un autre était le cousin de son épouse Khadījah, Waraqah ibn Nawfāl, que Ibn Isḥāq décrit comme « un chrétien ayant étudié les écritures et étant un érudit » (Guillaume 1955, 83, 99, 107). Un autre encore était le moine Baḥīra, qui était « bien versé dans la connaissance des chrétiens » (Guillaume 1955, 79–81). Il est aussi fait mention d’un esclave chrétien nommé Jabr, dont les détracteurs de Muḥammad disaient : « Celui qui enseigne le plus à Muḥammad est Jabr le chrétien » (Guillaume 1955, 180). Un ḥadīth fait également référence à un chrétien anonyme, ancien scribe de Muḥammad, qui s’était converti à l’islam, puis était retourné au christianisme, affirmant être la source d’une grande partie du savoir de Muḥammad. Cette idée, selon laquelle Muḥammad recevait de l’aide d’autrui, remonte en fait au Coran lui-même (Q25:4–5). Les ḥadīths mentionnent aussi certains Juifs qui, à l’instar de Waraqa et Baḥīra, ont soutenu Muḥammad (Guillaume 1955, 79, 90, 93).
Durie, Mark. (PhD). The Qur’an and Its Biblical Reflexes: Investigations into the Genesis of a Religion (pp. 30-31) (Kindle Edition) Lexington Books.

Récits des prophètes dans l’islam

Comme de nombreux chercheurs islamiques aux points de vue variés sur les origines de la religion, par exemple Nicolai Sinai,[48] Angelika Neuwirth,[49] Robert G. Hoyland,[50] Andrew Bannister[51] et Stephen Shoemaker,[52] ont souligné que le Coran semble évoquer les récits bibliques et arabes de manière allusive, supposant que le public en connaissait déjà les détails et les personnages. Cela suggère que ces récits étaient bien connus dans l’environnement où il fut prêché à l’origine, ce que confirment par ailleurs la proximité des monothéistes judéo-chrétiens, ainsi que des exemples retrouvés dans la poésie préislamique.[53]

Bannister, Andrew G.. An Oral-Formulaic Study of the Qur'an (pp. 12-13) (Kindle Edition). Lexington Books. 2014. </ref> et Stephen Shoemaker,[54] ont noté que le Coran semble rappeler des histoires bibliques et arabes de manière allusive, ce qui suppose que le public connaissait déjà l’histoire plus large et ses personnages en détail. Cela suggère que ces récits étaient largement connus dans l’environnement dans lequel ils furent initialement prêchés, et l’on observe d’autres indices de cela en lien avec la proximité de monothéistes judéo-chrétiens, avec des exemples retrouvés dans la poésie préislamique.[55]

Culte à la Ka’bah

Le Coran mentionne fréquemment un sanctuaire sûr ou une maison où ont lieu des rituels, qu’il nomme « la Ka'bah, la Maison sacrée » dans Coran 5:95-97. Traditionnellement, on l’identifie aux « fondations de la maison » élevées par Abraham et Ismaël dans Coran 2:127, ce qui est probablement l’implication visée. Voir aussi Coran 3:96-97, qui affirme que la première maison pour l’humanité où Abraham priait fut construite à Bakkah, généralement comprise comme étant La Mecque, ainsi que Coran 14:35-41, où la maison sacrée construite par Abraham est décrite dans les mêmes termes que la Ka'bah dans d’autres versets. Encore plus explicite est Coran 22:26-29, où le site de la maison d’Abraham est identifié à la « maison ancienne » autour de laquelle les pèlerins sont autorisés à tourner. Il existe cependant peu ou pas de preuve directe concernant l’histoire préislamique de la Ka'bah à La Mecque. En revanche, certaines preuves indirectes significatives s’y rapportent, et elles ne vont pas dans le sens de la compréhension traditionnelle.

Dans son article Foundations of the house, Joseph Witztum discute ce verset (Coran 2:127). Il soutient que la scène coranique reflète un ensemble de traditions post-bibliques se fondant sur Genèse 22, où Abraham va sacrifier Isaac (dans le Coran, il s’agit d’Ismaël). Dans des traditions exégétiques ultérieures, Abraham construit un autel pour le sacrifice et Isaac s’offre volontairement. Dès Les Antiquités judaïques 1:227 de Josèphe (Ier siècle EC), Isaac aide même à la construction. Aux IVe et Ve siècles, plusieurs homélies chrétiennes (principalement syriaques) reprennent ce motif. Puis une homélie syriaque du VIe siècle de Jacques de Saroug sur Genèse 22 les décrit comme construisant non seulement un autel mais une « maison » (syriaque : *bayta*), comme dans le Coran (arabe : *bayt*). Witztum soutient que le Coran transfère cette imagerie associée à Jérusalem vers La Mecque.[56] Le développement clairement tardif de l’idée qu’Abraham ait construit une maison sacrée pour y sacrifier son fils remet en question la réalité historique de ce récit, sans parler de l’idée que la Ka'bah de La Mecque en serait le lieu. Pour bien d’autres exemples d’éléments narratifs chrétiens syriaques dans le Coran, voir l’article (anglais): Parallels Between the Qur'an and Late Antique Judeo-Christian Literature.


Les conclusions de Witztum sont également résumées par Gabriel Said Reynolds dans son commentaire académique sur le Coran. Reynolds note par ailleurs que l’historien byzantin Sozomène du Ve siècle EC (mort en 450) rapporte que les Arabes effectuaient un pèlerinage annuel à Hébron, près de Jérusalem, où Abraham aurait reçu une visite divine (Genèse 18). Reynolds suggère que ce pèlerinage arabe a pu être ultérieurement transféré à La Mecque.[57] En effet, il semble étrange que ces Arabes se rendent jusqu’à Hébron en pèlerinage si la maison d’Abraham était déjà identifiée à un sanctuaire à La Mecque à cette époque. Le professeur Sean Anthony a écrit une discussion complémentaire utile sur le sujet.[58] Patricia Crone est largement reconnue pour avoir établi que La Mecque n’avait aucune importance particulière au moment de l’émergence de l’islam, qu’elle ne se trouvait pas sur la principale route commerciale, et que son commerce portait sur des produits comme le cuir, la laine et d’autres biens pastoraux.[59]

Un lieu appelé Macoraba en Arabie est mentionné dans une œuvre géographique de Ptolémée au IIe siècle EC. De nombreux chercheurs universitaires pensent qu’il s’agit d’une référence à La Mecque (une hypothèse formulée pour la première fois au XVIe siècle), et certains estiment même que le nom dérive d’un ancien mot sud-arabique pour temple, *mkrb*. D'autres historiens, tels que Patricia Crone et Ian D. Morris, ont soutenu qu’il n’existe aucune raison valable de croire que Macoraba et La Mecque soient le même endroit. Cette idée n’a jamais été appuyée par une enquête académique significative, et aucune autre source ancienne n’a pu être démontrée comme décrivant La Mecque ou son temple.[60]

Il semble que Muhammad ait simplement poursuivi, sans le savoir, une tradition préislamique de culte et de pèlerinage à la Ka'bah. Son identification avec la maison d’Abraham n’a aucun fondement historique. Les preuves suggèrent même que l’histoire selon laquelle Abraham et son fils auraient construit une maison sacrée ne remonte pas à une grande antiquité.

Récits ultérieurs rapportés dans les hadiths

Selon les hadith, la Ka'bah à La Mecque était un centre d’adoration des idoles, abritant 360 idoles :

D’après 'Abdullah bin Masud : Le Prophète entra à La Mecque et (à ce moment-là) il y avait trois cent soixante idoles autour de la Ka'bah. Il se mit à poignarder les idoles avec un bâton qu’il tenait en main, en récitant : « La vérité (l’islam) est venue et le mensonge (la mécréance) a disparu. »

Dans un hadith, Muhammad affirme qu’elle a été construite 40 ans avant le Temple de Jérusalem :

Rapporté par Abu Dhaar : Je dis : « Ô Apôtre d’Allah ! Quelle mosquée a été construite en premier ? » Il répondit : « Al-Masjid-ul-Haram. » Je demandai : « Laquelle ensuite ? » Il répondit : « Al-Masjid-ul-Aqs-a (c.-à-d. Jérusalem). » Je demandai : « Quelle fut la période entre les deux ? » Il répondit : « Quarante ans. »

Le Temple de Jérusalem a été construit par Salomon vers 958–951 AEC, tandis qu’Abraham est censé avoir vécu vers 2000 AEC, ce qui signifie qu’Abraham et Ismaël étaient déjà morts à cette époque.

Selon un autre hadith, Muhammad envisagea même de la démolir :

Rapporté par Aswad : Ibn Az-Zubair me dit : « Aïcha te racontait en privé plusieurs choses. Que t’a-t-elle dit à propos de la Ka'ba ? » Je répondis : « Elle m’a dit qu’un jour, le Prophète a dit : ‘Ô Aïcha ! Si ton peuple n’était pas encore proche de la période préislamique d’ignorance (infidélité), j’aurais démoli la Ka'ba et j’y aurais mis deux portes : une pour entrer, l’autre pour sortir.’ » Plus tard, Ibn Az-Zubair fit de même.

Ḥajj (pèlerinage)

Voir aussi: Le pèlerinage, al-Kalam, Aux origines de l'islam.

Langage religieux

Le spécialiste de l’islam Peter Webb (2023) remarque que le langage religieux coranique se retrouve dans la poésie préislamique, comme le mot *muʿtamir*, formé de la même racine que le terme musulman *ʿumrah*, pour désigner un pèlerin. Plusieurs poètes préislamiques emploient également le mot *ḥijaj* (litt. « pèlerinages », pluriel de *ḥijjah*) pour exprimer le concept d’« années », notamment les « années passées ». *ʿUmrah/muʿtamir*, selon Webb, ne semblent pas apparaître comme termes de datation poétique, tandis que cet aspect métaphorique est attaché uniquement à *ḥijaj*, ce qui suggère que *ḥajj* désignait probablement un pèlerinage se déroulant annuellement (ce que *ʿumrah* ne faisait pas), et qu’un schéma régulier de pèlerinages annuels appelés *ḥajj* était suffisamment établi pour que le terme « pèlerinage » serve de métaphore pour le passage du temps lui-même.[61] Plusieurs poètes préislamiques font référence aux animaux sacrificiels du Ḥajj exactement dans les mêmes termes que ceux utilisés par le Coran, à savoir *hady*, ce qui suggère davantage une continuité qu’un changement.[62]

Rasage des cheveux

Le rituel de rasage des cheveux durant le Ḥajj, tel qu’on le trouve dans les hadiths comme :

Ibn `Umar avait l’intention d’accomplir le Hajj l’année où Al-Hajjaj attaqua Ibn Az-Zubair. Quelqu’un dit à Ibn `Umar : « Il y a un risque de guerre imminente entre eux. » Ibn `Umar dit : « En vérité, dans le Messager d’Allah (ﷺ) vous avez un bon exemple. (Et si cela arrivait comme tu le dis), alors je ferais comme l’a fait le Messager d’Allah (ﷺ). Je vous prends à témoin que j’ai décidé d’accomplir la `Umra. » Puis il partit, et lorsqu’il atteignit Al-Baida', il dit : « Les cérémonies du Hajj et de la `Umra sont similaires. Je vous prends à témoin que j’ai rendu le Hajj obligatoire pour moi en plus de la `Umra. » Il conduisit (vers La Mecque) un Hadi qu’il avait acheté d’un endroit appelé Qudaid et ne fit rien de plus. Il n’égorgea pas le Hadi, ne termina pas son Ihram, ni ne rasa ou écourta ses cheveux jusqu’au jour du sacrifice (10 Dhul-Hijja). Ensuite, il sacrifia son Hadi, se rasa la tête et considéra que le premier Tawaf (entre Safa et Marwa) suffisait pour le Hajj et la `Umra. Ibn `Umar dit : « Le Messager d’Allah (ﷺ) fit de même. »

Et par exemple Sahih Bukhari 2:26:786, Sahih Muslim 7:2992 et Sunan Ibn Majah 4:25:3044, ce rituel se retrouve également dans la poésie préislamique, où Webb (2023) note :

Cependant, la référence à la Maison sacrée et à la circumambulation par ses tribus résidentes, Jurhum et Quraysh, est rapportée de manière cohérente dans les différentes versions du poème, et constitue un indice préislamique selon lequel les Quraysh étaient connus avant Muhammad comme les gardiens d’une Maison sacrée. Et, comme dans le poème de al-Nābighah ci-dessus, le rituel était digne de faire l’objet d’un serment. Dans le second poème, Zuhayr fait un autre serment :27

Je jurai solennellement par les campements de Minā,

  et par les têtes rasées et les cheveux pleins de poux.

Minā est le campement des pèlerins du Hajj, et le rasage des cheveux reste l’un des rituels obligatoires du Hajj pour les hommes ; le poème de Zuhayr fournit un témoignage préislamique des deux, ainsi que de leur caractère sacré reconnu à l’époque préislamique, dans la mesure où il les emploie dans un serment.

On retrouve également cela dans le corpus d’Abū Dhuʾyab al-Hudhalī (contemporain approximatif de Muhammad).[63]

Tawaf entre Safa et Marwa

Le Tawaf entre Safa et Marwa est un rituel islamique associé au pèlerinage à La Mecque. Safa et Marwa sont deux monts situés à La Mecque. Ce rituel consiste à marcher rapidement entre les deux monts, sept fois.

As Safa et Al Marwah sont vraiment parmi les lieux sacrés de Dieu. Donc, quiconque fait pèlerinage à la Maison ou fait l'Umra ne commet pas de péché en faisant le va-et-vient entre ces deux monts. Et quiconque fait de son propre gré une bonne oeuvre, alors Dieu est Reconnaissant, Omniscient.

Selon un hadith dans Bukhari, cela était à l’origine une pratique préislamique, ce qui pourrait expliquer la formulation « il n’y a aucun blâme sur lui » dans le verset cité ci-dessus.

Rapporté par 'Asim : J’ai demandé à Anas bin Malik : « Avez-vous eu l’habitude de ne pas aimer faire le Tawaf entre Safa et Marwa ? » Il dit : « Oui, car cela faisait partie des cérémonies de la période préislamique d’ignorance, jusqu’à ce qu’Allah révèle : ‘En vérité ! (Les deux montagnes) As-Safa et Al-Marwa sont parmi les symboles d’Allah. Il n’y a donc aucun péché pour celui qui accomplit le pèlerinage à la Kaaba, ou fait la `Umra, à faire le Tawaf entre eux.’ » (2.158)

Une tradition existe également selon laquelle Hagar courut entre ces deux monts à la recherche d’eau jusqu’à ce qu’elle trouve le puits de Zamzam.

Exigence de l'Ihram

L'Ihram est un état dans lequel un musulman entre pour son pèlerinage à La Mecque. Cela implique une série de procédures comme le lavage rituel, le port des « vêtements d'Ihram », etc. La pratique de réciter la talbiyah (invocations) au moment de l'entrée dans l'Ihram remonte aux Arabes préislamiques. Le premier historien islamique Muqātil b. Sulaymān (d. 150/767) décrit 56 de ces invocations récitées avant l'Ihram, chaque tribu ayant les siennes.[64]

L'Ihram était selon les hadiths dans Sahih Bukhari à l'origine une exigence païenne pour adorer des idoles durant les temps préislamiques. Muhammad a retenu cette pratique pour l'Islam. Les musulmans revêtent l'Ihram pour accomplir le Hajj ou l'Umrah.

Narration de 'Urwa : J’ai demandé à 'Aisha : ...Mais en réalité, cette inspiration divine a été révélée concernant les Ansars qui avaient l'habitude de revêtir l’« Ihram » pour adorer une idole appelée « Manat » qu'ils adoraient à un endroit appelé Al-Mushallal avant de se convertir à l'Islam, et quiconque revêtait l'Ihram (pour l'idole), considérait qu'il n'était pas juste d'effectuer le Tawaf entre Safa et Marwa.

Circumambulation 7 fois

Quelques versets du Coran autorisent la circumambulation autour de la Maison sacrée, ce qui, selon le Coran, était un commandement initialement donné à Abraham au même endroit. La circumambulation signifie faire le tour. En Islam, les pèlerins accomplissent ce rituel sept fois autour de la Ka'bah à La Mecque.

Et [mentionne, Ô Muhammad], lorsque Nous avons désigné pour Abraham le site de la Maison, [en disant] : « Ne M’associe rien et purifie Ma Maison pour ceux qui effectuent le Tawaf et ceux qui se tiennent [en prière] et ceux qui s'inclinent et se prosternent. Et proclame aux gens le Hajj [pèlerinage] ; ils viendront à toi à pied et sur chaque chameau maigre ; ils viendront de chaque passage lointain - Afin qu’ils témoignent des bienfaits pour eux-mêmes et mentionnent le nom d'Allah en ces jours connus sur ce qu’Il leur a fourni d’animaux [sacrificiels]. Mangez-en et nourrissez le misérable et le pauvre. Puis qu’ils mettent fin à leur souillure et accomplissent leurs vœux et effectuent le Tawaf autour de la Maison ancienne. »

L'historien Robert Hoyland parle de la même pratique dans la religion préislamique :

Le nom le plus courant pour ces pierres-dieux provient de la racine sémitique nṣb, signifiant être dressé. D'autres termes reflètent différents aspects de leur utilisation ; ainsi, en nabatéen, elles pouvaient être appelées masgida, signifiant un lieu de prosternation, et dans la poésie arabe préislamique, dûwâr, objet de circumambulation, apparaît fréquemment.
Robert Hoyland, Arabia and the Arabs: From the Bronze Age to the Coming of Islam p. 188
Fichier:Kaaba tawaf and hindu marriage.jpg
Dans le rituel islamique du Tawaf, les musulmans font sept tours autour de la Kaaba. Dans le rituel hindou du Satphere, le couple marié fait aussi sept tours autour d'un feu. Dans ces deux rituels, des phrases religieuses sont répétées pendant la circumambulation

Le judaïsme et le christianisme (les religions de ceux considérés comme les gens du Livre) ne pratiquent pas la circumambulation rituelle pour plaire à Dieu. Deux des autres grandes religions avec une pratique similaire sont l'hindouisme et le bouddhisme (appelée Parikrama). Ces deux religions sont accusées par l'Islam traditionnel de « paganisme » et de pratiquer l'idolâtrie.

Si l'on doit croire les hadiths, Muhammad a effectué la circumambulation autour de la Ka'bah même avant d’en expulser les idoles. Bien que de tels récits puissent être remis en question, voir la fin des sections d'introduction de l'article (anglais): Parallels Between the Qur'an and Late Antique Judeo-Christian Literature concernant les premiers témoignages oculaires musulmans des icônes religieuses judéo-chrétiennes dans la Ka'ba.

Vénération de la Pierre Noire

Article principal (anglais): Black Stone

Les dieux païens de l'Arabie préislamique étaient adorés sous la forme de pierres ou rochers rectangulaires. Par exemple, la divinité païenne 'Al-Lat', mentionnée dans Quran 53:19, et que les païens préislamiques croyaient être l'une des filles d'Allah, était autrefois vénérée comme un rocher cubique à Ta'if en Arabie Saoudite selon les sources islamiques sur le sujet rédigées après l’avènement de l'Islam. Un édifice fut construit au-dessus du rocher pour le marquer comme un lieu de culte.

Al-lat se trouvait à al-Ta'if, et était plus récente que Manah. Elle était un rocher cubique à côté duquel un certain juif avait l'habitude de préparer son porridge d'orge (sawiq). Sa garde était entre les mains des Banu-'Attab ibn-Malik de Thayif, qui avaient construit un édifice au-dessus d'elle. [...]Elle est l'idole que Dieu mentionne lorsqu'Il dit : "Avez-vous vu Al-lat et al-'Uzza" (Sourate 53:19)?[65]
Kitab Al-Asnam (Le Livre des Idoles) par Ibn al-Kalbi, p 14

L'Encyclopédie Britannica en ligne dit ceci au sujet des sanctuaires religieux préislamiques.

Les sanctuaires, parfois sculptés dans le roc sur des hauteurs, consistaient en un ḥaram, un enclos sacré à ciel ouvert, accessible uniquement aux personnes non armées et rituellement pures vêtues de vêtements rituels. Là, le baetyl, une « pierre levée », ou une statue du dieu, était adoré. Les Nabatéens représentaient à l'origine leurs dieux sous forme de baetyls sur un podium, mais plus tard, ils leur donnaient une apparence humaine. Parmi les hauts-lieux nabatéens sculptés dans le roc, le plus connu surplombe le site de Pétra. Sur un sommet se trouvent des baetyls, un autel sacrificiel et un bassin. Les temples en pierre des Nabatéens et des Arabes du Sud étaient des structures plus élaborées, consistant en un enclos rectangulaire entouré de murs, près de l'une de ses extrémités se trouvait un auvent en pierre ou une cellule fermée ou les deux, qui contenait l'autel pour les sacrifices ou l'idole du dieu. D'autres pièces et une citerne pouvaient être ajoutées. La Kaʿbah à La Mecque, qui est devenue le sanctuaire sacré des musulmans, a une structure similaire : c'est une cellule fermée (qui était remplie d'idoles à l'époque préislamique) dans un enclos entouré de murs, avec un puits. Un baetyl, la Pierre Noire, est inséré dans le mur de la Kaʿbah ; elle est recouverte d'un drap (le kiswah), rappelant le couvert en cuir de l'Arche de l'Alliance.

L'Encyclopédie Juive en ligne déclare :

L'adoration des pierres sacrées constituait l'une des formes de religion les plus anciennes et les plus générales ; mais parmi aucun autre peuple cette adoration n'était aussi importante que parmi les Sémites. La religion des nomades de Syrie et d'Arabie a été résumée par Clément d'Alexandrie en une seule déclaration : « Les Arabes adorent la pierre », et toutes les données fournies par les auteurs arabes concernant la foi préislamique confirment ses paroles. La pierre sacrée (« nuṣb » ; pluriel, « anṣab ») est une caractéristique et une caractéristique indispensable dans un ancien lieu de culte arabe.
Pierre et adoration de la pierre - Emil G. Hirsch et Immanuel Benzinger, L'Encyclopédie Juive

Toucher la pierre noire semblait être trop proche de l'idolâtrie pour certains premiers savants islamiques, bien que la tradition ait été acceptée sur la base de la pratique des premiers califes.[66][67]

Selon une tradition dans la Sira d'Ibn Ishaq, Muhammad a été choisi par les Quraysh pour placer la pierre noire dans la Kaaba nouvellement reconstruite lorsqu'il avait 35 ans, cinq ans avant le début de sa prophétie.[68]

Prière 5 fois vers La Mecque

Les païens avant l'Islam priaient cinq fois par jour en direction de La Mecque.[69] Muhammad a retenu pour l'Islam cette pratique préislamique, la sanctionnant par un récit d'un voyage nocturne au ciel sur une bête mythique appelée al-Buraq. Au ciel, le Hadith nous dit qu'Allah exigea 50 prières par jour pour chaque musulman. Sur les conseils de Moïse, Muhammad négocia avec Allah et réussit à réduire cela à cinq prières par jour. Les zoroastriens sont également censés réciter leurs prières (kusti) au moins cinq fois par jour après s'être d'abord purifiés par le lavage (ablution). Ces pratiques islamiques montrent l'influence zoroastrienne.[70] Mais, contrairement aux musulmans, les zoroastriens prient en direction du Soleil (à chaque moment de la journée) et/ou du Feu Sacré (s'ils sont dans un Temple du Feu). [71]

Voir aussi: La prière, al-Kalam, Aux origines de l'islam.

Les Quatre Mois Sacrés

Le Coran mentionne quatre mois sacrés et donne un avertissement contre ceux qui les modifient d'année en année.

En vérité, le nombre de mois auprès d'Allah est de douze mois lunaires dans le registre d'Allah depuis le jour où Il créa les cieux et la terre ; parmi ceux-ci, quatre mois sont sacrés. C'est la religion correcte, alors ne vous faites pas de tort durant ces mois. Et combattez les mécréants collectivement comme ils combattent contre vous collectivement. Et sachez qu'Allah est avec les pieux [qui Le craignent]. En vérité, le report [des mois sacrés] est une augmentation de mécréance par laquelle ceux qui ont mécru sont égarés [encore plus]. Ils le rendent licite une année et illicite une autre année pour correspondre au nombre rendu illicite par Allah et [ainsi] rendre licite ce qu'Allah a rendu illicite.
Et lorsque les mois sacrés sont passés, tuez les polythéistes où que vous les trouviez et capturez-les et assiégez-les et guettez-les à chaque endroit de guet. Mais s'ils se repentent, établissent la prière et donnent la zakat, laissez-les [aller] leur chemin. En vérité, Allah est Pardonneur et Miséricordieux.

Dans des matériaux extra-coranique tels que le hadith et les commentaires, nous apprenons que ces mois sont appelés Dhul Qadha, Dhul Hijjah, Muharram et Rajab, que les Arabes païens préislamiques considéraient comme sacrés durant l'époque de la Jahiliyyah, où il était convenu de suspendre les combats tribaux et où le pèlerinage pouvait être effectué en toute sécurité.[72] Le péché durant ces mois est considéré comme plus grave que durant les autres mois.[73]

Jeûne du 10e jour de Muharram

Le jeûne du jour d'Achoura (c'est-à-dire le 10e de Muharram) est un jeûne optionnel observé annuellement par les musulmans sunnites et, dans une moindre mesure, par les musulmans chiites. Il existait deux traditions contradictoires concernant son origine.[74] Dans une tradition, il est lié aux Juifs de Médine, tandis que l'autre l'attribue aux Quraysh. Une version de la première narration dit que Muhammad observait ce jeûne jusqu'à ce qu'il soit abrogé par l'obligation de jeûner pendant le Ramadan. Cela se trouve également dans la narration alternative qui le relie aux Arabes païens, comme le montre ce passage ci-dessous.

Narration de 'Aisha : 'Ashoura' (c'est-à-dire le dixième de Muharram) était un jour où la tribu des Quraysh jeûnait pendant la période préislamique d'ignorance. Le Prophète jeûnait également ce jour-là. Ainsi, lorsqu'il migra à Médine, il jeûna ce jour-là et ordonna aux musulmans de jeûner ce jour-là. Lorsque le jeûne de Ramadan fut prescrit, il devint optionnel pour les gens de jeûner ou non le jour d'Achoura.

Versets de Serment

Il existe de nombreux 'serments' dans le Coran, souvent au début des sourates, 'jurant' sur quelque chose.

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Par l’après-midi.
wal-ʿaṣri

Stewart (2012)[75] note que les serments au début de nombreuses sourates coraniques (ainsi que d'autres caractéristiques coraniques) appartiennent à une tradition oraculaire préislamique liée à la divination. Ces serments invoquent souvent des corps célestes tels que le soleil, la lune et les étoiles, ainsi que des phénomènes naturels comme la nuit, le jour et des moments spécifiques. Historiquement, certaines de ces entités célestes étaient vénérées comme des divinités, y compris par la tribu des Quraysh. Cependant, dans le Coran, leur régularité prévisible est mise en avant comme un signe du contrôle de Dieu sur l'univers. L'utilisation des serments faisant référence à des moments spécifiques de la journée reflète une continuité des conventions poétiques et oraculaires préislamiques. Des exemples incluent des serments par l'aube, le crépuscule, le matin et d'autres moments spécifiques, comme on le voit dans divers versets (par exemple, Coran 92:1-2, Coran 74:32-34, Coran 81:18, Coran 89:1, Coran 84:15). Lettres mystérieuses et les références aux Écritures sont parfois combinées avec un serment, comme dans Qāf * wa-l-Qurʾāni l-majīd *, “Q. Par le Glorieux Qurʾān” (Q 50:1); Nūn wa-l-qalami wa-mā yasṭurūn, “N. Par le stylo et ce qu'ils écrivent” (Q 68:1); Ḥā mīm wa-l-kitābi l-mubīn, “Ḥ. M. Par le Livre clair” (43:1–2; 44:1–2).[76] Il note sur l'origine de ces types de serments dans l'Arabie préislamique.

Les serments par le soleil, la lune et les étoiles qui apparaissent si fréquemment dans les serments des oracles préislamiques et coraniques, ainsi que les serments par des animaux dans les oracles préislamiques, peuvent avoir été développés à partir des signes utilisés pour la divination. Par exemple, le devin yéménite Saṭīḥ (Rabīʿ b. Rabīʿa b. Masʿūd) aurait fait la prédiction suivante expliquant un rêve du roi yéménite Rabīʿa b. Naṣr : aḥlifu bi-mā bayna l-ḥarratayni min ḥanash la-tahbiṭanna arḍakum ul-ḥabash fa-la-yamlikunna mā bayna Abyana ilā Jurash Je jure par les serpents entre les deux champs de lave, que les Éthiopiens descendront sur votre terre, et conquerront tout le territoire entre Abyan et Jurash39... ...Les oracles préislamiques juraient fréquemment par ou faisaient référence à des animaux, comme l'oracle de Saṭīḥ pour Rabīʿa b. Naṣr mentionné ci-dessus, qui fait référence aux serpents. De même, les prononcés attribués à Musaylimah font référence au loup, à la grenouille, et à l'éléphant. 42 Cette caractéristique des oracles préislamiques qui ressemble à l'usage grec a été en grande partie abandonnée dans le Coran. Les serments d'ouverture dans al-ʿĀdiyāt (Q 100) semblent être une exception, se référant probablement aux chevaux. Les passages de serments d'ouverture dans plusieurs sourates qui comportent chacune une série de participes féminins pluriels (Q 37:1–3; 51:1–4; 77:1–4; 79:1–5; 100:1–5) nous amènent à penser qu'il s'agissait d'un type de serment conventionnel dans les déclarations oraculaires préislamiques. 43 Cette convention particulière reste mal comprise, mais ces serments pourraient avoir fait référence à des animaux ou des esprits.
Stewart, Devin J. "The Mysterious Letters and Other Formal Features of the Qur’ān in Light of Greek and Babylonian Oracular Texts." New Perspectives on the Qur'an (2012). pp 337-338.

Peines pour Adultère et Vol

Voir l'article principal: La lapidation dans la loi islamique

Dans Coran 5:38, la peine pour le vol est donnée comme l'amputation de la main. Dans les hadiths, la peine pour les adultères mariés est la lapidation, (bien que seules les flagellations soient mentionnées pour zina dans le Coran).

Walter Young a montré que les peines de hadd de lapidation des adultères et d'amputation de la main pour le vol avaient des parallèles préislamiques dans la loi coutumière arabe. Young écrit :

Étonnamment, non seulement la lapidation et l'amputation de la main, mais presque l'ensemble de la législation islamique sur l'adultère et le vol ont des parallèles préislamiques. La nature de ces parallèles, cependant, ne correspond pas au paradigme du 'prêt' à partir de 'sources étrangères'. Au contraire, la loi coutumière arabe - une grande contributrice à la loi islamique en général - semble avoir divergé d'une 'source commune' sémitique ancienne partagée avec d'autres entités culturelles du Moyen-Orient. La plupart des éléments majeurs de la loi criminelle islamique, y compris la lapidation et l'amputation de la main, représentent donc l'aboutissement d'un droit commun sémitique ancien.
Lapidation et amputation de la main : les origines préislamiques des peines de ḥadd pour zinā et sariqa - Walter Young[77]

Étoiles filantes et Djinns espions

Article principal (anglais): Shooting Stars in the Quran

L'idée des étoiles filantes chassant les démons espions a des racines zoroastriennes, juives, et probablement arabes. Cela a été noté par Patricia Crone dans le commentaire publié après le Séminaire du Coran 2012-13 (une série de conférences académiques).[78] Elle soutient que bien que les sources zoroastriennes aient été écrites après le Coran, leurs contenus datent de la période sassanide, avant l'essor de l'Islam. Ici, les étoiles fixes et les constellations sont des guerriers dirigés par le soleil et la lune pour repousser les démons représentés par des corps mobiles (planètes et comètes) empêchant leur passage vers le ciel supérieur. C'est dans le Testament de Salomon (1er au 3e siècle de notre ère) que les démons qui volent parmi les étoiles ne sont pas des guerriers, mais tentent plutôt d'écouter les décisions de Dieu à propos des hommes. Ici, les gens voient les étoiles filantes comme les démons épuisés tombant à nouveau sur terre. Les démons espions apparaissent également dans le Talmud babylonien.

Attributions erronées courantes

Allah en tant que "Dieu de la Lune"

Voir la section ci-dessus sur les origines du nom Allah. Une polémique populaire sur Internet propage l'idée qu'Allah dérive de la déesse arabe de la lune al-Lah. Cette idée a été proposée en 1901 par le savant allemand du début du XXe siècle Hugo Winckler. Elle est aujourd'hui universellement rejetée par les chercheurs académiques tant sur des bases historiques que linguistiques.

Le symbole du croissant de lune et Hubal

Une autre affirmation populaire sur Internet est que le symbole du croissant de lune islamique dérive des rapports des hadiths indiquant qu'un dieu arabe de la lune, Hubal, était vénéré à la Ka'bah. En réalité, le symbole de l'étoile et du croissant de lune a été adopté par les pièces de monnaie du premier empire islamique en continuité avec celles de l'empire sassanide qu'il avait conquis, mais il n'est devenu un symbole de l'Islam que plusieurs siècles plus tard lorsqu'il a été utilisé comme symbole de drapeau par les Ottomans. À l'origine, il provient des pièces de monnaie gréco-romaines dans un contexte païen, certains argumentent même une origine sumérienne, et était également présent sur les pièces chrétiennes byzantines comme un simple motif iconographique. Voir l'article Crescent Moon pour plus de détails.

Selon Ibn Hisham, le grand-père païen de Muhammad, Abd al-Muttalib, avait presque sacrifié le père de Muhammad, Abdallah, à la Ka’aba, pour Hubal :

Une flèche montra que c'était 'Abdullah qui devait être sacrifié. 'Abdul-Muttalib emmena alors l'enfant à Al-Ka'bah avec un rasoir pour sacrifier l'enfant. Les Quraysh, ses oncles de la tribu Makhzum et son frère Abu Talib, cependant, tentèrent de le dissuader. Ils suggérèrent qu'il fasse venir une devineresse. Elle ordonna que les flèches de divination soient tirées concernant 'Abdullah ainsi que dix chameaux. … Le nombre de chameaux (finalement) s'éleva à cent. … Ils furent tous sacrifiés à la satisfaction de Hubal.[79]

Selon la tradition, la Ka’bah, le lieu le plus sacré de l'Islam, avait été un endroit où de tels sacrifices humains païens et égorgements avaient eu lieu pour Hubal. Lorsque Muhammad fonda l'Islam, selon les sources islamiques, il rejeta Hubal et tous les autres dieux païens. Lors de la bataille de Badr, son ennemi Abu Sufyan loua la haute position du dieu de la lune Hubal, en disant "Ô Hubal, sois élevé". Muhammad demanda à ses partisans de répondre : "Allah est plus élevé".[80] C'est censé être l'origine de la phrase couramment prononcée "Allahu Akbar" en arabe.

Voir aussi

Articles en anglais:

Liens externes

Références

  1. Ahmad al-Jallad (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance, pp. 3, 6
  2. Voir l’introduction du chapitre en accès libre : Ahmad Al-Jallad (2022), The Religion and Rituals of the Nomads of Pre-Islamic Arabia: A Reconstruction based on the Safaitic Inscriptions in (ed. Zhi Chen et al.), Ancient Languages and Civilizations, Volume: 1, Leiden: Brill
  3. Patricia Crone' The Religion of the Quranic Pagans: God and the Lesser Deities, Arabica 57 (2010) p. 171 ff.
  4. Voir p. 122 dans Ahmad al-Jallad (2020) Chapter 7: The Linguistic Landscape of pre-Islamic Arabia - Context for the Qur’an in Mustafa Shah (ed.), Muhammad Abdel Haleem (ed.), "The Oxford Handbook of Qur'anic Studies", Oxford: Oxford University Press
  5. Il écrit également : "En Arabie du Sud, le nom divin rḥmnn/raḥmān-ān/ ‘le Raḥmān’ se réfère à la divinité de la période monothéiste, qui a été fortement influencée par le judaïsme, voire même en est dérivée, et est donc probablement une traduction calquée de *rḥmnʾ*.
    Ahmad al-Jallad (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance, pp. 7-8
  6. Kjær, Sigrid (2022). ‘Rahman’ before Muhammad: A pre-history of the First Peace (Sulh) in Islam, Modern Asian Studies, 56(3), 776-795. doi:10.1017/S0026749X21000305
    "Il est important de souligner que, sur la base d’une datation approximative des sourates coraniques, les théonymes dans l’écriture islamique semblent avoir évolué en trois phases. Dans la phase la plus ancienne, le Coran utilise *rabb*, passe ensuite à *al-Rahman*, pour finalement aboutir à une utilisation presque exclusive de *Allah* dans les sourates plus tardives. *Rabb* signifiait simplement « Seigneur » et était utilisé pour des divinités immanentes liées à des sanctuaires. Son usage dans les premières parties du Coran correspond également à un usage monolâtre et immanentiste. En revanche, *al-Rahman* était clairement associé à Moïse dans le Coran et au rejet du culte des images, ce qui apparaît dans les versets mecquois ultérieurs. Finalement, *Allah* devient le théonyme universel, englobant à la fois *Rabb* et *al-Rahman*, au service d’un monothéisme abrahamique pleinement biblique qui prit forme à Médine."
    Dans une note de bas de page, Kjær ajoute : "La réticence initiale à utiliser le théonyme Allah pourrait avoir été due à ses origines polythéistes.", citant Böwering, Gerhard, ‘Chronology and the Qur’ān’, dans *Encyclopaedia of the Qur’ān* (Leiden : Brill, 2001), p. 329
  7. 7,0 7,1 et 7,2 See the start of Appendix 1 (p. 93) in the open access chapter: Ahmad Al-Jallad (2022), The Religion and Rituals of the Nomads of Pre-Islamic Arabia: A Reconstruction based on the Safaitic Inscriptions in (ed. Zhi Chen et al.), Ancient Languages and Civilizations, Volume: 1, Leiden: Brill
  8. See this twitter thread by leading linguist in the history of Arabic, Dr Marijn van Putten - 19 October 2021 (archive)
  9. Ahmad al-Jallad (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance, page 14
  10. 10,0 et 10,1 Ahmad al-Jallad (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance, pp. 6-7
  11. Ahmad al-Jallad (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance, page 13 ff
  12. Ahmad al-Jallad (2020) Chapter 7: The Linguistic Landscape of pre-Islamic Arabia - Context for the Qur’an in Mustafa Shah (ed.), Muhammad Abdel Haleem (ed.), "The Oxford Handbook of Qur'anic Studies", Oxford: Oxford University Press, pp. 121 ff
  13. Ahmad al-Jallad (draft) The pre-Islamic basmala: Reflections on its first epigraphic attestation and its original significance, page 8
  14. Voir de 18 à 27 minutes dans Ahmad Al-Jallad II: The History of Pre-Islamic Arabia based on Epigraphic Evidence - youtube.com - 20 mars 2023
  15. Patricia Crone' The Religion of the Quranic Pagans: God and the Lesser Deities, Arabica 57 (2010) 151-200
  16. Voir l’article de blog du Dr Ahab Bdaiwi résumant ses conclusions Arabian Monotheism before Islam: Some Notes on the Mushrikūn of the Qurʾan - 26 octobre 2021
  17. Voir aussi ce fil plus ancien Twitter.com thread par le Dr Ahab Bdaiwi - 12 août 2020 (archive) et celui-ci - 26 mai 2021 (archive)
  18. Rain-Giver, Bone-Breaker, Score-Settler: Allāh in Pre-Quranic Poetry, New Haven, Connecticut: American Oriental Society, 2019. Essay 15. Nicolai Sinai.
  19. Did the Byzantine Empire practice Christianity? Byzantine Empire Article. Home. Geography & Travel Historical Places. Britannica Questions.
  20. Judaism During the Byzantine Period. Yitzchak Schwartz. 2012. .Department of Medieval Art and The Cloisters. The Met Museum.
  21. Nestorianism. Christian sect. History & Society. Religion Religious Movements & Organizations. Britannica Entry.
  22. The Sasanian period. Mesopotamia from c. 320 BCE to c. 620 CE. Britannica Entry
  23. Fisher, G. and Wood, P. (2016) ‘Writing the History of the “Persian Arabs”: The Pre-Islamic Perspective on the “Naṣrids” of al-Ḥīrah’, Iranian Studies, 49(2), pp. 247–290. doi:10.1080/00210862.2015.1129763.
  24. Tribal Poetics in Early Arabic Culture: The Case of of Ashʿār al-Hudhaliyyīn. Nathan A Miller. 2016. pp. 62 (Chapter 1.2 (pp 43-72) covers the relationships of Arab tribes with surrounding empires and kingdoms).
  25. Muḥammad and His Followers in Context: The Religious Map of Late Antique Arabia: 209 (Islamic History and Civilization) Nov. 2023. Ilkka Lindstedt. pp. 104
  26. Ibid. pp. 102-103
  27. Ibid. pp. 107
  28. Ibid. pp. 107-108
  29. Ibid. pp. 107-108
  30. Ibid. pp. 102-103
  31. Ibid. pp. 108-109
  32. Ibid. pp. 60
  33. Ibid. pp. 322
  34. Ibid. pp. 323.
  35. Ibid. pp. 114-115
  36. Ibid. pp. 114-115
  37. Himyar Britannica Entry. People. People's of Asia. Geography & Travel. Britannica.
  38. Christian Julien Robin, "Arabia and Ethiopia," in Scott Johnson (ed.) The Oxford Handbook of Late Antiquity, Oxford University Press 2012 pp.247–333, p.279 Diversity and Rabbinization: Jewish Texts and Societies between 400 and 1000 CE. Gavin McDowell (editor) Ron Naiweld (editor) Daniel Stökl Ben Ezra (editor). 2021. See: Chapter 7. The Judaism of the Ancient Kingdom of Ḥimyar in Arabia: A Discreet Conversion. pp.165–270. Christian Julien Robin (CNRS, Membre de l’Institut).
  39. H˙imyar, Aksūm, and Arabia Deserta in Late Antiquity. The Epigraphic Evidence. Christian Julien Robin. Found in: Fisher, Greg. Arabs and Empires before Islam (p. 129-130). OUP Oxford. If one takes into account that no known inscription contemporary to this  period displays an orientation favourable to Christianity, one can conclude that  the H ˙ imyarite rulers had founded a new religion inspired from Judaism, called  ‘Rah˙mānism’ by A. F. L. Beeston, although the term ‘Judaeo-Monotheism’ is  preferable. This new religion formalized a type of belief in Judaism seen  elsewhere in the Mediterranean world, whose followers might be called ‘fearers  of God’ (metuentes and theosebeis).7 It is relevant to note that one H ˙ imyarite  inscription clearly reflects this notion, asking that ‘God, Lord of the Sky and the  Earth, grants | fear (s ˙ bs¹, probably a borrowing from Greek sebas) of His Name’  (see 3.5). 
  40. Bowersock, G.W.. The Throne of Adulis: Red Sea Wars on the Eve of Islam (Emblems of Antiquity). Oxford University Press.
  41. Aksum | ancient kingdom, Africa | Historical Places | Geography & Travel. Britannica Entry
  42. El-Badawi, Emran. Female Divinity in the Qur’an: In Conversation with the Bible and the Ancient Near East (p. 185). Springer Nature Switzerland. Kindle Edition.
  43. Robert Hoyland, "Epigraphy and the linguistic background to the Qur’an" in The Quran in Its Historical Context (2008), edited by Gabriel Said Reynolds, pp. 59-60.
  44. Ibid. pp. 60.
  45. Fisher, Greg. Arabs and Empires before Islam (p. 367). OUP Oxford. 2015. Aucun passage de la Bible hébraïque ou de la Septante n’identifie explicitement ce groupe comme des “Arabes”, et un passage du livre des Jubilés (écrit au IIe siècle av. J.-C.), qui pourrait le faire, s’est révélé peu concluant.348 Bien que deux auteurs hellénistiques tardifs identifient les Arabes comme les Ismaélites, l’identification claire entre Arabes et Ismaélites n’est apparue que plus tard, chez l’historien juif Flavius Josèphe (37–env. 100).349
  46. Cook, Michael. A History of the Muslim World: From Its Origins to the Dawn of Modernity (p. 58). Princeton University Press. 2024.
  47. Sozomen | Christian lawyer | Byzantine historian | Britannica Entry
  48. Sinai, Nicolai. Qur'an: A Historical-Critical Introduction (The New Edinburgh Islamic Surveys) (p. 105) (Kindle Edition). Edinburgh University Press. Such an allusive invocation of Biblical figures and narratives characterises the Qur’an throughout: familiarity with a broad body of Biblical and Biblically inspired lore is simply taken for granted.27 Footnote 27 (pp124): Thus, Griffith (The Bible in Arabic, p. 57) speaks of ‘the Islamic scripture’s unspoken and pervasive confidence that its audience is thoroughly familiar with the stories of the biblical patriarchs and prophets, so familiar in fact that there is no need for even the most rudimentary form of introduction’.
  49. The catalogue of punishment legends that is here presented only in a list form is the first of its kind in the Qur’an. It evokes events apparently already known to the hearers, wherein the local and Arab (ʿĀd, Thamūd, here mentioned for the first time) are brought together with the biblical (Firʿawn, likewise for the first time in this passage) without differentiation. Neuwirth, Angelika. The Qur'an: Text and Commentary, Volume 1: Early Meccan Suras: Poetic Prophecy (p. 117) (Kindle Edition). Yale University Press.
  50. Hoyland, Robert G.. Arabia and the Arabs: From the Bronze Age to the Coming of Islam (Peoples of the Ancient World) (p. 222-223). Taylor & Francis.
  51. The Qur’an frequently mentions biblical characters and episodes in a manner which suggests that the reader is clearly expected to be familiar with them. Bannister, Andrew G.. An Oral-Formulaic Study of the Qur'an (pp. 12-13) (Kindle Edition). Lexington Books. 2014.
  52. At the most general level, the Qurʾān reveals a monotheist religious movement grounded in the biblical and extra-biblical traditions of Judaism and Christianity, to which certain uniquely “Arab” traditions have been added. These traditions, however, are often related in an allusive style, which seems to presuppose knowledge of the larger narrative on the part of its audience. Shoemaker, Stephen J.. The Death of a Prophet (Divinations: Rereading Late Ancient Religion) (Kindle Locations 2691-2694). University of Pennsylvania Press, Inc.. Kindle Edition.
  53. Sinai, Nicolai. “Religious Poetry from the Quranic Milieu: Umayya b. Abī l-Ṣalt on the Fate of the Thamūd.” Bulletin of the School of Oriental and African Studies 74, no. 3 (2011): 397–416. https://doi.org/10.1017/S0041977X11000309.
  54. At the most general level, the Qurʾān reveals a monotheist religious movement grounded in the biblical and extra-biblical traditions of Judaism and Christianity, to which certain uniquely “Arab” traditions have been added. These traditions, however, are often related in an allusive style, which seems to presuppose knowledge of the larger narrative on the part of its audience. Shoemaker, Stephen J.. The Death of a Prophet (Divinations: Rereading Late Ancient Religion) (Kindle Locations 2691-2694). University of Pennsylvania Press, Inc.. Kindle Edition.
  55. Sinai, Nicolai. “Religious Poetry from the Quranic Milieu: Umayya b. Abī l-Ṣalt on the Fate of the Thamūd.” Bulletin of the School of Oriental and African Studies 74, no. 3 (2011): 397–416. https://doi.org/10.1017/S0041977X11000309.
  56. Joseph Witztum, The Foundations of the House (Q 2: 127), Bulletin of the School of Oriental and African Studies, University of London, vol. 72, no. 1, 2009, pp. 25–40 ]
    Dans le Livre des Jubilés (IIe siècle AEC), un autel construit par Abraham à Hébron est mentionné. La maison d’Abraham est aussi évoquée à plusieurs reprises, mais uniquement comme son foyer ou sa maisonnée, et non comme sanctuaire).
  57. Gabriel Said Reynolds, The Qur'an and the Bible: Text and Commentary, New Haven and London: Yale University Press, 2018, pp. 69-70
  58. Sean Anthony (2018) Why Does the Qur'an Need the Meccan Sanctuary? Response to Professor Gerald Hawting's 2017 Presidential Address, Journal of the International Qur'anic Studies Association, Vol. 3 pp. 25-41
  59. Cette thèse a été défendue de manière décisive par Crone dans son ouvrage de 1987, Meccan Trade and the Rise of Islam, puis renforcée dans son article de 1992 Serjeant and Meccan Trade et son article de 2007 Quraysh and the Roman Army: Making Sense of the Meccan Leather Trade
  60. See the conclusion in Ian D. Morris (2018) Mecca and Macoraba in: al-Usur al-wusta vol. 26 (2018)
  61. Webb, Peter. "The Hajj Before Muhammad: The Early Evidence in Poetry and Hadith" Millennium, vol. 20, no. 1, 2023, pp. 33-63.  https://doi.org/10.1515/mill-2023-0004. pp. 37 - 38
  62. Ibid. pp. 47
  63. Ibid. pp. 45
  64. Voir ce fil Twitter par Dr Ahab Bdawi - 13 mars 2021
  65. Le Livre des Idoles, p 14 ; (traduction de Kitab Al-Asnam) par Hisham Ibn-Al-Kalbi, 819 CE, traduit par Nabih Amin Faris, 1952
  66. Adam Bursi (2022) Vous n'avez pas été commandé à la caresser, mais à prier près d'elle, débattant du toucher dans le pèlerinage islamique précoce, The Senses and Society, 17:1, 8-21, DOI: 10.1080/17458927.2021.2020604
  67. Narration de `Abis bin Rabi`a : `Umar s'approcha de la Pierre Noire et la embrassa et dit "Il ne fait aucun doute que je sais que tu es une pierre et que tu ne peux ni bénéficier à personne ni nuire à qui que ce soit. Si je n'avais pas vu le Messager d'Allah (ﷺ) t'embrasser, je ne t'aurais pas embrassée."
  68. Ibn Ishaq; Ibn Hisham, A. Guillaume, ed, Modèle:Citation/make link, Karachi: Oxford UP, p. 86, Modèle:Citation/identifier, 1955, https://archive.org/details/GuillaumeATheLifeOfMuhammad/page/n65/mode/2up 
  69. L'Encyclopédie de l'Islam (éditée par Eliade) P. 303FF
  70. Bowker, John, The Oxford Dictionary of World Religions, New York, Oxford University Press, 1997, pp. 763-764
  71. Joseph H. Peterson - [[[:Modèle:Reference archive]] GAHS (prières pour chaque période de la journée)] - Avesta Zoroastrian Archives, consulté le 27 mai 2011
  72. Tafsir Ibn Kathir sur verset 9:36. Ibn Kathir (d. 1373)
  73. Talmon-Heller, Daniella. “Introduction.” Sacred Place and Sacred Time in the Medieval Islamic Middle East: A Historical Perspective, Edinburgh University Press, 2020, pp. 127–33. (pp. 29) JSTOR, http://www.jstor.org/stable/10.3366/j.ctv10kmddp.22. Consulté le 1er septembre 2024.
  74. Voir ce fil Twitter par Dr Ahab Bdaiwi - 8 août 2022
  75. Stewart, Devin J. "The Mysterious Letters and Other Formal Features of the Qur’ān in Light of Greek and Babylonian Oracular Texts." Found in: Reynolds, Gabriel. New Perspectives on the Qur'an: The Qur'an in its Historical Context 2 (Routledge Studies in the Qur'an) Taylor & Francis. 2012. pp. 323-48.
  76. Ibid. pp. 339.
  77. Walter Young, Lapidation et amputation de la main : les origines préislamiques des peines de ḥadd pour zinā et sariqa, thèse de doctorat, 2005, Université McGill, Montréal
  78. Commentaires de Patricia Crone dans The Qur’an Seminar Commentary: A Collaborative Study of 50 Qur’anic Passages De Gruyter, 2017, pp. 305-312
  79. Ibn Hisham 1/151-155; Rahmat-ul-lil'alameen 2/89,90
  80. "...Après cela, il commença à réciter joyeusement, "Ô Hubal, sois élevé ! (1) Là-dessus, le Prophète dit (à ses compagnons), "Pourquoi ne lui répondez-vous pas ?" Ils dirent, "Ô Messager d'Allah, que devons-nous dire ?" Il dit, "Dites, Allah est Plus Élevé et plus Sublime."..." - (Sahih Bukhari 4:52:276)

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